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Guillaume Peltier, figure nouvelle d’une UMP déchirée

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Présent sur de nombreux plateaux de télévisions ou à la radio, Guillaume Peltier est une figure désormais incontournable de l’UMP. Cependant force est de constater que sa personnalité et ses prises de position ne font pas l’unanimité au sein de son parti : apôtre de la droitisation, éminence grise de Nicolas Sarkozy pendant la dernière campagne présidentielle, de nombreux cadres de l’UMP lui reprochent son passé politique et des idées bien trop radicales. Mais quelle orientation souhaite-t-il pour sa famille politique ?

Un passé à l’extrême droite

Né le 27 août 1976 à Paris, d’un père artisan plombier et d’une mère laborantine, Guillaume Peltier a passé son enfance en banlieue parisienne dans une cité HLM de la porte de Vanves. Après hypokhâgne au lycée Blomet (École normale catholique), khâgne au lycée Lakanal à Sceaux (1995 et 1996), et une maîtrise d’histoire à la Sorbonne, il devient professeur d’histoire-géographie en septembre 1999. Ces études ont été marquées très tôt par un engagement politique : il adhère en 1996 au Front national de la jeunesse (FNJ) et, en 1997, il fonde avec Nicolas Bay, l’association Jeunesse Action Chrétienté.

« C’était une sorte de crise d’adolescence politique. J’ai été frappé par le discours de Jean-Marie Le Pen sur la France, avant de me rendre compte que les solutions qu’il proposait étaient une impasse », explique-t-il aujourd’hui.

Mais en 1998, après la scission entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, Guillaume Peltier prend parti pour le second et quitte le FN. Il rentre dans la direction du MNJ, l’organisation de la jeunesse du parti mégrétiste et se présente, aux municipales en 2000, à Épernay, sur la liste divers droite conduite par Franck Leroy.

Sept ans aux côtés de Philippe de Villiers

En 2001, il rencontre Philippe de Villiers et rejoint le Mouvement pour la France. Très vite il occupe la deuxième place du parti avant de devenir, en 2005, le porte-parole du leader du MPF pour sa campagne présidentielle. A cette époque, Guillaume Peltier est très critique à l’égard de la politique de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qu’il qualifie d’imposteur. Se déclarant républicain, laïc et anticlérical, il affirme se battre « contre toutes les formes de communautarisme » et se sentir « plus proche des déclarations d’un Manuel Valls que des projets d’un Nicolas Sarkozy en la matière », lit-on dans Libération.

Ces années-là, il ne les regrette pas : « On a été les premiers à parler de la burqa en 2006, des minarets, de la polygamie », expliquait-il au Monde en novembre 2012. Mais c’est aussi aux côtés de Philippe de Villiers que Guillaume Peltier fera campagne contre le traité européen en 2005. Cette question et la position de l’UMP ne semblent plus trop lui poser problème aujourd’hui : « Sa force, c’est de réconcilier la France du oui et du non aux réformes de 2005. Nicolas Sarkozy a dit oui à la France du non », expliquait-il  en 2012 au Figaro.

Monsieur sondage de l’UMP

Selon le quotidien du soir, en 2006, Guillaume Peltier aurait croisé Brice Hortefeux, dans une émission de Serge Moati, qui lui aurait dit : « Tu es un bon client pour les médias. Rejoins-nous à l’UMP, tu y seras mieux. » C’est ce qu’il fera en 2009. Et là, son ascension va être assez fulgurante, aidée en grande partie par Patrick Buisson, ancien directeur de la rédaction de Minute qui a milité à l’extrême droite avant de devenir conseiller de Nicolas Sarkozy.

À partir de septembre 2011, il fait partie de la cellule Ripostes réunie autour de Brice Hortefeux pour défendre le bilan de Nicolas Sarkozy dans les médias dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Car depuis 2008, il dirige sa propre PME de communication politique, institutionnelle et d’entreprise baptisée Com1+ et dont les bureaux sont situés à Tours. Cette société publie La Lettre de l’opinion, un magazine numérique bimensuel de décryptage des enquêtes d’opinion.

C’est donc tout naturellement que le 11 janvier 2012, il est nommé secrétaire national de l’UMP chargé des études d’opinion et des sondages. « Sa force est que, même quand ça va très mal, il va toujours trouver une enquête réconfortante. Il est positif. Quelqu’un qui rencontre Peltier en ressort toujours de bonne humeur », analyse Brice Hortefeux, dans le Monde. « Il va voir les députés. Ceux qui pensaient perdre en repartent convaincus qu’ils peuvent gagner. »

Personnalité qui dérange à l’UMP

En juillet 2012, il lance le mouvement « La Droite forte » avec le conseiller régional d’Île-de-France Geoffroy Didier, motion qui arrive largement en tête (28 %) du vote des adhérents du parti en novembre. Mais s’il plaît aux électeurs UMP, ce jeune père de famille de quatre enfants ne fait pas l’unanimité chez de nombreux cadres du parti qui considèrent que c’est la droitisation qui a conduit à l’échec de Nicolas Sarkozy en 2012.

Dans un entretien publié en mai dernierpar L’Express, François Baroin n’hésite pas à évoquer une « querelle doctrinale profonde » : « Pourquoi la taire ? » s’interroge-t-il. « Il existe actuellement une vraie ligne de fracture entre ceux qui veulent déplacer le centre de gravité vers la droite et ceux qui, comme Alain Juppé, François Fillon, moi-même et bien d’autres, naturellement, souhaitent conserver l’esprit du pacte des fondateurs » du parti en 2002, explique-t-il.

Et de préciser à l’égard du protégé de Partick Buisson : « Je ne respecte que ceux qui sont investis du suffrage universel pour porter la parole de l’UMP. Lui l’a combattue quand il était à l’extrême droite ou avec Philippe de Villiers. Je trouve d’ailleurs qu’il y a beaucoup de gens à l’UMP, rémunérés, battus ou non représentatifs, qui parlent sans légitimité. La politique, ce n’est pas la télé-réalité. » Plus qu’une critique, un profond divorce. Entre Baroin et Peltier, la ligne de l’UMP aura tôt fait de se préciser…

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