Condamné à vingt ans d’interdiction de tournage, le réalisateur Jafar Panahi a de nouveau contourné la restriction du régime iranien. Assigné à résidence, le cinéaste a présenté via Skype son dernier long-métrage Pardé, mercredi 3 juillet au Festival International de films de Karlovy Vary en République tchèque.
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Interdiction de tourner
Réalisateur emblématique de la Nouvelle Vague iranienne, Jafar Panahi a plus d’un tour dans son sac pour contourner la censure. Interdit de quitter le territoire iranien et de tourner des films pendant vingt ans, le cinéaste a présenté son dernier film Pardé (« Rideaux tirés ») via le logiciel Skype, lors du festival de Karlovy Vary en République Tchèque.
Accusé de « propagande » contre la République islamique en 2010, Jafar Panahi tourne depuis ses films dans le plus grand secret. C’est le cas de Ceci n’est pas un film qu’il a réalisé en 2011 avec Mojtaba Mirtahmasb. Tourné en numérique, il y raconte sa vie en tant que réalisateur assigné à résidence. Le film a été présenté hors compétition au festival de Cannes en 2011, et a pu arrivé jusqu’en France grâce à une clé USB cachée dans un gâteau d’anniversaire… Ses films, qui abordent souvent les thèmes de la liberté d’expression, le droit des femmes et les inégalités sociales, se vendent au marché noir sous forme de DVD.
Un huis clos tourné clandestinement
Deux ans plus tard, Jafar Panahi défie à nouveau le régime iranien et co-réalise clandestinement, avec Kambuzia Partovi, Pardé (« Rideaux tirés »): un huis clos qui s’inspire de l’histoire du cinéaste. Sélectionné à la Berlinale 2013, le film reçoit l’Ours d’argent du meilleur scénario.
« Un monde de mélancolie absolue »
En direct de sa résidence surveillée, le cinéaste s’est adressé, via Skype, aux organisateurs du festival de Karlovy Vary, mercredi 3 juillet, pour les remercier de l’avoir présenté lors d’une rétrospective de ses films en 2001 : « C’est très douloureux pour moi de ne plus faire partie de la société, parce que mes films parlent de la société… A présent, je vis dans un monde de mélancolie absolue », a-t-il déclaré.