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Leadership, finances, positionnement politique: où va l’UMP?

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C’est une crise particulièrement que traverse l’UMP en cette fin d’année scolaire. Compte de campagne de Nicolas Sarkozy refusés par le Conseil constitutionnel, querelles des chefs et des egos, pas de ligne politique clairement définie ni de message clair face à la montée du Front national, depuis la défaite de son candidat, le plus grand parti de France semble déboussolé, incapable de se relever et d’incarner une véritable opposition au gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

« Ce n’est pas le moment de ma rentrée politique »

Et c’est en ces temps de crise que Nicolas Sarkozy a choisi de revenir sur le devant de la scène en participant, ce lundi 8 juillet, à une réunion extraordinaire du bureau politique du parti après l’invalidation de son compte de campagne.  « Ce n’est pas le moment de ma rentrée politique, parce que le jour où je voudrai, je vous préviendrai », a affirmé l’ancien président, selon des participants à cette réunion. « Vous pourrez compter sur moi à chaque fois qu’il y en aura besoin », a-t-il également affirmé. « Mais il y a quelque chose d’indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle alors que les Français souffrent », a-t-il ajouté.

Le président du parti, Jean-François Copé, souhaitait dès le lendemain recentrer le débat sur les prochaines échéances électorales. « Aujourd’hui, personne n’imagine que nous sommes en 2017 », soulignait-il sur Europe 1, assurant n’avoir « qu’une mission » en tant que patron de l’UMP : « Dire aux Français qu’il y a un chemin alternatif et que ce chemin commence par les élections de 2014, c’est-à-dire les municipales ». Jean-François Copé préfère penser que Nicolas Sarkozy ne souhaitait pas revenir mais force est de constater que les militants n’attendent que lui.

Nicolas Sarkozy attendu « comme le Messie » au parti

67 % des sympathisants de l’UMP souhaitent que Nicolas Sarkozy soit le candidat de ce parti à l’élection présidentielle de 2017, très loin devant François Fillon, mentionné par 13 % des personnes interrogées, selon un sondage CSA pour le site internet Atlantico publié le 5 juillet. L’ancien président de la République est le « chouchou » des sympathisants de droite, celui qui serait plus à même d’incarner une véritable opposition à la politique menée par François Hollande.

Pour Patrick Balkany, ami de l’ancien président, il a été « génial, sans langue de bois » : « Il a parlé de la France, il a parlé des Français. Il manque à la famille, mais sa famille lui manque peut-être aussi ». Et si c’était vrai ? Guillaume Pelletier, coprésident de La droite forte, l’a « senti passionné par la France comme jamais », et la trésorière du parti, Catherine Vautrin, l’a jugé « excellent, fidèle à lui-même, fidèle aux engagements qui sont les siens ». «Ce qui m’a marqué », a-t-elle ajouté, « c’est son attachement aux Françaises et aux Français». Un enthousiasme  que Jean-François Copé et François Fillon n’ont jamais su provoquer…

Véritable déficit de leadership et ligne politique claire

Le principal problème de l’UMP, depuis la désastreuse élection à la présidence du parti, c’est qu’il lui manque un chef. Selon le sondage CSA, cité plus haut, Alain Juppé recueille les faveurs de seulement 8% des personnes interrogées,  Jean-François Copé 3 %, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire 2 % chacun. Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse recueillent chacun 1 % d’avis favorables. Le constat est donc simple : tant que Nicolas Sarkozy ne déclare pas renoncer définitivement à la vie politique, les sympathisants UMP continueront à attendre son retour.

Mais l’UMP souffre aussi d’un manque de clarté vis-à-vis de la montée du Front national. Certes les élus qui acceptent de faire des alliances avec le parti d’extrême-droite sont écartés mais sur le fond, sur les idées, mis à part sur l’Europe, il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui différencie vraiment les deux familles politiques. « Quand on tape, c’est uniquement sur le PS. Il faut se poser des questions sur notre stratégie par rapport au FN », a souligné le vice-président du parti, Laurent Wauquiez. « Il faut mettre en place un groupe de travail » pour analyser ce « vote protéiforme » en faveur du parti frontiste, a-t-il préconisé. Cela semble en effet indispensable.

Situation financière historiquement critique

Dernière soucis d’importance pour l’UMP : sa situation financière. Selon des révélations de Rue89, Jean-François Copé a signé un document qui autorise les banques à devenir propriétaires du siège du parti, rue de Vaugirard, si l’UMP ne rembourse pas ses 55 millions d’emprunts d’ici le 1er mars 2017. Les quatre banques concernées sont la Société générale : 24 millions d’euros, BNP Paribas : 15 millions, BRED Banque populaire : 11 millions et le Crédit coopératif : 5 millions.

« Notre dotation va passer de 30,5 millions d’euros (en 2012) à 20,5 millions d’euros (en y intégrant la pénalité pour non-respect de la parité aux législatives) en 2013. On va perdre en réalité un peu moins de 10 millions d’euros », expliquait en juillet le trésorier de l’époque Dominique Dord. « J’ai à maintes reprises tiré la sonnette d’alarme sur le fait que le déficit de trésorerie atteindra plus de 50 millions d’euros en juin » 2013, indiquait-il après avoir démissionné.

Aujourd’hui avec rejet du compte de campagne de son candidat, l’UMP se voit privée de quelque 11 millions d’euros d’aide publique (10,692 millions d’euros exactement, soit 47,5% du plafond des dépenses autorisées au second tour) au titre des remboursements des sommes engagées. Y survivra-t-elle ? 

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