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Les candidats à la présidentielle s’aventurent au Nord-Mali

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Alors qu’ils avaient tous choisi d’entamer leur campagne électorale dans le sud malien, les candidats à la présidentielle du 28 juillet prochain s’aventurent finalement au nord du pays, à quelques jours du scrutin.

Premier candidat au Nord-Mali

Dans cette zone dévastée par la guerre, où l’administration de Bamako peine à revenir et où une large part de la population est encore réfugiée dans les pays voisins ou ailleurs dans le pays, les candidats tentent de témoigner de leur volonté d’accélérer la réconciliation nationale entre les deux régions qui constituent le territoire malien.

C’est ainsi que le candidat Soumaila Cissé a été le premier à franchir le fleuve Niger pour aller à la rencontre des habitants de Gao.

Lundi 15 juillet, cet ancien ministre a réuni de nombreux sympathisants place de l’Indépendance. Un emplacement qui n’a sans doute pas été choisi au hasard puisque durant l’occupation islamiste de ces derniers mois, cette place a été notamment utilisée par les groupes djihadistes pour couper les mains et les pieds de leurs condamnés.

Au cours de son meeting, le candidat Cissé a tenté de convaincre les Maliens du nord de sa volonté de servir le Mali.

Le candidat de la lutte contre les discriminations

Quelques jours plus tôt, ce dernier avait entamé sa campagne à Mopti, à 600 km de Bamako. Cet ancien ministre des Finances, qui a déjà vécu une campagne présidentielle en 2002 se présente aujourd’hui au nom de l’Union pour la république et la démocratie (URD).

Comme ses adversaires, Soumaïla Cissé a axé son premier discours de campagne autour du développement et de la réconciliation nationale. Il s’est alors fait l’apôtre du plein emploi et de la lutte contre les discriminations.

« Nous devons nécessairement opérer de véritables innovations si nous voulons bâtir le Mali nouveau », avait-t-il déclaré.

« Je prends donc, ici à Mopti, devant toute la nation, l’engagement solennel du lancement du Pacte vers l’émergence », lançait encore Soumaïla Cissé. « Je veux mener cette grande bataille pour l’émergence du Mali par la modernisation de l’école, de l’économie, de l’agriculture et des institutions pour donner une chance égale à toutes et à tous ».

IBK se rend à Kidal

Un autre grand favori du scrutin a également entamé une tournée électorale au nord du pays. Il s’agit d’Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK ». Ce dernier s’est rendu à Kidal, capitale historique de l’Azawad, territoire des Touaregs du Nord-Mali.

Une visite de quelques heures, forte en symbole. En effet, ce jour-là, lundi 15 juillet, le gouverneur de Kidal a également fait son retour dans cette ville longtemps aux mains des islamistes ou des Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad et dans laquelle l’administration générale de Bamako n’avait plus droit de cité.

Depuis les accords signés entre les autorités nationales et les mouvements touaregs le 18 juin dernier à Ouagadougou, un cessez-le-feu a été mis en place, le déploiement progressif de l’armée malienne est en cours et les combattants touaregs seront, au fur et à mesure, cantonnés dans des sites de regroupement.

IBK veut des assises nationales du Nord-Mali

Comme son adversaire Soumaïla Cissé, IBK a fait de la réconciliation nationale un engagement de campagne.

Lors de son premier meeting, organisé dans le stade de Bamako le 7 juillet dernier, Ibrahim Boubacar Keita a promis qu’il convoquerait des Assises nationales du Nord, et ce avant la fin de l’année.

« Cette plateforme réunira toutes les composantes communautaires du Nord-Mali : les forces politiques, les chefs traditionnels, les représentants de l’administration locale et centrale, des experts et des représentants de la société civile », a-t-il déclaré devant la foule de ces partisans.

Au-delà de la réconciliation nationale, cette campagne présidentielle sera bien entendu axée autour de la sécurité. « Désormais, aucun groupe terroriste ou criminel ne franchira la frontière du Mali sans trouver devant lui les forces armées maliennes en position de combat. La conséquence sera une hausse très importante des moyens alloués au budget de la Défense », a encore annoncé Ibrahim Boubacar Keita.

Pas de réconciliation nationale en vue

Ces deux déplacements au Nord-Mali sont là pour prouver la bonne foi et la bonne volonté des deux candidats dans cette campagne. Pourtant, les observateurs de cette campagne électorale et de ce scrutin présidentiel restent sceptiques. Le Mali est-il vraiment prêt à se réconcilier ? Le président bientôt élu aura-t-il vraiment la volonté d’engager le dialogue nécessaire à l’unité du Mali ?

« Ce serait étonnant », répond simplement Francis Simonis, membre de l’équipe du Centre d’études des mondes africains. Tous les candidats « sont de vieux routiers de la politique », explique-t-il encore.

« Ces hommes sont les mêmes qu’il y a vingt ans et ils ont tous été membres des gouvernements qui se sont succédé depuis 1992. La réconciliation nationale n’est pas à attendre de cette élection présidentielle et rien ne changera dans l’immédiat au nord du pays ».

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