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Les séropositifs en 2013: plus âgés, mieux traités, moins précautionneux

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Un long chemin reste à parcourir pour stopper l’épidémie du sida. Si le virus du VIH parvient à être freiné, les comportements de certains malades mettent en danger son contrôle. L’enquête Vespa 2, menée par les chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), sous l’égide de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida), s’est déroulée d’avril 2011 à janvier 2012, sur un panel de 3600 séropositifs traités dans les hôpitaux des DOM et de métropole. Une vaste étude qui a permis d’identifier leurs conduites. Les résultats sont parus ce matin, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l’occasion de dresser les évolutions depuis le premier rapport paru en 2003, selon la même méthodologie.

Près de 30 000 malades qui s’ignorent

« Parmi les personnes nouvellement diagnostiquées depuis 2003, 36,4% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, 39,7% des immigrés d’Afrique subsaharienne, 2,4% des usagers de drogues et 21,5% d’autres hommes et femmes hétérosexuels », rapporte d’emblée l’étude. L’un des principaux vecteurs de l’expansion du virus est le fait que des dizaines de milliers d’individus ne se savent pas séropositifs.

Alors que ces personnes ne représentent que 19% des 150 000 atteints du sida, ces cas pourraient devenir « un levier de santé publique important », souligne le Dr Rosemary Dray-Spira, épidémiologiste à l’Inserm, « car on estime qu’elle est à l’origine d’une part importante -entre 43 et 64 %- des nouvelles contaminations en France. » La spécialiste indique, que du fait de « leurs comportements et de leur charge virale importante, elles exposent leurs partenaires sexuels à un risque élevé de contamination. » Si de nombreux cas ne sont ainsi pas détectés, le nombre de personnes porteuses du virus bénéficiant d’un traitement a, lui, et c’est une bonne nouvelle, augmenté, passant de 83,2 % à 93,3 % entre 2003 et 2011.

Des personnes atteintes pas toujours précautionneuses

L’autre moteur qui explique que la pandémie ne s’endigue pas et continue de faire près de 6000 nouveaux cas par an, est l’absence de précautions prises par les atteints du virus. On peut ainsi constater dans le rapport qu’ « au sein des couples sérodiscordants (un partenaire séropositif, l’autre séronégatif), l’utilisation non systématique du préservatif lors de la pénétration est plus fréquente chez les femmes (39,1 %), puis chez les hommes (21,2 %) et enfin chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (20,7 %). »

Le comportement préventif est inquiétant pour les autorités, comme le montre cette autre donnée : « 8,2% des PVVIH ont déclaré au moins une pénétration non protégée dans les 12 derniers mois tout en étant à risque élevé de transmission. » Si, « en 2011, 71% des PVVIH (personnes vivant avec le VIH) se déclarent sexuellement actives : 62,5% ont un partenaire principal, 32,5% au moins un partenaire occasionnel (au cours des 12 derniers mois) », l’activité sexuelle a baissé de sept points par rapport à 2003. Concernant l’aveu de sa séropositivité, c’est toujours une étape difficile, que bon nombre d’infectés cachent : « 14% des PVVIH qui étaient déjà séropositives au début de la relation actuellement en cours ne l’ont jamais annoncé à leur partenaire principal (contre 5% chez celles qui ont appris leur séropositivité quand elles étaient déjà en couple), et 69% n’en ont pas informé leur dernier partenaire occasionnel ».

Des difficultés à répondre à leurs besoins

La situation socioéconomique des séropositifs est une autre donnée étudiée durant la période. On constate ainsi que la population atteinte vieillit : « L’âge médian est passé de 41 à 48 ans entre 2003 et 2011 », tandis que l’activité professionnelle est en hausse, tout en restant sous la moyenne nationale : « 58,5% travaillent, 13,0% sont en recherche active d’emploi, 19,4% en invalidité. Le taux d’activité (personnes occupées ou en recherche d’emploi) gagne 5 points entre 2003 et 2011, tandis que l’invalidité perd près de 2 points. »

Le constat est plus délicat lorsqu’est abordé le sujet de l’aisance financière : « la capacité pour les ménages à faire face à leurs besoins est plus défavorable en 2011 qu’en 2003, avec une augmentation des personnes déclarant faire face difficilement à leurs besoins ou devoir s’endetter pour y parvenir (de 28,7% à 31,5%), et une baisse de plus de 5 points des personnes se déclarant à l’aise ou très à l’aise (de 41,7% à 36,5%). Les privations alimentaires par manque d’argent sont rapportées en 2011 comme en 2003 par 1 personne sur 5. En outre, 8% des répondants rapportent utiliser les aides alimentaires caritatives»

Si les progrès médicaux continuent de profiter aux patients, leur insertion sociale est plus difficile compte tenu du poids de la maladie à supporter. Une contamination qui pourrait diminuer si certains malades respectaient les précautions préconisées. Concernant les nombreux cas d’infections non connus, il est toujours préférable de répéter que de nombreux centres de dépistage sont à disposition.

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