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Les syndicats, invités officiels du Tour de France

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Dans La caravane du tour de France, Yves Arnal livre de très nombreuses anecdotes liées à son métier : les pannes les plus imprévues, les véhicules les plus surprenants comme le satellite Astra, piloté à l’aide d’une caméra parce que le conducteur n’a aucune visibilité, les gadgets les plus fous, les opérations marketing les plus inattendues pendant la course et le soir après l’étape. L’auteur avait plus de 400 invités certaines années à gérer dans chaque étape !

Extraits de La caravane du tour de France, d’Yves Arnal (Jacob Duvernet)

La notoriété est venue petit à petit, avec notamment le groupe Henkel et le dentifrice Tera-Xyl en 1981, ensuite avec le patronage du Maillot blanc avec la lessive X-Tra puis avec Supercroix. Parvenir à vendre le maillot blanc à un les avait été un petit exploit, le patron du Tour de l’époque, Félix Lévitan lui-même, n’y étant pas parvenu.

Ce fut une véritable… étape, et les années qui suivirent furent riches en nouveaux clients, tous plus divers les uns que les autres. De la barre de céréales Jump fabriquée par la Biscuiterie Nantaise, en passant par Ambre Solaire du groupe L’Oréal, (dont le véhicule représentait une plage parsemée de coquillages d’où jaillissait du sable d’un flacon), à Poulain, le chocolat des enfants qui sponsorisait les cadets volontaires au départ des vingt premiers kilomètres de chaque étape, avec la présence de Raymond Poulidor, et bien d’autres sponsors encore, dont la Maison du Café et le Crédit Lyonnais, la liste des clients grossissait. Notre travail acharné portait ses fruits.

En 1998, la société Minute Maid, appartenant au groupe Coca Cola, spécialisée dans les boissons sucrées, nous avait commandé 4 voitures. On y voyait une immense canette de jus de fruit remplir un grand verre bien frais surmonté d’une paille : cela donnait envie de se rafraîchir! Elle avait été conçue par les Ateliers du Spectacle, installés à Aubervilliers, dirigés par Christian Narcy, spécialiste de la réalisation de décors, d’accessoires et d’effets spéciaux pour l’événementiel.

[image:2,s]Nous avons également réalisé des véhicules pour le syndicat FO, avec des «unes» du journal FO Hebdo qui tournaient sur le toit des deux voitures créées en 1999 (et jusqu’en 2003). Nous avions imaginé ce message très visuel, mais rotatif, parce que Marc Blondel, secrétaire général de la centrale syndicale que nous avions rencontré, souhaitait une «caravane qui bouge». C’étaient des gens sympa, FO fournissait ses propres chauffeurs, et notre collaboration était très bon enfant.

La présence des syndicats sur le tour, c’est de l’histoire ancienne. «Depuis 1947, nous sommes invités officiellement», raconte Dominique Piron, le chef caravane de la CGT à la journaliste Sylvie Marchal dans un article paru dans Le Parisien en 2011. «Notre journal La Nouvelle Vie Ouvrière a eu un rôle important à la Libération, c’est pourquoi les organisateurs ont décidé de l’inviter», poursuit-il dans le même papier. Sur la caravane, les syndicats ne payent pas à la différence d’un grand nombre d’acteurs !

Dans les années 90, FO avait modernisé l’apparition des syndicats sur le Tour, avec des bonshommes figés, perchés sur les voitures et munis d’un haut-parleur qui transmettait leur message, «FO, la force de l’indépendance».

Désormais considérés comme des institutions et non des partis politiques, les syndicats prirent la roue de FO: très vite la CFTC (on se souvient des véhicules dénonçant «l’ascenseur social en panne») et bien sûr la CGT, complétèrent le cortège des exigences sociales! Avec les principaux syndicats présents dans la caravane, le Tour se protégeait des éventuelles manifestations qui contrariaient quelquefois le déroulement des étapes !

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Yves Arnal a été le précurseur en matière de look, il fut à l’origine des gros contrats publicitaires qui permirent la création du maillot blanc, porté par le meilleur jeune coureur du Tour, et patronné par une lessive, ou de multiples classements secondaires comme le prix de l’amabilité, de l’équipier N°1 ou le ruban bleu récompensant le coureur le plus rapide.

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