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Majorité: les députés socialistes abordent les vacances divisés

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Dimanche 7 juillet, l’aile gauche du Parti socialiste plaidait dans une lettre, à l’ensemble des parlementaires socialistes et des membres du bureau national de la rue de Solférino, pour un report de la réforme des retraites. Une réforme qui ne serait « ni urgente ni opportune » et que « rien ne justifie socialement, économiquement et financièrement. » A l’initiative de cette lettre, le courant « Maintenant la gauche », animé par le vice-président de la région Ile-de-France Emmanuel Maurel, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et le député Jérôme Guedj.

Un gauche qui ne se reconnaît plus dans la politique du gouvernement

« Les retraités et les salariés de notre pays n’ont pas à payer une deuxième fois le prix de la crise économique », prévient le mouvement en mettant en garde contre de nouvelles « mesures d’austérité » qui « risquent d’aggraver les difficultés économiques au plus mauvais moment ». Les députés signataire de la lettre considèrent par ailleurs que le déficit prévu de 20 milliards d’euros en 2020 pour le système des retraites s’explique « essentiellement du fait de la rechute de l’activité et de l’emploi. »

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) dans son rapport de réactualisation des perspectives financières des régimes expliquait en effet en décembre qui si aucun correctif n’était apporté au système des retraites, « le besoin de financement se creuserait, passant de 14 milliards d’euros en 2011 à 18,8 en 2017 ». Mais selon l’aile gauche du PS, « cette situation ne justifie en aucun cas de modifier à nouveau les règles actuelles des retraites dans un sens défavorable, à peine 3 ans après la dernière réforme vivement combattue par la gauche aux côtés de la grande majorité des syndicats et des salariés ».

« Maintenant la gauche », gauche démissionnaire ?

Pour Christophe Caresche, réformiste et social-démocrate du parti, « cette initiative semble parfaitement illustrative de ce qui, au fond, constitue l’impensé de ce courant politique ; le refus de la réforme, le refus d’affronter la réalité et, en définitive, le refus d’assumer la responsabilité du pouvoir. »

Et d’ajouter sans ambages : « Ne rien faire, ne rien bouger, ne surtout pas créer l’anxiété ; tel est l’unique horizon qu’un Parti ayant la charge du pouvoir proposerait à ses concitoyens ! Pour cette gauche démissionnaire, l’immobilisme et le conservatisme seraient les seules options possibles, en attendant le retour hypothétique de la croissance qui réglerait, comme par enchantement, tous les problèmes. La majorité n’a pas le droit de manquer le rendez-vous de la réforme des retraites. S’y soustraire serait un renoncement qui lui coûterait cher ! »

« Cette réforme, si elle est juste, ne peut être remise à plus tard », a estimé quant à lui le porte-parole du PS David Assouline, qui espère que ce sujet sensible « ne divisera pas la majorité ». Malheureusement pour lui, la réforme des retraites n’est pas l’unique objet de désaccord au sein de la majorité.

L’aile gauche du PS plaide pour une réforme fiscale

Les quatre courants de gauche du PS – « La Gauche durable », « La Gauche populaire », « Maintenant la gauche » et « Un Monde d’avance » -, ainsi que le député écologiste François de Rugy lançait le 2 juillet dernier un appel pour réclamer une réforme fiscale afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français alors que le gouvernement prépare pour 2014 un budget d’une rigueur renforcée. « Il est possible de démontrer que la gauche n’est pas synonyme de ‘matraquage fiscal’ et que l’impôt peut aussi être un authentique outil de redistribution », déclarent-ils.

Aussi proposent-ils de rendre la CSG (Contribution sociale généralisée) progressive en abaissant son taux pour les bas et moyens revenus, cette baisse étant financée par des hausses correspondantes sur les hauts revenus. Les signataires de l’appel recommandent également de modérer les hausses de TVA et de fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG en un « grand impôt sur le revenu à la fois progressif, individualisé et prélevé à la source ».

Départ de Delphine Batho et fiscalité écologique

Les quatre courants de gauche du PS terminent leur appel sur un point crucial : la fiscalité écologique. « Nous proposons donc que dès le budget 2014 soient intégrés dans l’architecture fiscale un premier signal vers la convergence essence/diesel, les bases d’une contribution climat-énergie (qui doit aussi toucher les importations) et que soit programmée la suppression rapide des niches fiscales défavorables à l’environnement », lancent-ils. Un appel d’autant moins anodin que c’est pour avoir défendu cette fiscalité que l’ancienne ministre de l’Ecologie Delphine Batho s’est fait limogée.

L’enjeu est d’autant plus important que le gouvernement ne peut désormais plus se passer de l’appui des 17 députés écologistes pour faire passer ses réformes. Devant les députés, lors des questions d’actualité à l’Assemblée, le 4 juillet, Jean-Marc Ayrault a donc voulu montrer que le gouvernement s’engagait sur la transition énergétique : « La transition écologique, c’est un nouveau modèle de développement que nous devons construire. Loin d’être une contrainte, c’est une chance pour la France mais aussi un défi ». Ce que les députés de l’aile gauche de parti et les écologistes attendent à présents ce sont des mesures concrètes, pour cela il faudra attendre la rentrée…

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