Site icon La Revue Internationale

Mali: au nord, la population ne veut pas du retour de l’administration

[image:1,l]

Les jours passent et font planer un doute de plus en plus lourd quant à la possibilité d’organiser un scrutin présidentiel dans de bonnes conditions le 28 juillet prochain à Kidal.

Dans la capitale historique de l’Azawad, territoire dont l’indépendance, ou au moins l’autonomie administrative, est revendiquée par les Touaregs, la population s’insurge depuis plusieurs jours contre le retour de l’administration et de l’armée malienne.

De plus en plus de violences au nord

Les violences se sont multipliées dans la région, malgré la récente signature des Accords de Ouagadougou le 18 juin 2013. Cet accord implique notamment un retour de l’armée malienne dans les villes du nord ainsi qu’un cantonnement progressif des forces armées du Mouvement national de libération de l’Azawad dans des camps.

Mais alors que la campagne présidentielle bat son plein au sud, le nord s’agite. Récemment, des violences inter-communautaires ont fait quatre morts, selon le dernier bilan officiel. Des agents électoraux et un élu de Tessalit ont également été enlevés.

Face à cette situation, des représentants Touaregs ont été reçus par le président intérimaire Dioncounda Traoré, dimanche 21 juillet. Cette réunion qui s’est tenue dans le plus grand secret a précédé une deuxième réunion ouverte lundi 22, autour du Comité de suivi des accords de Ouagadougou.

Les autorités de l’Azawad s’entretiennent avec le président Traoré

« Nous avons parlé de la paix, nous avons parlé de la réconciliation », a déclaré Ibrahim Ag Mahmoud Assaleh, porte-parole des délégués touareg à l’issue de la première entrevue avec le président par intérim.

Qu’il s’agisse du Mouvement de libération national de l’Azawad (MNLA) ou du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), tous deux signataires des accords du 18 juin dernier, les autorités touaregs veulent se montrer unie, auprès de Bamako pour que l’unité du Mali soit désormais la priorité des responsables politiques et que l’administration de Bamako puisse faire son retour au nord afin que l’élection présidentielle se déroule dans le calme.

Les Accords de Ouagadougou refusés par la population ?

Pourtant, au nord, c’est un discours totalement différent que semblent tenir les populations de Kidal et d’ailleurs qui continuent de manifester contre le retour du pouvoir malien.

Alors que l’armée malienne tente de revenir dans les casernes désertées depuis plusieurs mois, la population locale s’insurge contre ce symbole pourtant validé dans les accords de Ouagadougou.

L’agence de presse touareg Toumast press, qui publié régulièrement des informations locales selon le point de vue touareg, les habitants de Kidal et les populations de l’Azawad « commencent à s’opposer de plus en plus à ce texte qui pourrait rapidement annuler les efforts et sacrifices consentis depuis 2011 ».

Les militants du nord violentent l’armée malienne

Selon les reportages diffusés par Toumast Press, l’armée française stationnée à Kidal sert régulièrement de bouclier à l’armée malienne, cible de la violence des Maliens du nord.

« Aussitôt cantonné sous la protection française, les soldats maliens tels des intrus ont reçu la ‘visite’ de plus d’une centaine de civils azawadiens, en majorité des femmes et des jeunes qui s’opposaient à leur présence même symbolique dans le but de calmer la rue malienne », peut-on lire dans un article paru le 8 juillet dernier.

« Très rapidement, les Français ont été débordés par la foule nombreuse qui lançait des slogans : ‘Non à l’armée génocidaire du Mali sur notre territoire’, ‘Oui à Serval, Oui à la MINUSMA, Non à l’armée malienne’, ‘Nous sommes des Azawadiens, pas des Maliens’ », écrit encore Toumast Press.

Seules deux ou trois villes voteront au nord

Ces événements et l’ambiance générale qui règne à Kidal et dans la région sèment le doute quant à la tenue du scrutin dimanche prochain.

Car à ces violences locales s’ajoutent les contraintes techniques du scrutin. En effet, dans la mesure où l’administration de Bamako n’est pas revenue au nord, les cartes d’électeurs n’ont pas été distribuées dans leur totalité. De nombreux Maliens qui avaient fui les combats ne sont pas rentrés chez eux et ce sont autant d’électeurs qui ne participeront pas au vote.

« Dans le contexte actuel, nous pourrons organiser l’élection dans deux ou trois villes de la région », témoigne ainsi Issaga Kampo, vice-président de la Commission électorale indépendante du Mali (Ceni) interrogé par Le Figaro. « C’est le contexte actuel qui l’impose et nous voulons sortir de la crise », ajoute-t-il encore.

Quitter la version mobile