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Mali: Haidara Aichata Cisse, une femme en campagne présidentielle

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Elle est la seule femme de cette campagne présidentielle et compte bien faire de cette particularité un atout pour parvenir à ses fins. Aïchata Haïdara Cissé, député de Bourem, une localité du nord du pays, est entrée en campagne face à une multitude d’hommes déterminés.

« Oui les Maliens sont prêts à être dirigés par une femme »

Depuis son élection au parlement, lors de laquelle elle se vante d’avoir recueilli le plus grand nombre de suffrages de tous les candidats en lice, Aïchata Haïdara Cissé parcourt le pays et le monde. Le monde et la France en particulier où elle compte un grand nombre de sympathisants au sein de la communauté.

Partout, elle récite le même message : il est temps pour le Mali de tourner la page de l’ancien régime. Et face à tous les vieux routiers de la politique qui sont en tête des sondages, Aïchata Haïdara Cissé affirme incarner une alternative.

« Oui les Maliens sont prêts à être dirigés par une femme », affirme-t-elle régulièrement, sur son site internet, sa page Facebook ou encore lors des diverses interviews qu’elle a eu l’occasion de donner depuis le début de sa campagne électorale.

Syndicaliste engagée

Egalement appelée « Chato », diminutif de Aïchata, cette cinquantenaire est déjà bien engagée dans la société civile. Créatrice d’une société d’import-export, de commerce et de prêt-à-porter, d’une agence de voyage qui possède une antenne à Paris, elle est aussi à la tête de plusieurs associations qu’il s’agisse du Réseau Femme-Développement et Protection de l’Enfance au Mali ou du groupe d’Amitié Gabon-RDC-Guinée Equatoriale-Sao Tomé-Congo.

Elle est également une syndicaliste investie et engagée. Entrée par concours dans la compagnie Air Afrique en 1999, elle a gravi les échelons au sein de cette société et est devenue secrétaire générale du syndicat des travailleurs d’Air Afrique et secrétaire général du syndicat des transports aériens. C’est en occupant ces fonctions qu’elle sera notamment amenée à suivre les formations en France de syndicats comme Force ouvrière (FO) ou la Confédération générale du travail (CGT).

Paix, sécurité et développpement

Pour le Mali, la députée de Bourem a les mêmes ambitions que les nombreux candidats qui se présentent face à elle. « La priorité pour moi, c’est d’abord de rétablir la paix, la sécurité et la défense du Mali », explique-t-elle au site Afrik.com lors d’une visite à Montreuil, en France.

« Et après cela, il faudra mettre en place des politiques de développement. Pour moi, ces trois priorités vont ensemble car j’estime que le développement est indispensable pour la paix dans un pays », ajoute-t-elle encore.

Native du nord du pays, elle connaît bien les problématiques de cette région et le rétablissement du dialogue entre les populations du sud et du nord est également une priorité. « Le tissu social s’est profondément dégradé, il faut mettre en place un dialogue entre tous les Maliens. C’est l’une de mes grandes priorités et je mettrai toute mon énergie pour faire en sorte que les Maliens ne fassent qu’un », explique-t-elle.

Une lutte féroce contre les rebelles touaregs

Pourtant, c’est avec intransigeance et des mots parfois violents qu’elle aborde la problématique touarègue au nord du pays. Pour elle, aucune revendication indépendantiste ou autonomiste ne doit être prise au sérieux notamment lorsqu’elle provienne de Mouvement nationale de libération de l’Azawad (MNLA).

Durant les mois de guerres au Mali, Aïchata Haïdara Cissé a fait de la décrédibilisation de ce mouvement, dont elle qualifie les membres de « bandits », son cheval de bataille.

C’est sur sa biographie publiée sur son site internet que la candidate est la plus exhaustive à ce sujet. « Puisque rien n’est de trop pour sa patrie, elle s’est dépensée physiquement, moralement et même financièrement au prix de sa vie pour décrier l’intox du MNLA », écrit-elle. « Cette action lui a permis d’éclairer l’opinion internationale sur le lobbying mensonger et grotesque de ces groupes armés qui occupaient illégalement les régions du nord du Mali ».

Au plus bas dans les sondages

L’unité du Mali passera, selon elle, par une restructuration de l’armée et, au site Afrik.com, elle explique que cette transformation est actuellement en cours. « Désormais, les bérets verts et bérets rouges combattent ensemble, discutent ensemble, prennent le thé ensemble », et d’ajouter que « pour restructurer l’armée, il faudrait qu’elle soit d’abord bien formée ».

« On s’appuiera sur la Minusma (mission de paix de l’ONU au Mali, ndlr), l’Union européenne qui est déjà en train de faire un travail sur le terrain » ajoute-t-elle.

La seule femme du scrutin présidentiel avance ses idées avec passion et conviction. Mais ce programme n’a pourtant que peu de chances d’être mis en pratique tant la candidate paraît loin dans les sondages.

Selon une étude menée en juin 2013 par le site Malijet sur Internet, Chato arrive en 9ème position du scrutin en recueillant 1,6% des voix, largement derrière le trio gagnant composé de Soumana Sacko, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaïla Cissé. Tous sont des vieux routiers de la politique et ont déjà pris part à de nombreux gouvernements. Ils sont la classe politique qu’Aïchata Haïdara Cissé aimerait bien effacer de la carte.

Il semblerait que les Maliens ne soient pas du même avis.

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