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Olivier Faure, éminence grise du président ou simple conseiller?

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« Souvent on dit que je suis le fils unique de Martine Aubry et François Hollande et c’est vrai : je suis le seul à avoir travaillé avec l’un et l’autre », s’amuse Olivier Faure. Son nom n’est pas encore très connu du grand public et, pourtant, tout indique que ce jeune élu du Parti socialiste pourrait aller très loin. Il a l’oreille du Président de la République et du Premier ministre, et n’a jamais hésité à prendre position sur des sujets aussi délicats que la déclaration de patrimoine des élus, la législation de la PMA pour les femmes homosexuelles ou « l’abolition de la prostitution ». Mais d’où viennent cette liberté de ton et cette authenticité qu’il n’est pas fréquent de croiser dans les couloirs des palais de la République ?

Secteur public, secteur privé

Olivier Faure est né le 18 août 1968 à Grenoble d’un père français et d’une mère vietnamienne : « Je n’ai jamais douté de ce que ce pays était le mien. Je transmets aujourd’hui à mes trois enfants cet amour pour la patrie de Voltaire, Hugo et Jaurès », souligne-t-il sur son blog. Fils d’un fonctionnaire du Trésor public et d’une mère infirmière, il a grandi dans un quartier populaire avant de faire des études de droit à Orléans et de Sciences politiques à Paris.

Il s’engage pour la première fois au Parti Socialiste à seize ans auprès de Michel Rocard dont il devient un très ardent soutien. C’est donc tout naturellement que, jeune diplômé, il accepte un poste de collaborateur du président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, Gérard Gouzes. Défaite électorale oblige… En 1993, il rejoint une PME de haute technologie de plus de 150 salariés, dont il devient l’un des dirigeants. La société est alors détenue majoritairement par ses salariés. « Ce fut un formidable combat quotidien que de développer l’activité, gagner des parts de marché et créer des emplois », écrit-il.

Engagement politique

Fort de cette expérience dans le secteur privé, Olivier Faure devient conseiller de Martine Aubry au ministère de l’Emploi de 1997 à 2000. « Avec Martine, j’ai le souvenir d’avoir travaillé de jour comme de nuit », raconte-t-il. « L’épuisement nous guettait, mais nous étions très fiers de mettre en œuvre le changement voulu par les Français en 1997 : emplois jeunes, réduction du temps de travail, CMU, loi contre les exclusions, redressement des comptes de la Sécurité sociale, etc. »

Puis, son parcours se précise. Il obtient le poste de directeur adjoint du cabinet de François Hollande, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, et il y reste de 2000 à 2007 : « J’ai passé sept années à travailler quotidiennement avec lui. J’ai découvert une personnalité et une intelligence hors du commun. Je connais son exigence de justice. J’apprécie sa fermeté qui ne se confond jamais avec le mépris des autres. J’aime les gens qui ne tirent pas leur autorité de leurs titres, mais de leur capacité à fédérer autour d’un projet commun. J’ai souhaité depuis cette époque qu’il soit un jour le Président de tous les Français. »

Personnage clé du nouveau quinquennat

En octobre 2007, il rejoint Jean-Marc Ayrault en tant que secrétaire général du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale. Logiquement, il suit Jean-Marc Ayrault à Matignon et est nommé conseiller spécial du Premier ministre le 22 mai 2012, fonction qu’il abandonne une fois élu député, le 17 juin 2012, de la circonscription de Sénart-Le Mée, la 11e de Seine-et-Marne. Enfin, le 18 juillet 2012, il intègre la direction du PS avec la fonction de Secrétaire national à la communication.

Au soir du 6 mai 2012, c’est lui qui est allé voir le candidat socialiste pour lui dire : « François, tu es le nouveau Président de la République ».

Aujourd’hui il se définit lui-même, « même si le mot n’a pas beaucoup de sens en France », comme un social-démocrate, converti à l’économie de marché. Depuis le 22 février 2013, Olivier Faure est président du haut comité de la qualité des services dans les transports. Ce comité a pour mission d’émettre des avis et de formuler des recommandations sur toutes les questions relatives à la qualité du service et aux relations entre les opérateurs et les voyageurs.

Prises de position délicates

Olivier Faure n’a, depuis l’élection de François Hollande, jamais voulu cacher ses opinions ou se plier à l’avis de son parti sans réfléchir. En juin 2012, la ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement disait vouloir « voir la prostitution disparaître ». Mais le député PS de Seine-et-Marne n’a pas hésité à critiquer la position de Najat Vallaud-Belkacem : « C’est une question très compliquée. La prostitution est effectivement le plus vieux métier du monde. Le risque, c’est de voir se développer, plus encore dans la clandestinité qu’aujourd’hui, cette activité répréhensible. Donc il faut pouvoir en discuter calmement. L’intention est louable, attention à la mise en place de telles mesures. » Aujourd’hui, ce projet n’est plus une priorité.

Autre exemple : en décembre dernier, Olivier Faure avait estimé que la Procréation médicalement assistée (PMA) ne devait pas figurer dans le projet de loi autorisant le mariage et l’adoption homosexuels, jugeant qu’elle relevait des lois de bioéthique. Un avis qui n’était, à l’époque, partagé que par Jean-Christophe Cambadélis, qui avait demandé au président de son groupe, Bruno Le Roux, de renoncer à cet amendement sur la PMA. Les députés socialistes se rangeront finalement de son côté.

Homme d’influence, écouté par les plus hautes instances de l’Etat, Olivier Faure n’a pas fini de faire parler de lui…

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