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Premier voyage politique pour le pape François à Lampedusa

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Pour son premier voyage hors de Rome, c’est une mission très politique que s’est donnée le pape François. A croire que c’est non en tant que pape mais en chef d’Etat que le successeur de Saint pierre s’est déplacé jusqu’à l’île de Lampedusa.

Une communauté internationale indifférente

Sur ce petit morceau de terre d’à peine 20km², situé entre la Sicile et la Tunisie, affluent chaque semaine plusieurs centaines de migrants, venus du Maghreb, qui tentent de gagner les portes de l’Europe.

Sur cette île, les migrants s’ils ne meurent pas durant le voyage, sont alors placés dans des camps et vivent dans une situation d’extrême précarité dans « l’indifférence » des autorités, selon les termes du pape venu ici pour « prier, accomplir un geste de proximité et également réveiller les consciences afin que ce qui s’est produit ne se répète plus ».

Car c’est bien le message qu’il a voulu adresser à l’Europe. Un message formalisé durant la messe que le pape a célébré dans le stade de la ville, devant plus de 10 000 personnes.

« La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d’autrui […] aboutit à une globalisation de l’indifférence », a-t-il lancé durant son homélie.

« Des immigrés morts en mer, sur ces bateaux qui, au lieu d’être un chemin de l’espérance, ont été une route vers la mort ».

4 000 arrivants depuis le début de l’année

Juste avant que le pape ne s’exprime, l’île de Lampedusa venait d’accueillir une nouvelle embarcation de 166 migrants. La veille, un précédent bateau avait également été intercepté près des côtes siciliennes. 120 personnes étaient à son bord.

Sur place, un centre d’accueil a été construit afin d’accueillir tous ces migrants. Mais celui-ci s’est vite montré trop petit pour accueillir la totalité des personnes qui arrivent chaque mois à Lampedusa. Initialement prévu pour 380 personnes, il abrite désormais 6 000 personnes tandis que des milliers d’autres ont du s’installer dans des camps de fortune sur l’île.

Depuis le début de l’année, pas moins de 4 000 personnes sont arrivées à Lampedusa – la population locale est de 6 000 habitants – ce qui représente trois fois plus de personnes qu’en 2012. En 2011, durant les premières révolutions arabes, 50 000 réfugiés avait été recensés à Lampedusa.

40 migrants morts depuis le début de l’année

En tout, plus de 200 000 migrants ont posé les pieds sur Lampedusa depuis 1999. La plupart du temps, les migrants restent quelques semaines avant d’être transférées par ferry vers un centre de rétention administrative depuis lequel ils seront rapatriés chez eux. D’autres seront également transférés vers des centres pour demandeurs d’asile.

Depuis le début de l’année, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés, 40 migrants seraient morts avant d’atteindre les côtes de l’île. L’année dernière 500 personnes ont péri au cours de leur traversée.

Pour le pape François, cette « pensée qui revient constamment » est comme « une épine dans le cœur qui provoque la souffrance », selon les premiers mots de son homélie.

Geste symbolique du pape devant la Porte de l’Europe

Mais avant de célébrer sa messe dominicale, le pape a marqué sa visite d’un geste symbolique. Le pape François s’est alors rendu devant la Porte de l’Europe, un monument bâti à la mémoire des migrants morts durant leur traversée.

Accompagné sur un bateau des Gardes-Côtes, dont il est dit qu’il a secouru près de 30 000 personnes ces huit dernières années, le pape François a ensuite jeté une couronne de chrysanthèmes pendant que les autres bateaux du convoi ont fait retentir leurs sirènes.

Le pape a ensuite été accompagné sur le quai où les nouveaux arrivants sont conduits juste après leur arrivée sur l’île. A cette occasion, le pape s’est adressé à un petit groupe de migrants, eux aussi venaient d’arriver. « Prions pour ceux qui aujourd’hui ne sont pas là », a-t-il alors déclaré. « Nous avons fui notre pays pour deux motifs : économique et politique », a ensuite déclaré un membre du groupe avant de demander « l’aide du Saint Père après nos longues souffrances ».

Un appel pour que le monde change d’attitudes

Déterminé à lancer un appel aux autorités politiques, le pape François a alors appelé à « changer concrètement certaines attitudes » durant la messe qu’il a ensuite célébrée.

« Nous sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons, nous n’avons plus soin de ce que Dieu a créé, […] Nos frères et sœurs cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix, un endroit meilleur pour eux et leur famille mais ils ont trouvé la mort », a déclaré le pape François.

« Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Nous répondons tous ainsi : ce n’est pas moi, c’est sans doute quelqu’un d’autre […] nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle », a-t-il poursuivi, lançant comme un appel aux responsables politiques européens.

 

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