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Quand le Tour de France dope les ventes…

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Dans La caravane du tour de France, Yves Arnal livre de très nombreuses anecdotes liées à son métier : les pannes les plus imprévues, les véhicules les plus surprenants comme le satellite Astra, piloté à l’aide d’une caméra parce que le conducteur n’a aucune visibilité, les gadgets les plus fous, les opérations marketing les plus inattendues pendant la course et le soir après l’étape. L’auteur avait plus de 400 invités certaines années à gérer dans chaque étape !

Extraits de La caravane du tour de France, d’Yves Arnal (Jacob Duvernet)

Le Tour et les affaires font bon ménage, dans un intérêt commun. Lorsqu’on dirige une équipe de 115 personnes et offre à la Société du Tour près de 60 véhicules, la pression est énorme. Il faut tout contrôler, tout vérifier, tout maîtriser.

Dans le cadre d’une opération pour le riz Yoman en 1972, je me suis impliqué jusqu’à aller visiter les centres commerciaux pour vérifier leurs étalages et, le cas échéant, faire changer la présentation.

Pourquoi ? Tout le secret d’une vente promotionnelle en grande surface, grâce au Tour, est contenu dans le «facing», c’est-à-dire la mise en évidence des produits sur le linéaire du magasin. En règle générale, les chefs de rayons ne plaçaient qu’un seul produit par marque pour diversifier l’offre, je m’efforçais sur le Tour de placer 2 ou 3 paquets de la gamme Yoman, façon tête de gondole, en demandant que les produits concurrents soient placés ailleurs, afin de mettre la marque en évidence pour booster les ventes et satisfaire mon client. Avec cette exigence, c’était pour les fournisseurs l’assurance de meilleures ventes durant l’épreuve de juillet. Autant dire que cela facilitait le renouvellement des contrats…

Le riz Yoman était un produit américain – mais rien dans sa présentation ne le laissait deviner – proposé par la même société que le fameux riz Uncle Ben’s, (le fameux producteur de riz de la région d’Houston, d’où son nom), leader sur les étals des USA, mais c’était un riz de qualité inférieure, plutôt un premier prix, qui ambitionnait de pénétrer le marché français. Dès lors son intérêt pour le Tour était évident, les dirigeants du riz Yoman ont donc choisi de s’adresser directement à leur future clientèle et investi dans une caravane de 3 véhicules, trois Méhari, (la célèbre voiture à deux places, de plein air, fabriquée par Citroën, utilisée par les gendarmes de St-Tropez!), les toutes premières à défiler sur le Tour.

En septembre venait le temps des débriefings. Les études (Sofres notamment) et autres sondages commandés soit par l’Organisation soit directement par les clients étaient connus, indicateurs de l’efficacité des dispositifs.

[image:3,s]En fonction de ces résultats, des réflexions étaient menées pour améliorer les performances en perception, en impact et en notoriété et les projets pour le Tour suivant étaient proposés en janvier-février. Je me souviens de l’apparition d’un nouveau packaging lancé par Maison du Café, qui avait la particularité de posséder un couvercle.

Jusqu’alors les paquets traditionnels s’ouvraient simplement, il fallait déchirer le haut de leur emballage. L’innovation consista à reproduire ce paquet avec ce fameux couvercle, identifiable immédiatement par sa forme et sa couleur or et positionné comme les précédents sur le toit d’une voiture. À ceci près que le couvercle en question était motorisé et que le paquet s’ouvrait et se fermait tout seul.

Parfois, la décoration des véhicules dut s’adapter aux passages à l’étranger. Ainsi en 1992, pour le Tour de la Communauté économique européenne, des marques de la caravane changèrent de nom en fonction des pays traversés, même s’il s’agissait des mêmes produits, tout simplement parce qu’à l’étranger ils portaient des noms différents. Ainsi nous avions prévu pour Tera-Xyl, distribué en France, des habillages pour les tubes-doseurs siglés Teramyl en Belgique.

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Yves Arnal a été le précurseur en matière de look, il fut à l’origine des gros contrats publicitaires qui permirent la création du maillot blanc, porté par le meilleur jeune coureur du Tour, et patronné par une lessive, ou de multiples classements secondaires comme le prix de l’amabilité, de l’équipier N°1 ou le ruban bleu récompensant le coureur le plus rapide.

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