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Quand Nelson Mandela s’attaquait à l’épidémie du sida

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L‘Afrique du Sud est une mauvaise élève en matière de lutte contre le sida. Mandela lutte, mais les ravages sont immenses. Il y aurait 6 millions de séropositifs dans le pays, soit plus d’une personne sur 10. Le pays le plus touché du monde. En cause, l’absence de prise en charge des malades et le déni des autorités pendant de longues années.

Mandela, mauvais élève ?

Certains lui repprochent son manque total d’investissement dans la lutte contre le sida lorsqu’il était à la tête du pays. L’âge de l’espérance de vie a même chuté, passant de 61 en 1990 à 54 ans 2005. Peut-être ne réalisait-il pas alors l’ampleur de la catastrophe qui se jouait au sein de son peuple. Se réfugiait-il dans une politique de déni ? Beaucoup sont déçus, mais avant d’en faire une icône, un mythe voire même une légende vivante, Nelson Mandela est un homme. Et, hélas, l’erreur est humaine.

Par sa fondation, Nelson Mandela tente de rattraper le temps perdu. Peut-être aussi parce qu’il est touché de près par ce fléau. En effet, son fils est décédé à 54 ans des suites de cette maladie. A ce sujet, il déclare le 6 janvier 2005 : Nous ne devons pas dissimuler la cause de la mort des membres de nos familles, que nous respectons, car c’est le seul moyen de pouvoir faire comprendre à la popultaion que le Sida est une maladie ordinaire. C’est pourquoi nous vous avons aujourd’hui fait venir pour annoncer que mon fils est mort du Sida.

Cette maladie est considérée comme une honte et certaines personnalités cachent encore les causes de la mort de leurs proches. Dans de nombreux cas, les familles rejettent leur malade loin de chez eux. Durant la période la plus noire, 600 personnes en mourraient chaque jour. 

Aux commandes de 1999 à 2008, l’ancien président Thabo Mbeki affirmait que les antirétroviraux étaient plus dangereux que la maladie elle-même. À son arrivée au pouvoir, Jacob Zuma tourne la page. Appuyé par la communauté internationale, il lance un programme ambitieux contre le sida.

Des progès…

Depuis l’arrivée à la présidence de Jacob Zuma en 2009, le gouvernement retrousse ses manches et semble réaliser que les masques doivent tomber et se lance dans la lutte à son tour. 

Une campagne de prévention offre en 2011 à des millions d’habitants l’occasion de se faire dépister, alors que l’accès aux traitements double en l’espace de quelques mois. La distribution d’antirétroviraux aux femmes enceintes diminue aussi très fortement la transmission du VIH mère-enfants. La généralisation des médicaments a des effets rapides et spectaculaires. Le nombre de décès annuels passe de 350 000 à 270 000 entre 2005 et 2011, ce qui contribue à rallonger l’espérance de vie de 54 ans à 60 ans en 2011. Dans la réponse aux problèmes de santé, l’Afrique du Sud montre le rôle croissant et original des pays émergents.

En avril 2013, est lancé un programme de distribution de médicaments antirétroviraux à un prix record de 7,5 euros mensuels. Et réduit le nombre de comprimés de 3 à 1. Cela est possible grâce à un accord conclu avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques, qui permettrait le prise en charge de 2,5 millions de personnes dans les deux prochaines années. « Avant 2010, nous achetions les traitements ARV les plus chers du monde. Maintenant notre pays a les ARV les moins chers du monde, ce qui signifie que nous pouvons augmenter le nombre de personnes soignées », déclarait lors du lancement de l’opération, le ministre de la Santé, Aaron Motsoaledi. 
 
Aujourd’hui la transmission mère-enfant est presque éradiquée. La priorité des soins étant donnée aux femmes enceintes ou allaitantes.
 

… et des défis

 
Mais les défis restes immenses, tant en matière de logistique, de sensibilisation, de budget que de ressources humaines et de politique sanitaire. En effet, seuls les plus riches bénéficient de sécurité sociale efficace, en se réfugiant dans le secteur privé. Cela entraîne des soins à deux vitesses et de graves inégalités entre le public et le privé. D’autre part, les nombreuses ONG spécialisé dans le domaine, ont des difficultés pour suivre leur patients. Comment être sûr que les personnes malades prennent leur préscription tous les jours ? 
70% des séropositifs sont atteints de tuberculose. Autant de malades à suivre d’encore plus près. 
 
Les cartes sont sur la table, il n’y a plus de tabous. Reste aux politiques de consacrer tous les moyens nécessaires pour enrayer la progression du virus.
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