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Quel bilan peut-on dresser de la présidence de Laurence Parisot?

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Laurence Parisot indiquait dimanche 30 mai qu’elle souhaitait « rester dans le débat public », après son départ de la présidence du Medef et n’exclut pas de s’engager en politique ou de prendre la direction d’une grande entreprise. « Je ne peux rien exclure », a-t-elle déclaré sur Europe 1 lors du « Grand Rendez-Vous », organisé en partenariat avec iTélé et Le Parisien. « Je confirme que je veux rester dans le débat public, notamment sur tout ce qui est à la frontière de l’économique et du politique dans une perspective européenne. A partir de là, il y a beaucoup de possibles. J’essaierai de m’investir au service de tous », a-t-elle ajouté.

Quel bilan dresser de ses huit années à la tête de l’organisation patronale ? Eléments de réponses avec Bernard Giroux, auteur de Du CNPF au Medef : Confidences d’un apparatchik (Archipel).
 

JOL Press : Europe 1 a révélé il y a quelques jours l’existence d’un « pacte de la Porte Maillot » entre Pierre Gattaz, Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi. De quoi s’agissait-il ? Ont-ils cherché à tout prix à éliminer Laurence Parisot ?
 

Bernard Giroux : Laurence Parisot a un bilan à la tête du Medef tout à fait respectable. Elle souhaitait briguer un troisième mandat à la tête de l’organisation patronale, ce n’était en soit pas absurde, elle ne voulait pas quitter le navire en pleine tempête mais elle a très mal choisi le moment pour annoncer cette décision. En rendant publiques ses intentions au lendemain de l’accord sur la « flexisécurité », tout l’appareil patronal s’est un peu grippé, car on a fini par ne parler que de la réforme des statuts, nécessaire pour un troisième mandat, au lieu de s’intéresser à l’unique question qui aurait dû occuper les esprits : En quoi le Medef contribue-t-il à la compétitivité de l’économie française ? En quoi il est au service des entreprises ?

C’est dans ce contexte que se sont réunis Pierre Gattaz, Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi pour choisir ensemble le prochain président du Medef. Pour moi cette décision est sage, on se souvient du congrès de Reims qui a déchiré les socialistes, de la course à la présidence de l’UMP qui a offert aux Français le triste spectacle de querelles fratricides… le monde patronal vient de donner une petite leçon au monde politique. Face à l’urgence de la situation, plutôt que de se quereller sur des sujets qui n’ont pas beaucoup d’importance, ils ont préféré se rassembler.

[image:2,s]JOL Press : Laurence Parisot donne l’impression d’avoir du mal à passer la main. Comment l’expliquer ?
 

Bernard Giroux : Laurence Parisot a très bien compris que lorsqu’on est président du Medef, on a un rôle éminent dans la société politique, économique et sociale française. Après huit ans de présidence, elle n’a pas encore préparé son avenir mais c’est une femme jeune qui a encore beaucoup de choses à démontrer, je pense qu’on entendra encore parler de Laurence Parisot dans d’autres sphères.

JOL Press : Comment décririez-vous les rapports entre Laurence Parisot et les différents gouvernements ?
 

Bernard Giroux : Avec Nicolas Sarkozy elle a été, comme beaucoup de gens, fascinée par l’énergie du personnage. Le problème c’est que ce président n’a pas eu beaucoup de chance puisqu’assez rapidement la crise est arrivée et Laurence Parisot, qui était plutôt sarkoziste au départ, s’est retrouvée dans une situation complexe.

Avec le gouvernement actuel, elle a été extrêmement pugnace, surtout au début du mandat de François Hollande, quand des mesures défavorables aux entreprises ont été présentées. Puis, quand le climat s’est apaisé, elle a fait preuve d’un esprit d’ouverture qui a débouché sur cet accord sur la réforme du marché du travail, conclu le 11 janvier, qui offre une nouvelle flexibilité aux entreprises en difficulté, en facilitant le chômage partiel, en leur permettant de baisser temporairement les salaires pour préserver l’emploi et en accélérant les plans sociaux. Disons que tout au long de sa présidence elle aura su bien épouser les mouvements.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Fils de patron menuisier, diplômé de Sciences Po, Bernard Giroux entre en 1980 au service d’information du CNPF (devenu Medef en 1998). Il restera vingt-trois ans au coeur de l’organisation patronale, dont il dirige le service de presse de 1989 à 2003, avant d’occuper les mêmes fonctions à l’Assemblée des chambres de commerce et d’industrie. Désormais conseiller en communication, il enseigne dans les écoles de communication.

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