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RIO 2013 – Que cherche un jeune qui part aux JMJ?

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Du 22 au 28 juillet, les Journées mondiales de la jeunesse se déroulent à Rio de Janeiro au Brésil. La ville y attend entre 1,5 et 2 millions de participants. Le thème de cette année, proposé par le pape Benoît XVI, est le suivant : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt, 28,19). Mais que recherchent ces jeunes qui choisissent de se réussir entre catholiques pour leurs vacances ? Eléments de réponse avec l’essayiste catholique, Jacques de Guillebon.

JOL Press : Que cherchent ces jeunes qui partent aux JMJ ? 
 

Jacques de Guillebon : Nul doute qu’au-delà du côté festif qui les attire comme tous les jeunes gens du monde, ils cherchent ou une application, théorique et pratique, de la foi qui les habite, ou la concrétisation d’un premier mouvement vers le Christ et l’Eglise catholique.

JOL Press : Voir le pape, qu’est-ce que ça apporte pour un catholique ?
 

Jacques de Guillebon : Cela apporte un sentiment de communion sous le regard du même père, spécialement représenté par ce pasteur terrestre suprême qu’est le Pape. Il y a aussi, bien entendu, le côté spectaculaire de l’homme en blanc qui dirige la première confession du monde.

Mais plus loin, ce sont les paroles qu’il prononce, les gestes qu’il accomplit qui n’ont aucune ressemblance avec ceux d’une idole rock, d’une star de cinéma ou d’un sportif célèbre, qui les attirent et les nourrissent. Le Pape est ce messager qui transmet, délivre et actualise ce message qui est le même depuis 2000 ans et qui fonde la foi catholique. Le phare dans la tempête, la lueur dans la nuit.

JOL Press : Les JMJ sont-elles plus des journées de la jeunesse ou des journées vraiment catholiques ?
 

Jacques de Guillebon : Elles sont les deux. D’un point de vue catholique, c’est le seul rassemblement officiel exclusivement prévu pour les jeunes. D’un point de vue de la jeunesse, c’est le seul instant où se trouvent rassemblés au moins un million de personnes pour la seule raison qu’elles sont catholiques et désirent prier ensemble.

JOL Press : Qui sont ces jeunes qui partent ? Sont-ils tous catholiques pratiquants ?
 

Jacques de Guillebon : L’écrasante majorité est catholique, évidemment. S’ils sont pratiquants, il est compliqué de le savoir. Ils sont précisément dans l’âge où tout se joue, où tout se noue et où aucun jour ne ressemble au précédent. Celui qui est là plein de ferveur sera peut-être, demain, assailli par le doute ou happé par le monde. Celui-ci qui vient pour la première fois y détermine peut-être son destin ou y découvre sa vocation. Les JMJ ont ceci de spécial qu’il ne s’agit pas d’une foule au sens de la masse – c’est d’ailleurs le plus grand rassemblement de jeunesse au monde et le seul où l’on ne déplore jamais d’incidents, ni de violence – mais d’un rassemblement de personnes venues des cinq continents, chacune d’elles ayant des raisons propres de croire, de chercher ou simplement d’être là.

JOL Press : Quelles traces laissent les JMJ chez un jeune qui revient ?
 

Jacques de Guillebon : J’ai rarement rencontré quelqu’un qui en soit revenu dégoûté ou lassé. En général, c’est un sentiment d’euphorie qui domine au retour, mais sentiment qui peut bien entendu être dû seulement au nombre, à l’impression de puissance que confère toute foule rassemblée dans un but précis.

Mais il est évident que pour se limiter au côté sociologique, sans entrer dans des critères intimes de foi, ces JMJ initiées par Jean-Paul II ont produit un effet extraordinaire sur la jeunesse occidentale – celle dont je peux parler avec certitude. Elle l’a libérée des affrontements stériles des générations catholiques antérieures, elle a réconcilié l’Eglise avec elle-même et l’a mise en position de se confronter avec un monde qui lui devenait hostile.

Le grand mouvement Manif pour tous constaté durant toute cette année scolaire en est, pour la France, un des effets les plus évidents. Interroger les catholiques présents, ceux qui ont entre 20 et 45 ans, c’était constater que leur âme commune de résistance, non-violente, politique et déterminée, s’est forgée au–delà des chapelles, des sensibilités, durant ces Journées mondiales de la jeunesse, sous l’égide du grand Polonais Jean-Paul II, mais aussi sous Benoît XVI et maintenant sous François. Beaucoup plus que le fameux esprit, introuvable, de Vatican II, ce sont ces moments-là qui auront formé les catholiques nouveaux.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Jacques de Guillebon est l’auteur de plusieurs essais, dont Nous sommes les enfants de personne, Le nouvel ordre amoureux ou L’anarchisme chrétien.

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