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A Tunis, les manifestants veulent la chute du gouvernement

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Ils étaient plusieurs dizaines de milliers dans la banlieue de Tunis, dans la nuit de mardi à mercredi 7 août, pour manifester contre le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda.

« Les Tunisiens en ont marre »

Les Tunisiens exigent désormais la chute du régime, alors que le pays sombre dans une crise politique de plus en plus intense, déclenchée par l’assassinat d’un opposant politique à la fin du mois de juillet.

Selon les chiffres, ils seraient 40 000 à être descendus dans la rue, à peine quelques heures après que le président de l’Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaafar, ait suspendu les travaux de rédaction de la constitution, dans le but d’exiger du parti islamiste de revenir à la table des négociations.

« J’assume ma responsabilité de président de l’ANC et suspends les travaux de l’assemblée jusqu’au début d’un dialogue », a ainsi déclaré Mustapha Ben Jaafar. « Les Tunisiens en ont marre », a-t-il ajouté.

« Le peuple veut la chute du régime », « le gouvernement va tomber aujourd’hui ». Les rues de Tunis ont résonné comme une veille de coup d’Etat jusque tard dans la nuit, comme il en est de même quasiment chaque nuit depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier.

Attribué à des mouvements salafistes proches du parti Ennahda, cet assassinat a donné lieu au rassemblement d’une opposition hétérogène qui réunit, chaque soir, des opposants, de l’extrême gauche jusqu’au centre droit de l’échiquier politique.

Ennahda propose un élargissement de la coalition

Les manifestants et la classe politique opposée au gouvernement réclament la chute du régime actuel, l’instauration d’une deuxième république et la formation d’un gouvernement d’union nationale, représentatif de la totalité de la population tunisienne.

Certains manifestants réclament également la dissolution de l’Assemblée constituante qui peine toujours à rédiger une loi fondamentale pour la Tunisie postrévolutionnaire, 21 mois après son élection et deux ans et demi après la chute du régime de Ben Ali.

Face à ces revendications, les islamistes d’Ennahda proposent l’élargissement de la coalition gouvernementale et des élections pour le mois de décembre prochain. Opposé à la voix de la rue, le chef du parti islamiste Ennahda a également jugé que « dans les régimes démocratiques, les manifestations ne changent pas les gouvernements » dans le journal tunisien La Presse.

La Tunisie bouleversée par le terrorisme

« C’est une victoire pour la rue, mais ce n’est pas suffisant », a estimé la députée Maya Jribi, membre du Parti républicain, à l’issue de la manifestation. « C’est un premier pas vers l’apaisement […] mais ce n’est pas suffisant, il faut aller jusqu’à la dissolution de l’ANC et la chute du gouvernement », a pour sa part souligné Mahmoud Baroudi su parti Massar.

Ces mouvements de foule successifs sont la conséquence de fruits de la révolution. La crise économique qui frappe lourdement le pays et la population associé à une situation sécuritaire de plus en plus inquiétante pousse le pays à demander des comptes au gouvernement.

Depuis la révolution, les mouvements islamistes et terroristes circulent librement dans certaines zones du pays et les forces de sécurité peinent à rétablir le calme. De nombreux mouvements salafistes, accusés d’être à l’origine du meurtre de l’opposant  Mohamed Brahmi, fin juillet et, le 6 février dernier, de l’opposant de gauche Chokri Belaïd, sont par ailleurs soupçonnés d’être très proches du parti Ennahda.

La traque des mouvements terroristes, dont certains sont liés à Al-Qaïda, mobilise un grand nombre de forces de l’ordre et une opération est actuellement en cours dans le sud du pays pour traquer des hommes retranchés à la frontière algérienne et qui auraient tués une dizaine de militaires depuis la fin du mois de juillet.

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