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Australie: Kevin Rudd, un travailliste acharné

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Il y a cinq ans, le Time plaçait Kevin Rudd à la dixième place de son classement des personnalités les plus influentes de la planète. Fraîchement élu Premier ministre, il venait de ratifier le protocole de Kyoto et de s’excuser, solennellement, pour les mauvais traitements subis par les Aborigènes d’Australie. Depuis, l’homme a plutôt connu une carrière en dents de scie.

Sinophile

Né et élevé dans le Queensland par un père fermier et une mère infirmière, Kevin Michael Rudd fait, très jeune, le choix de la politique : à 15 ans, il entre au parti travailliste avant de poursuivre ses études dans la capitale australienne, à l’Australian National University de Canberra.

Diplômé en langue chinoise, il entre au Ministère des Affaires étrangères en 1981 et s’envole pour l’étranger, à Stockholm puis Pékin. Ce sinophile invétéré revient en Australie en 1988, où il seconde le chef de l’opposition travailliste de sa région natale, Wayne Goss. Il commence à se faire connaître lorsque le Labour Party remporte les élections de 1989, occupant pendant trois ans le poste de chef de cabinet du Premier ministre.

Après avoir développé l’enseignement des langues et cultures asiatiques, il finit par être embauché en 1995 comme consultant en chef pour la Chine par la société de conseil KPMG Australia.

Ministre fantôme

En 1998, il gagne les élections fédérales et remporte le siège de député de la circonscription de Griffith (sud-est de l’Australie).

Les années 2000 marquent pour Kevin Rudd son accession au poste de ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme de l’opposition. Un poste qui lui permet de se retrouver sur le devant de la scène lorsqu’il critique ouvertement la politique du gouvernement de John Howard, fervent défenseur de l’invasion américaine en Irak.

Après avoir été pressenti en 2003 puis en 2005 pour prendre la tête du Parti travailliste, c’est finalement le 4 décembre 2006 qu’il devient le chef du Parti.

Beaucoup de discours, peu d’actions ?

Après onze années de gouvernement conservateur, Kevin Rudd amène les travaillistes au pouvoir lorsqu’ils remportent les élections fédérales en 2007. Il devient Premier ministre, ratifiant dans la foulée le protocole de Kyoto et prononçant un discours remarqué en faveur des Aborigènes. Sa cote de popularité grimpe.

Pendant trois ans, en pleine crise économique, le Premier ministre empêche l’Australie de sombrer dans la récession. Mais les mauvaises manœuvres de son entourage politique, les projets controversés de taxes « vertes » et ses grands discours sont critiqués par l’opposition, qui n’y voit que « beaucoup de paroles, mais aucune action ».

Au sein même de son parti, les travaillistes critiquent les maladresses de leur leader, voire son autoritarisme et sa mégalomanie. En 2010, il démissionne, remplacé par la vice-première ministre Julia Gillard, alors beaucoup plus populaire.

Un petit tour et puis revient…

Retour à la case « ministère » pour Kevin Rudd en 2010, qui retrouve son poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement – pas fantôme, cette fois-ci – de Julia Gillard. Un poste qu’il lâchera deux ans plus tard, déçu de la politique de la Première ministre.

En juin 2013, la cote de popularité de Julia Gillard dégringole, désavouée au sein même de son parti. Elle finit par démissionner, laissant sa place à… Kevin Rudd, surnommé « l’homme providence ».

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