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Brésil: une loi sur la culture de la canne à sucre menace l’Amazonie

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L’objet de la loi 626/2011, approuvée par le Sénat Fédéral brésilien le 15 mai dernier, est d’autoriser la culture de la canne à sucre dans la zone appelée Amazonie légale.

Aucun bénéfice économique ou environnemental

Même si la loi concerne seulement les régions déjà déboisées et 20% des terres en zone rurale, les experts et ONG mettent en garde sur les répercutions futures.

La section brésilienne du WWF affirme que ce projet n’apporte ni bénéfices économiques ni environnementaux à la région. Les experts estiment que la monoculture de la canne à sucre créera des déséquilibres dans la biodiversité de l’environnement, mettra en danger la survie des populations indigènes et traditionnelles et impliquera l’exploitation de zones toujours plus vastes de la forêt pour cette culture.

Vers une augmentation de la déforestation clandestine ?

João Humberto Camelini, géographe à l’Université d’Etat de Campinas, analyse la situation dans un entretien avec le site Instituto Humanitas Unisinos : « (…) L’approbation de ce projet de loi prouve l’implication d’acteurs économiques soutenus par un discours totalement faux et est honteuse. On peut obtenir le développement d’une région du Brésil au moyen d’une planification bien pensée qui prévoit, entre autre, aussi l’installation de centrales pour la production du sucre et de l’éthanol. Malheureusement, l’idée s’est propagée faisant croire que la seule présence d’une centrale amène la croissance.

Quand une culture réglementée comme celle de la canne à sucre reçoit des autorisations officielles et des encouragements pour la création d’emplois, la conséquence est l’usage exclusif de grandes parcelles de terres autour des centrales, dans un rayon d’environ 40 ou 50 km qui conduit à la substitution rapide et agressive des activités existantes, qui sont déplacées dans d’autres zones intactes. Ce qui entraîne l’augmentation d’une déforestation clandestine et un contrôle fiscal difficile ».

Le projet de loi 626/2011 a été approuvé de manière définitive par le Sénat, ce qui veut dire que seule la Commission pour l’Environnement s’est exprimée à son sujet. Il n’a pas été procédé à un vote du Sénat puisque le projet a été envoyé directement à la Chambre et à la Présidence.

La crainte d’une demande importante

Luiz Bento de Science blogs explique pourquoi : « Seuls les sénateurs Rodrigo Rollemberg (PSB-DF) et Ana Rita (PT-ES) ont voté contre. Vous être surpris ? Moi pas du tout. Vous savez qui est le président de la Commission pour l’Environnement au Sénat ? L’illustre monsieur Blairo Maggi, l’un des principaux acteurs de l’aménagement rural et l’un des grands producteurs de soja du Brésil. Et quelqu’un pense encore que notre plus grand problème est Feliciano… [Le prédicateur anti-gay élu chef de la Commission pour les Droits de l’Homme] ».

Le chercheur en sciences forestières Paulo Barreto, de l’Institut Homme et Environnement de l’Amazonie (Imazon), estime qu’il y aura des pressions économiques pour la production d’éthanol à long terme.

« Le problème se posera si l’éthanol devient un produit demandé partout dans le monde. Ce serait néfaste en ce qu’il créerait une demande importante de déforestation, même indirectement ».

D’après les données publiées par l’agence Reuters, en mai dernier le Brésil a exporté 139,8 millions de litres d’éthanol, 36,6% de plus par rapport aux 102,3 millions de litres exportés en avril. Le chiffre d’affaires de la vente du combustible s’est élevé à 93,9 millions de dollars en mai, avec une augmentation de 30,6% par rapport aux 71,9 millions de dollars enregistrés en avril. Mais il y a eu une baisse du volume et de la valeur financière par rapport à la même période sur l’année précédente.

Vives réactions sur Twitter

Sur Twitter, même les experts de l’environnement critiquent la décision du Sénat. Le géographe Gustavo (@Guveronesi) a écrit : « Nous allons devenir une gigantesque plantation de canne. La commission a approuvé les plantations de cannes à sucre dans les zones de l’Amazonie légale ».

L’ancienne sénatrice Marina Silva (‏@silva_marina) a commenté : « La libéralisation de la culture de la canne à sucre en Amazonie n’est pas logique. Un autre pas en arrière pour l’environnement, dû aux intérêts politiques ».

Certains cherchent à mobiliser la société par l’intermédiaire de pétitions en ligne contre la déforestation en Amazonie. Créée par Action B. Brasil, la pétition contre la monoculture de la canne à sucre a recueilli plus de 126 000 signatures qui vont s’ajouter à d’autres en faveur de la sauvegarde du patrimoine naturel. La pétition avec le plus de soutiens a pour slogan « Sauver l’Amazonie ! » et a déjà recueilli plus de 2,2 millions de signatures.

> Lu sur Global Voice

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