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Changement climatique et conflits armés: ces pays au sang chaud

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Un nombre croissant de recherches s’attelle aux effets du changement climatique sur les conflits humains. 

S’appuyant sur différentes disciplines, comme l’archéologie, la criminologie, l’économie, la géographie, l’histoire, les sciences politiques et la psychologie, une équipe de chercheurs américains de l’Université de Berkeley en Californie a ainsi rassemblé et analysé 60 rapports et documents, opérant cette fois-ci une convergence de tous les résultats obtenus à l’échelle globale.

Plus le climat est élevé, plus la violence augmente

« Nous trouvons des preuves solides de causalité reliant les événements climatiques aux conflits humains à travers une large gamme d’échelles spatiales et temporelles et dans toutes les principales régions du monde », expliquent les chercheurs Solomon M. Hsiang, Marshall Burke et Edward Miguel dans cette étude publiée fin juillet dans la revue Science.

Et les conclusions sont sans appel : plus le climat est chaud ou les précipitations extrêmes, plus la fréquence de la violence interpersonnelle augmente (+ 4%) ainsi que le nombre de conflits entre groupes armés (+ 14%). « Et parce que les zones habitées à travers le monde devraient se réchauffer, l’augmentation du nombre de conflits humains pourrait être une conséquence importante et cruciale du changement climatique », indique le rapport.

Plusieurs études discutées

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs s’intéressent à l’effet – controversé – du climat sur les conflits armés. En 2007, un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) avait dressé une liste de plusieurs « points chauds » de la planète, comme le nord et le sud de l’Afrique, le Sahel et la Méditerranée, pointant du doigt les effets du changement climatique sur l’augmentation de la violence et de l’insécurité mondiales.

En 2011, alors que débutaient les « printemps arabes », plusieurs observateurs ont également montré que certains phénomènes climatiques pouvaient augmenter le nombre de conflits armés. La revue Nature publiait ainsi en août 2011 une étude en lien avec un phénomène baptisé « El Niño », un courant marin d’eaux chaudes qui aurait des répercussions sur le climat et sur l’activité humaine.

L’étude met en lumière la question très discutée de savoir si le changement climatique a un effet notable sur la violence et la stabilité sociale, en particulier dans les pays pauvres. « Les pays tropicaux auraient ainsi deux fois plus de risque de voir éclater des conflits armés ou des guerres civiles au cours des années chaudes et sèches d’El Niño que pendant la phase de refroidissement des périodes dites de la Niña », indiquent les auteurs de l’étude.

« Multiplicateur de menace »

Plus récemment, un rapport intitulé « Le Printemps arabe et le changement climatique », publié en février 2013 par le Center for American Progress, se penche sur les effets du réchauffement climatique sur la naissance des révolutions arabes.

Ainsi, la question de l’approvisionnement en ressources alimentaires et de base, rendu difficile dans les régions arides où la terre est parfois difficilement cultivable, entraîne généralement une hausse des prix des matières premières et des produits de première nécessité.

Cela a été – en partie – la cause du soulèvement des populations. Certains observateurs ont ainsi qualifié de « multiplicateur de menace » le rôle du changement climatique dans les révolutions.

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