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Corrompu sans le savoir, Mariano Rajoy ne démissionnera pas

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Pour la première fois depuis le début du scandale de corruption qui le touche directement, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy s’est exprimé devant les députés, jeudi 1er août, affirmant qu’il s’était « trompé » en faisant confiance à l’ancien trésorier de son parti, Luis Barcenas.

« Je me suis trompé »

Dénonçant les « mensonges et manipulations » qui le concernent, le Premier ministre a également affirmé qu’il ne démissionnerait pas de son poste.

Depuis plusieurs semaines en effet, l’opposition à l’Assemblée avait exigé la démission de Mariano Rajoy, alors que de nouvelles preuves toujours plus accablantes à l’encontre du chef du gouvernement venaient d’être publiées par la presse espagnole.

« Je me présente devant les députés pour fournir les clarifications nécessaires sur la situation que nous vivons », a ainsi déclaré Mariano Rajoy lors de son arrivée devant les députés.

« Je me suis trompé en faisant confiance à quelqu’un qui ne le méritait pas », a-t-il ajouté en citant directement Luis Barcenas, l’ancien trésorier du Parti populaire, accusé d’avoir versé de l’argent à de hauts responsables du parti, notamment Mariano Rajoy, pendant plusieurs années.

Pas de démission pour Mariano Rajoy

Alors que l’opposition a encore réclamé sa démission, le chef du gouvernement a déclaré : « Je leur réponds ‘non’ ».

« Je ne vais pas me déclarer coupable parce que je ne le suis pas. Je ne vais ni démissionner, ni convoquer des élections ».

« Je n’ai aucun indice d’aucune sorte laissant penser que mon parti s’est financé de façon illégale », a affirmé le chef du gouvernement. « Je ne suis pas la vertu personnifiée mais je suis une personne droite et honnête », a-t-il encore ajouté.

Le dernier événement en date de cette saga espagnole avait été la publication de SMS qu’il aurait échangé avec l’ancien trésorier Luis Barcenas, dans lesquels on apprend que les deux hommes auraient été de connivence dans la vaste affaire de corruption qui secoue la droite espagnole depuis plusieurs mois. Pour y voir plus clair, une chronologie non-exhaustive des faits.

L’étau se ressert autour de Mariano Rajoy

14 juillet 2013 : le quotidien El Mundo publie un échange de messages provenant des téléphones de Mariano Rajoy et de Luis Barcenas.

Le quotidien affirme alors que « Mariano Rajoy a maintenu un contact direct et permanent avec Luis Barcenas », et « lui a demandé qu’il nie l’existence de la comptabilité occulte et les compléments de salaires ». Ces messages auraient été envoyés entre mai 2011 et mars 2013.

Mariano Rajoy aurait notamment envoyé, le 18 janvier dernier : « Luis, je comprends, sois fort. Je t’appelle demain. Je t’embrasse ».

Le 14 mars, Luis Barcenas aurait pour sa part exprimé sa colère envers Mariano Rajoy, affirmant qu’il se sent « libéré de tout engagement envers lui et envers le parti ». Il menace alors de « révéler la véritable comptabilité du parti ».

9 juillet 2013 : Dans son édition du jour, le quotidien El Mundo publie la copie d’un manuscrit de deux pages attribué à Luis Barcenas.

Ce document indique notamment que « Mariano Rajoy a touché des compléments de salaires illégaux pendant au moins trois des années pendant lesquelles il était ministre du gouvernement de José Maria Aznar », explique alors le journal. En 1998, Mariano Rajoy aurait notamment touché 25 242 euros de revenus complémentaires.

Sans préciser d’où lui vient cette feuille de papier recto-verso, El Mundo affirme avoir livré le document à la justice quelques heures après l’avoir reçu.

Début juillet 2013 : El Mundo révèle que l’ancien trésorier du parti de Mariano Rajoy subit des pressions alors même qu’il se trouve en prison.

« Luis Barcenas […] explique que des émissaires ont été envoyés en prison par le PP et par Mariano Rajoy pour lui dire : ‘Si tu parles, ta femme ira en prison. Si tu te tais, le ministre de la Justice sera démis et ton dossier sera classé », écrit alors Adeline Percept.

La justice espagnole fait le lien entre l’affaire « Gürtel » et les comptes occultes du Parti populaire

27 juin 2013 : Luis Barcenas est placé en détention provisoire dans le cadre de l’affaire « Gürtel ». L’ancien cadre du PP est alors accusé de délits « contre l’administration publique, contre les services fiscaux et pour blanchiment de capitaux ».

Ce dernier est également accusé de détenir deux comptes en Suisse, alimentés jusqu’à 47 millions d’euros.

Fin mars 2013 : La justice estime qu’il existe un lien entre l’affaire « Gürtel » et les soupçons de comptabilité occulte au sein du PP. Les deux dossiers sont confiés au juge Pablo Ruz, de l’Audience nationale de Madrid.

2 Février 2013 : Mariano Rajoy dément avoir perçu de l’argent illégalement. « Je n’ai jamais reçu d’argent au noir », déclare-t-il alors devant la direction de son parti, réunie en urgence à Madrid.

Promettant « la plus grande transparence », le Premier ministre décide alors de rendre publiques ses déclarations de revenus et de patrimoine.

31 janvier 2013 : le journal El Pais publie les photocopies de comptes manuscrits présumés datés de 1990 à 2008. Selon les calculs du quotidien espagnol, Mariano Rajoy aurait touché 25 200 euros par an de dons d’entreprises.

24 janvier 2013 : le parquet anticorruption ouvre une enquête sur l’éventuelle comptabilité occulte du Parti populaire.

18 janvier 2013 : El Mundo révèle le « versement de salaires » complémentaires à quelques cadres du PP entre les années 1990 et 2009. Cet argent proviendrait d’une caisse noire du parti, elle serait alimentée notamment par certaines entreprises espagnoles, soucieuses de remercier quelques élus politiques pour des faveurs accordées, on parle alors d’attribution de contrats publics.

16 janvier 2013 : la justice espagnole révèle l’existence d’un compte en suisse au nom de Luis Barcenas, ancien trésorier du parti de la majorité. Ce compte serait doté de 22 millions d’euros.

21 décembre 2011 : Mariano Rajoy devient Premier ministre.

Juin 2008 : Mariano Rajoy nomme Luis Barcenas au poste de trésorier à l’occasion du Congrès du parti. Auparavant, Luis Barcenas avait été administrateur du PP, poste qui lui a permis de connaître, durant 18 ans, tous les mécanismes de financement du parti ainsi que les noms de tous les hommes d’affaires qui l’ont soutenu.

2007 : Ouverture du procès de l’affaire « Gürtel ». Le Parti populaire est impliqué dans des détournements de fonds publics pour financer le parti et enrichir ses dirigeants, notamment à Valence et à Madrid

3 octobre 2004 : Mariano Rajoy devient président du Parti populaire


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