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Elections au Cambodge: soupçons de fraudes massives

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Le parti du peuple cambodgien (PPC) dirigé par le Premier ministre Hun Sen détient le pouvoir depuis 28 ans. Il a obtenu 68 sièges tandis que l’opposition du parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC) a réussi à en obtenir 55.

Peu importe les fraudes, les jeunes se sont mobilisés

C’est peut-être le tweet d’Andy Brouwer, blogueur cambodgien, qui résume le mieux ces élections : « La fièvre électorale est passée, les résultats sont sortis et rien ne change au final, malgré les gains massifs de l’opposition ».

Ecrivant pour le Bangkok Post, la blogueuse cambodgienne bien connue et auteur pour Global Voices Kounila Keo a reconnu la participation active des jeunes dans la campagne électorale : « …On ne peut nier qu’il y a eu une participation active des jeunes Cambodgiens sur l’internet et les médias sociaux. Ils sont aussi assoiffés de changement dans leur vie et celle de la génération qui les suit.

Peu importe qui a remporté cette élection. Malgré les irrégularités du scrutin, les électeurs plus jeunes ont surmonté leur peur pour faire entendre leurs voix par leurs bulletins de vote. Et ils veulent le changement.

Comme jeune électrice, j’ai été vraiment touchée par la volonté des jeunes pour la première fois de participer activement et montrer leur courage.

Pendant les 30 jours de campagne électorale, les jeunes par centaines de milliers sont sortis dans les rues de Phnom Penh et ont utilisé les médias sociaux pour exprimer sans crainte leurs opinions et convictions. Je me suis soudain sentie la force de discuter librement sur le fond de questions politiques, en sachant que je ne serais plus seule à le faire ».

Des noms absents des listes électorales

Tharum, blogueur et consultant en médias sociaux, a observé que les médias sociaux sont devenus une source d’information sur les élections plus fiable que les médias traditionnels : « Grâce à la médiocrité de information à la télévision, et la diffusion radio intermittente, mon père se met à regarder les actualités sur YouTube avec son smartphone ».

Mais Tith Chandara, journaliste cambodgien, a déploré le comportement peu correct de certains internautes : « L’engagement de certains utilisateurs de médias sociaux au Cambodge dans le soutien à leur parti favori a des aspects violents et contraires à l’éthique, alors qu’apparaissent injures, répliques agressives et graphiques fabriqués depuis que la campagne a démarré. Les internautes partagent des images et des graphiques sans vérifier et confirmer les sources, même s’ils savent parfois que l’information n’est pas (encore) officielle ».

Jinja a analysé les résultats des élections et a cité des irrégularités dans le scrutin : « Pour l’anecdote : c’est la première fois que j’ai vu des amis khmers venir vers moi et relever que leur nom n’était pas sur les listes électorales, ou qu’il avait été utilisé par quelqu’un d’autre pour voter. Les organisations internationales de surveillance sont de cet avis… pour la plupart ».

Un problème de minorités

Casey Nelson, résidant au Cambodge et observateur des Khmers, décrit comment les personnes d’origine vietnamienne ont été traînées dans la boue pendant la campagne : « Les Vietnamiens sont les étrangers des Khmers, la première minorité sur qui tombe le blâme en période de tension politique et sociale.

Les relations entre le Vietnam et le Cambodge sont complexes, et l’antagonisme ethnique traditionnel est profondément entrelacé de haines historiques et politiques qui ne sont pas tout à fait injustifiées, mais lorsque cela va mal au Cambodge, ce sont souvent, sinon toujours, les Vietnamiens d’origine, pauvres et impuissants, qui en subissent le violent contre-coup ».

Ecrivant pour Asia Times Online, Sebastian Strangio, reporter, a invité l’opposition à user de son bon score dans les sondages pour se forger un plus grand poids politique : « Alors que le pays entre dans un meilleur des mondes politique, l’opposition, auréolée de succès, devra exécuter un ballet compliqué si elle veut transformer sa performance électorale en réformes réelles et pouvoir concret ».

Des fraudes systématiques

Mais Caroline Hughes, co-auteur d’un article pour Asia Sentinel, doute que l’opposition ait une réelle alternative à offrir : « …difficile de jauger à partir des déclarations du parti d’opposition comment il pourrait produire pour le Cambodge une stratégie de développement qui différerait substantiellement de celle à laquelle a présidé le PCC. En matière de développement, le Cambodge n’a fait que suivre ses voisins plus avancés du Sud-Est asiatique, avec le dépeçage des campagnes et l’absorption des ruraux pauvres dans les emplois urbains à bas salaires de l’industrie et des services ».

Brad Adams de Human Rights Watch a fait état de la prolifération de documents électoraux falsifiés qui a subverti le processus électoral : « Les cadres dirigeants du parti au pouvoir paraissent avoir trempé dans l’émission de documents électoraux falsifiés et l’inscription frauduleuse d’électeurs dans de multiples provinces. Et les gens du parti semblent avoir fait leur apparition dans des endroits où il était évident qu’ils n’habitaient pas et ont insisté pour voter – sans parler des nombreuses autres fraudes invoquées à travers le pays.

Le procédé de votes multiples évoque la possibilité de fraude électorale systématique par le PCC et pose des questions sérieuses sur la crédibilité de l’élection ».

Tandis que d’autres observateurs internationaux décrivaient les dernières élections cambodgiennes comme ‘libres, équitables et transparentes’ : « …un triomphe de la volonté populaire et une victoire des Cambodgiens dans leur effort pour construire un avenir meilleur fondé sur la suprématie et la sacralité du bulletin de vote ».

> Lu sur Global Voice

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