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Espagne: la crise touche également les Paradores

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Près de 85 ans que les Paradores ont été créés afin de préserver le patrimoine espagnol. Trois ans avant son exil, le roi Alfonso XIII avait inauguré ces auberges du Royaume. Sous la dictature franquiste, elles avaient été portées en étendard pour promouvoir le tourisme sur la péninsule. Mais aujourd’hui, ces hôtels publics haut de gamme, nichés dans d’anciens monastères ou châteaux, ne font plus recette.

Ces bâtiments historiques, restaurés depuis des décennies par l’Etat espagnol, qui en est l’unique propriétaire, ne parviennent plus à attirer les tuoristes. Résultat : la chaîne d’hôtellerie est endettée à plus de cent millions d’euros et le gouvernement ne peut plus suivre. Cette offre touristique, chère aux Espagnols – plutôt qu’aux étrangers qui ne sont pas forcément informés de l’existence de ces sublimes lieux où ils peuvent loger et découvrir la culture locale -, est mise à mal par le faible pouvoir d’achat – un effet de la crise qui touche actuellement le pays.

Les touristes espagnols ne peuvent plus s’offrir de nuits

« On y venait pour célébrer un mariage, passer quelques jours de voyage de noces ou encore fêter la communion ou le baptême des enfants. Aujourd’hui, toutes ces célébrations ont presque disparu et, du coup, la fréquentation hôtelière a chuté de 59 % en moins d’un an », déclarait, il y a plusieurs semaines au Point, une réceptionniste d’un Parador situé en Galice. Les conséquences de ces fréquentations en baisse sur cette institution touristique : des coupes budgétaires afin d’enlever ce poids des finances publiques.

Cela est donc synonyme de fermeture pour quelques-uns des quatre-vingt-treize établissements de la chaîne. Sept de ces hôtels au charme singulier devraient ainsi être définitivement clos, tandis que vingt-sept autres pourraient être partiellement fermés (au moins quatre mois par an), selon les souhaits d’un gouvernement qui doit encore faire face aux syndicats. Ce qui est sûr, c’est que des centaines de salariés vont être remerciés.

Des destinations mal relayées

Si, malgré la crise qui sévit en Europe, les touristes ont continué d’affluer sur les côtes espagnoles – les tensions dans les pays arabes ayant profité au tourisme de la péninsule ibérique -, les Paradores, eux, souffrent d’un marché actuel auquel il ne sont plus adaptés. La chaîne d’hôtellerie ne s’est ainsi ouverte que récemment aux réservations par Internet. Les tarifs étant trop élevés pour les locaux, il est nécessaire pour ces sublimes lieux de s’ouvrir à une clientèle plus internationale.

« Les employés vont une fois de plus souffrir des conséquences d’une mauvaise gestion. Aucune politique commerciale et publicitaire n’a été mise en place pour relancer la fréquentation, pire, le gouvernement a donné son feu vert pour des travaux pharaoniques pour certains Paradores peu fréquentés », a pesté Antonio Rueda, porte-parole de la Fédération du tourisme des commissions ouvrières (syndicat CCOO).

La privatisation semble être, dès lors, une solution pour fermer le robinet des dépenses. José Luis Zapatero avait essayé de cette manière de s’en débarrasser, mais aucun repreneur ne s’était manifesté. L’idée trotte toujours dans la tête de l’actuel gouvernement, qui se doit désormais de mieux préparer son appel d’offres.

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