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Grande-Bretagne: le contrat zéro-heure ou la flexibilité sans limites

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Une étude menée sur 1 000 entreprises par le Chartered Institute of Personnel Development (CIPD) a révélé que 3% à 4% des personnes actives en Grande-Bretagne étaient actuellement employées sous la forme d’un contrat zéro-heure, soit près d’un million de personnes – contre 250 000 selon les derniers chiffres des statistiques officielles commandées par le gouvernement.

Sans horaires fixes

Les « zero-hours contracts » existent depuis la fin des années 1990 en Grande-Bretagne, mais la crise les a popularisés dans les années 2000. Ce type de contrat repose sur le principe du « donnant-donnant » : l’employeur propose un travail sans horaires fixes au salarié, qui n’est en contrepartie pas obligé d’accepter.

Il pourra donc travailler 12 heures comme 40 heures par semaine, prévenu souvent par SMS des horaires proposés par son employeur. Ce contrat de travail, sans garantie d’un temps prédéfini, ne prévoit également pas de salaire minimum.

L’augmentation de ce type de contrats, qui concernent de nombreux jeunes mais également – fait plus préoccupant – des personnes qui cherchent à subvenir aux besoins de leur famille, renforce la précarisation ambiante des salariés britanniques, que la crise n’a pas épargnés. Ne bénéficiant d’aucune durée fixe de travail, les employés sous contrat zéro-heure ne peuvent se projeter qu’à très court terme.

Exploitation ou flexibilité ?

Vince Cable, ministre des Affaires, de l’Innovation et du Savoir-faire du gouvernement de David Cameron a réagi la semaine dernière à l’annonce des chiffres révélés par le CIPD. Il s’est dit préoccupé par cette « exploitation » du personnel avec ces contrats qui ne donnent aucune garantie de temps et de mode de travail. Il a tout de même souligné que, dans de nombreux cas, le niveau de flexibilité offert par ces contrats convenait aux employés.

Les syndicats, eux, sont rapidement montés aux créneaux. Dave Prentis, secrétaire général du syndicat Unison, a notamment déclaré à la BBC que « la grande majorité des travailleurs signent ces contrats parce qu’ils n’ont pas le choix. Ils peuvent se montrer flexibles avec quelques-uns, mais l’équilibre du pouvoir favorise les employeurs, et les salariés ont souvent peur de se plaindre ».

Si certains parlementaires libéraux-démocrates ont souligné la souplesse de ce type de contrat de travail qui permet à l’emploi britannique de se solidifier, du côté des travaillistes, le constat est plutôt inquiet : le chef de file du Labour Party, Ed Miliband, a déclaré que ces contrats rendraient certains lieux de travail « pénibles, brutaux et injustes ».

De Buckingham à McDonald’s

À l’origine destinés aux emplois nécessitant peu de qualification, les contrats zéro-heure s’étendent désormais à d’autres branches plus qualifiées du marché du travail. Même Buckingham a embauché 350 personnes en contrat zéro-heure cet été.

McDonald’s reste cependant le plus gros employeur de ce type de contrat, puisque 90% de ses salariés seraient embauchés sous contrat zéro-heure.

Les entreprises où les employeurs sont plus susceptibles de déclarer avoir au moins une personne sous contrat zéro-heure sont l’hôtellerie, la restauration, les loisirs, l’éducation et la santé.

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