Site icon La Revue Internationale

Guantanamo: «Cinquante nuances de Grey», n°1 chez les détenus?

[image:1,l]

L’information, pour la moins cocasse, avait fait le tour des rédactions il y a quelques semaines. Le best-seller érotique à tendance sado-masochiste, « Cinquante nuances de Grey » – qui a fait de l’auteure, E. L. James, l’écrivain la mieux rémunérée entre juin 2012 et juin 2013 avec 95 millions de dollars de gains -, serait le livre le plus lu par les détenus du camp 7 de Guantanamo, incarcérés sur des soupçons de terrorisme.

Plus lu que le Coran selon le parlementaire

C’est un élu de Virginie à la Chambre des représentants, Jim Moran, qui assure avoir entendu l’anecdote dans la bouche d’un commandant du camp. « J’imagine qu’il ne se passe pas grand-chose (dans la prison). Ces types n’ont rien à faire, alors ils se disent “pourquoi pas” se plonger dans cette saga osée », a ainsi déclaré le représentant démocrate. Cela peut paraître surprenant, d’autant plus que les ouvrages à caractère pornographique et violent ne sont pas admis dans la bibliothèque.

Un livre interdit dans certaines libraires américaines

La capitaine Andi Hahn avait alors expliqué que « Cinquante nuances de Grey » n’avait pas reçu de restriction, et que « n’importe quel livre demandé par un détenu sera autorisé, tant qu’il ne crée pas de polémique dans le camp ». Pourtant, dans les bibliothèques des autres camps, on affirme que le livre n’est pas présent. Ce même ouvrage avait été recalé par certaines librairies aux Etats-Unis.

Une vaste plaisanterie

Comment ce livre a-t-il donc pu atterrir dans le camp 7 ? L’avocat d’un détenu, affirme que ce sont les gardiens qui l’ont ramené le soir de la déclaration de Jim Moran, pour plaisanter. Cette histoire serait donc montée de toute pièce, mais dans quel but ? Personne n’avait jusqu’alors entendu que cet ouvrage circulait dans le camp, et lorsque les gardes l’ont présenté à Ammar al-Baluchi, le client de James Connell, il en aurait décliné sa lecture.

Qui dit la vérité ?

Un autre fait va dans le sens des déclarations de Connell : le livre, selon le détenu, ne comportait aucun tampon ou signe montrant qu’il a bien été autorisé à circuler à l’intérieur de la prison. Une formalité obligatoire qui n’a pas été respectée et qui indique que l’ouvrage a été introduit clandestinement.  Un autre avocat, James Harrington, qui représente Ramzi bin al Shibh, un détenu soupçonné d’être lié aux événements du 11 septembre 2001, affirme également ne jamais avoir vu le bouquin dans la prison.

Quel intérêt alors pour Jim Moran d’avoir médiatisé cette « affaire » ?

Quitter la version mobile