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La France dans 10 ans: le séminaire du gouvernement attise les critiques

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Le 14 juillet dernier, le président de la République avait exprimé sa détermination à préparer dès aujourd’hui la France de demain. C’est pourquoi, avant la rentrée officielle de mercredi, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement se sont réunis à l’Elysée ce 19 août pour un séminaire de réflexion sur « la France dans 10 ans ». Chaque ministre a donné sa vision de la France pour donner « de l’espoir aux Français ».

« Une perspective d’avenir positive »

« Le Président et le Gouvernement veulent tracer une perspective d’avenir positive pour la jeunesse », ont souhaité préciser les services de Matignon. « Cela n’empêche pas le Gouvernement d’agir depuis quinze mois sur les priorités les plus urgentes pour sortir le pays de la décennie noire qu’il vient de traverser. » Une « liste de priorités urgentes » a par ailleurs été dressée – retour à l’équilibre budgétaire, pacte pour la compétitivité et l’emploi, loi sur la sécurisation du travail… – mais celle qui sera sans doute la plus importante est la très délicate question des retraites.

Anne Lauvergeon, qui préside la commission Innovation 2030, s’est réjouie de cette initiative : « Un des problèmes de la France, c’est cette difficulté à se projeter. Nous ne pouvons pas être dans un pays sans stratégie de long terme. La Grande-Bretagne a beau être un pays libéral, elle a des stratégies bien arrêtées sur certains secteurs », a-t-elle expliqué au Figaro.

 Devoirs de vacances des ministres

Les 36 membres du gouvernement – Jean-Yves Le Drian était en déplacement – se sont donc retrouvés à l’Élysée pour présenter leur vision de la France en 2025. Selon Le Point qui a relevé les copies de cinq ministères, Pierre Moscovici, le ministre des Finances, juge « réaliste » un retour au plein emploi dans la France de 2025, qui devrait avoir « pleinement recouvré sa souveraineté budgétaire ». le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, aurait promis des « forces de l’ordre 3.0 efficaces, proches de la population et à la pointe des avancées technologiques ».

Toujours selon Le Point, Cécile Duflot aimerait que l’accès au logement ne soit « plus un facteur de stress ou d’incertitude, mais une étape plaisante de la vie» : « Dans le cadre des lois adoptées entre 2012 et 2014, les logements vacants seront devenus très rares » et « 6 millions de logements auront été édifiés ». Enfin, Arnaud Montebourg espère que la France pourra intégrer « le concert des grandes nations industrielles » avec une balance commerciale qui dégagera « un excédent positif structurel ».

Montrer une unité au sein du gouvernement

Si, pour 2025, Christiane Taubira souhaite des peines « qui ont du sens, réparatrices pour les victimes, sanctionnant à sa juste mesure l’auteur de l’infraction et permettant l’insertion ou la réinsertion de ce dernier », la ministre a dû « mettre de l’eau dans son vin » et montrer le climat de bonne entente qui existe entre elle et Manuel Valls.

Dans une note publiée par Le Monde, le ministre de l’intérieur s’était, en effet, vivement inquiété du projet de réforme défendu par Mme Taubira, le jugeant trop laxiste et réclamant l’arbitrage du président de la République. Manuel Valls justifiait sa démarche par un certain nombre de « désaccords » avec la Garde des Sceaux et disait attendre « une clarification des orientations politiques ».

Aussi les deux ministres se sont montrés plus proches que jamais devants les caméras, n’hésitant pas à se faire des blagues et afficher une parfaite complicité. N’en ont-ils pas trop fait ?

Vives critiques de l’opposition

C’est ce que semblent penser l’opposition : « Sur la forme, c’est une grosse ficelle de communication un peu éculée pour laisser croire que le gouvernement travaille. Sur le fond, il est sans doute préférable que les ministres parlent de 2025 plutôt que de leurs désaccords actuels », a déclaré le député UMP Eric Ciotti au Figaro. « Quand on mesure chaque jour la cacophonie qui règne au gouvernement, je comprends qu’ils préfèrent se projeter dans l’avenir. Ce gouvernement ne sait pas quel chemin prendre à l’automne 2013. »

L’ancienne ministre UMP Nadine Morano s’est demandé si nous n’allions pas asssister à « un concours de la copie de Madame Soleil à Nostradamus », sur France 2. « Les réponses doivent être immédiates », a-t-elle expliqué. Un avis partagé par Laurent Wauquiez, vice-président de l’UMP, qui a qualifié de « surréaliste » de ce séminaire gouvernemental au vu des « difficultés actuelles ».

La présidente du FN, Marine Le Pen, a pour sa part estimé que ce séminaire laisserait une « impression de grotesque », puisque les dirigeants ont « confié les clés à des organisations extérieures ». « Soumise, dans tous les domaines de sa politique intérieure et étrangère, à l’Union européenne, mais aussi aux intérêts de puissances étrangères comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou même le Qatar, la France de 2013 ne maîtrise plus son destin. Elle n’a donc pas la possibilité de l’imaginer librement », a-t-elle dénoncé dans un communiqué.

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