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La jeunesse marocaine face à la délinquance

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Le cas de mon quartier n’est pas isolé. Au Maroc, plus de 70 000 enfants vivent dans des centres de détention pour mineurs : ils se retrouvent là soit pour cause de délinquance ou de déséquilibre mental soit parce qu’on leur permet d’y vivre car ils sont pauvres et n’ont nulle part d’autre où aller.

La jeunesse, la maillon faible de la société marocaine

Quoi qu’il en soit, le problème de la délinquance juvénile doit être géré au plus vite. Les jeunes en détresse, à la recherche d’une identité constituent des proies faciles pour les groupes terroristes et sont une menace importante pour la sécurité nationale du pays.

Le gouvernement ainsi que des associations de la société civile s’efforcent indépendamment d’aborder ce problème mais leurs initiatives restent insuffisantes. D’une part, le gouvernement devrait travailler avec ces associations et d’autre part, il faudrait que les mouvements de jeunes comme le nôtre soient plus impliqués.

Le gouvernement marocain a entrepris plusieurs projets pour la jeunesse en mettant en place des infrastructures sportives et sociales dans le cadre de l’Initiative nationale de Développement humain, lancée par sa majesté le roi Mohamed VI en 2005. 

Une volonté politique, des moyens insuffisants

Cette initiative traduit une volonté politique au plus haut niveau pour résoudre les problèmes liés à la pauvreté, la marginalisation urbaine et la précarité économique. Mais le manque de ressources humaines et de supervision font que ces projets ne sont pas exploités de manière optimale et ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs d’offrir à la jeunesse marocaine des points de rencontre et de stimuler leurs intérêts. Cette situation s’explique notamment par l’implication insuffisante de certains partenaires, comme les élus locaux ou les conseillers communaux, dans l’implantation et la gestion des projets gouvernementaux, ainsi que par le manque de personnes qualifiées pour s’en occuper. 

Des associations de la société civile s’efforcent elles aussi à entreprendre des initiatives pour améliorer la situation. On peut citer par exemple l’organisation non-gouvernementale Riad Souss, à Dcheira Inezgane, qui vise à promouvoir l’intégration des jeunes à risque dans la société par la mise en valeur de leurs compétences à travers un éventail d’activités dans le sport, la musique, le calcul mental et les résolutions de problèmes.

Malheureusement, les organisations comme celle-ci n’ont pas assez de ressources financières pour lutter efficacement contre la délinquance. 

Il est primordial que le gouvernement et les associations de la société civile – qui disposent de ressources humaines suffisantes – travaillent main dans la main pour améliorer les structures et les programmes pour jeunes. Il faut prendre les mesures nécessaires pour évaluer ces partenariats – et obliger notamment l’élaboration de rapports annuels récapitulant les résultats du travail accompli pendant l’année. 

Mais les jeunes n’attendent pas que les associations et le gouvernement agissent. 

L’exemple du Conseil des jeunes d’Agadir

Je suis membre du Conseil des Jeunes d’Agadir qui estime que la délinquance constitue désormais un problème grave dans notre région. Pour attirer l’attention de l’opinion publique, nous avons réalisé un court-métrage intitulé Elsewhere, What Refuge. Ce film raconte l’histoire de Mehdi, un jeune garçon marocain en proie à des problèmes familiaux, et qui pour échapper à ceux-ci, choisit un chemin qui le mène à la délinquance. 

Produit par des jeunes pour des jeunes, ce film dépeint les difficultés auxquelles est confrontée la jeunesse tout en montrant d’autres alternatives à la délinquance. À travers ce film, les membres du Conseil ont voulu attirer l’attention sur les problèmes de criminalité chez les jeunes et en expliquer les causes.

Par ailleurs, nous projetons d’organiser une table ronde sur ce thème vers la fin de l’année ; elle aura pour but d’éduquer les gens à ce sujet et d’explorer notre rôle dans la mobilisation des acteurs locaux afin de contrer ce problème. 

C’est en sensibilisant l’opinion et en mettant en place des structures d’encadrements bien organisées assurant aux jeunes un espace sain à l’extérieur de leurs maisons, qu’on pourra les protéger et les mettre à l’abri de la délinquance. Mais il faudra travailler ensemble. 

* El-Yassmine El-Achir est membre du Conseil des Jeunes d’Agadir. Article écrit pour le Service de Common Ground (CGNews)

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