Site icon La Revue Internationale

La stratégie «tout comm’» de Manuel Valls

[image:1,l]

Finies les vacances, les membres du gouvernement se remettent au travail à l’occasion du conseil des ministres de la rentrée ce mercredi 21 août. Une occasion de se préparer aux sujets chauds qui attendent les ministres en ce début d’année scolaire, au premier rang desquels celui des retraites. Mais cette rentrée a déjà été anticipée par bon nombre de ministres qui ont souhaité donner une image de disponibilité et d’assiduité en période de crise.

Parmi eux, le ministre de l’Intérieur a choisi d’en faire plus que les autres en occupant le terrain médiatique. De Melun (Seine-et-Marne) à Trappes (Yvelines), en passant par Mimizan (Landes), Marseille (Bouches-du-Rhône) et Vauvert (Gard), Manuel Valls a multiplié les déplacements. Que cherchait-il à prouver ?

Vacances ou occupation de l’espace médiatique ?

Si l’actualité se fait traditionnellement rare en période estivale, les vacances peuvent devenir un moment privilégié pour les hommes politiques qui veulent mettre en avant leur action. Ainsi Manuel Valls a-t-il cherché à occuper l’espace médiatique quitte à agacer certains collègues du gouvernement… Le 2 août, accompagné de la ministre du Commerce et du Tourisme Sylvia Pinel, il s’est rendu au Louvre pour rassurer les professionnels du tourisme.

Le 4 août, à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), il a visité avec sa femme, Anne Gravoin, l’exposition « Les aventures de la Vérité » dont  Bernard-Henri Lévy est le commissaire. Le 6, Manuel Valls se rendait à Antibes pour une visite du dispositif de surveillance des plages, alors que plusieurs noyades avaient eu lieu les semaines précédentes, puis à Cannes, chez des bijoutiers-horlogers de la ville, récemment frappée par deux retentissants braquages.

Trois jours plus tard, c’est à Tourrettes-sur-Loup que le ministre de l’Intérieur se rendait pour une démonstration d’un dispositif particulier de lutte contre les feux de forêt en zone inaccessible, par les sapeurs-pompiers du SDIS 06. Le 14 août, il partait en visite dans la cité des Oliviers à Marseille ; là, il a détaillé, en conférence de presse, les chiffres de l’activité des forces de l’ordre contre le trafic de drogue.

Enfin, ce 20 août, le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur se rendaient une nouvelle fois à Marseille dans l’après-midi, après la mort d’un homme de 25 ans, tué dans un énième règlement de comptes.

Une exposition qui agace certains de ses collègues

Outre le fait que le ministre de l’Intérieur av violemment critiqué la réforme pénale de la garde des Sceaux dans une lettre adressée à François Hollande et publiée par Le Monde le 13 août, la surexposition médiatique du ministre n’a pas laissé ses collègues du gouvernement indifférents. « Alors qu’on se posait la question d’une réunion commune à La Rochelle, lors de l’université d’été du PS, il a annoncé qu’il ferait son truc tout seul de son côté », confiait récemment une ministre au Parisien.

Et d’ajouter : « Il joue l’opinion publique contre le milieu politique et il se fiche de savoir ce que les uns et les autres pensent de lui. Il est parti très fort dans l’idée de se rendre incontournable le jour où Jean-Marc Ayrault quittera Matignon. »

Si un ministre reprochait à son collègue de faire « du Nicolas Sarkozy de Leader Price », un autre aurait confié à VSD : « Il rentabilise. L’ordre et la sécurité le matin, la politique le soir. Sarkozy faisait pareil : les moyens de l’État au service d’une ambition personnelle ». Le locataire de la place Beauvau n’aurait donc pas que des amis au sein de la majorité.

Futur Premier ministre ?

Dans les colonnes de La Provence, il déclarait en juin qu’il « assumerait ses responsabilités » si le président le nommait à Matignon. Un comportement que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ne semble pas énormément apprécier. Aussi a-t-il souhaité accompagner son ministre ce mardi à Marseille pour ne pas laisser à Manuel Valls toute la place dans les médias.

Cette hypermédiatisation doit agacer d’autant plus qu’elle porte ses fruits : à en croire le dernier sondage Ifop publié dans les colonnes du JDD le 18 août, il serait le ministre préféré des Français. Avec 61% de personnes satisfaites de son action. Reste à savoir si cette popularité rejaillira sur la politique du gouvernement ou uniquement sur sa personne…

Quitter la version mobile