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Le 22 septembre, les Allemands sont priés de voter – et de bien voter…

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La presse allemande avait inventé, pour l’occasion, une expression sur-mesure : le « Nichtwahlkampf » ou « non-campagne électorale »… La non-campagne semble désormais terminée et ce qui se passe outre-Rhin concerne tous les Européens.

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La date du scrutin législatif – 22 septembre – est fixée de longue date, le casting de cette élection – la chancelière démocrate-chrétienne, Angela Merkel, et son principal challenger social-démocrate, Peer Steinbrück – est connu et, pourtant, depuis des mois, la campagne électorale peinait à s’animer outre-Rhin.

Un dangereux flou, partisan et idéologique…

Au-delà de cette torpeur – qui n’aurait pu être qu’estivale -, une situation politique doublement inédite : 70% des électeurs allemands considèrent désormais qu’il n’y a plus de véritables différences entre la droite et la gauche modérées, la CDU et le SPD, et, comme pour en apporter la preuve, 65% d’entre eux exprimaient le souhait de voir Angela Merkel reconduite pour un troisième mandat à la chancellerie – plus de 20 points de plus que les intentions de vote pour son parti et ses candidats. Tout semblait joué et, pire encore, quel que soit le résultat, ce serait du pareil au même…

En juillet, le président allemand, Joachim Gaück avait mis en garde la classe politique : « En évitant la clarté aujourd’hui, on crée les abstentionnistes de demain, » avait-il déclaré. Les « abstentionnistes de demain » – demain, c’est-à-dire dès le 22 septembre – ou « on » ouvrait la voie à une vague populiste, portée, en Allemagne – comme dans le reste de l’Europe -, par des partis que l’on choisira de qualifier d’extrémistes et, notamment, ouvertement eurosceptiques…

Le principal bénéficiaire d’une poussée « populiste » serait indéniablement Alternativ für Deutschland ou Alternative pour l’Allemagne (AfD), un mouvement anti-establishment créé le 14 avril 2013 par un certain Bernd Lucke. Si, officiellement, AfD prétend n’être « ni de droite, ni de gauche », son appartenance à la droite conservatrice, pour ne pas dire « extrême-droite » – un qualificatif hasardeux en Allemagne – au regard des critères européens, ne fait aucun doute. Son programme, le repli sur soi de l’Allemagne et, notamment, l’arrêt des aides aux pays européens victimes de la crise de la dette.

La crise, l’Europe, les bouc-émissaires…

L’aide aux pays européens, c’est précisément autour de ce thème que la campagne électoral s’est enfin animée. Par peur de donner du grain à moudre aux contestataires – AfD mais aussi le parti Pirate, bien placé -, le thème de la contribution allemande aux économies européennes « en galère » devait rester tabou. Pourtant, mardi 20 août, Wolfgang Schaüble, le ministre des Finances d’Angela Merkel a osé… Il a osé dire tout haut ce que tout Berlin murmure tout bas… La Grèce, notamment, aura besoin d’ici peu de beaucoup plus d’aide. Et qui paiera ? Pour une large part, les Allemands.

A un mois, jour pour jour, du scrutin, il y a fort à parier qu’Angela Merkel remportera un troisième mandat. Un doute subsiste toutefois, avec qui gouvernera-t-elle ? Ses alliés traditionnels libéraux du FDP parviendront-ils à dépasser la barre des 5% de voix indispensables pour obtenir une représentation parlementaire et pourra-t-elle reconduire la coalition sortante ou devra-t-elle rééditer l’expérience 2005-2009 de « Grande coalition » avec le SPD et, peut-être les Verts ? C’est tout l’enjeu de ce mois de campagne…

Quel enjeu pour la France ? On pourrait imaginer que François Hollande soutienne la candidature du social-démocrate Peer Steinbrück – qu’il a maintes fois rencontré, notamment lors des cérémonies du 150ème anniversaire du SPD au printemps. Officiellement, c’est sans doute le cas. Pourtant, force est de constater qu’au cours des 50 ans dernières années, le couple franco-allemand n’a souvent que mieux fonctionné lorsque président de la République et chancelier n’appartenaient pas à la même famille politique…

C’est important, important pour la France et les Français mais aussi, au-delà, pour toute l’Europe et tous les Européens. Tellement important que, non sans ironie, on se dit que la solution serait, peut-être, de songer, bien vite, à ce que tous les Européens aient le droit de vote aux élections allemandes…

Franck Guillory

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