«Prison Valley», «Alma, une enfant de la violence», «Iranorama»…Depuis 2008, une floraison de webdocumentaires a émergé sur la toile. Contrairement au documentaire classique, cette oeuvre transmedia est conçue pour Internet, et offre une plus grande liberté aux réalisateurs qui peuvent insérer différents supports comme du texte, des dessins, des photos, ou encore des bandes sonores de manière interactive. Zoom sur quelques webdocs qui ont retenu notre attention.
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Le webdoc, une plateforme interactive
Impliquer l’internaute. C’est l’un des principaux objectifs du webdoc. Contrairement au documentaire classique, l’internaute passe du statut de spectateur à celui d’acteur du projet. Une immersion ludique et éducative en somme, comme l’explique Yann Buxeda, réalisateur du webdocumentaire Iranorama, plongée au cœur de la société téréhanaise pendant la campagne présidentielle : « L’idée, c’est d’impliquer l’internaute mais aussi le divertir. C’est aussi de se baser sur un mécanisme d’apprentissage tout naturel : le jeu. De la même façon qu’un enfant apprend à différencier les couleurs, les formes, les lettres en jouant, il est possible de transmettre une information aux adultes en passant par le jeu » explique-t-il. Ici, ce sont les choix de l’internaute qui dont avancer le récit, à la manière du livre dont vous êtes le héros.
Une forme multimedia
Cette nouvelle forme multimédia se caractérise également par son association de différents supports: texte, dessin, photographies, bandes sons… Dans Alma, une enfant de la violence, Miquel Dewever-Plana et Isabelle Fougère retracent le parcours d’Alma, une ex-marera d’un des gangs les plus violents du Guatemala. Alma raconte face caméra sur fond noir, son histoire. Et, grande nouveauté, c’est l’internaute qui choisit ici de passer en voix-off ou non, en faisant glisser du haut de son écran un deuxième film composé de bandes sonores, de dessins, de photos et de films d’archives qui illustrent le récit poignant d’Alma.
Un récit non-linéaire
Le webdocumentaire insère souvent de nombreuses cartographies, très visuelles. Dans Fini de rire, le réalisateur Olivier Malvoisin propose une cartographie de la liberté d’expression à travers le monde. Il part à la rencontre de dessinateurs de presse dans différents contextes sociaux et politiques du monde. Opter pour la forme du webdoc lui a permis de travailler sur un récit non linéaire, offrant ainsi plusieurs « points d’entrées dans la problématique de la liberté d’expression » explique-t-il.
Une forme narrative qui offre plus de libertés
Choisir la forme du webdocumentaire, c’est également avoir la possibilité de faire évoluer son projet. Contrairement à un film classique, le webdoc n’est pas figé, et peut être enrichi dans le temps par les réalisateurs eux-mêmes. Mais l’œuvre peut également devenir participative en étant alimentée par les internautes.
Cette forme narrative offre également un autre point positif : conçu pour Internet, le webdoc est, par essence, accessible partout dans le monde, et ce gratuitement, comme le souligne Fabien Benoît, réalisateur de No es una crisis, un webdoc qui décrypte la crise espagnole : « Nous voulions faire un objet audiovisuel qui soit aussi bien visible en Espagne, qu’en France, ou ailleurs, un peu à l’image du 15-M » explique-t-il.