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Le génocide de Prijedor n’a jamais été reconnu

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Vingt et un ans après le génocide, commis par les nationalistes serbes à Prijedor, ville bosnienne de la région du Confin à la frontière croate, les survivants enterrent toujours leurs proches…

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Quarante-huit corps, récemment identifies  ont été rassemblés sur le stade « Poljana », pour un dernier hommage.

L’horreur se prolonge…

La plus jeune victime, Zlata Hrnic, avait tout juste eu 15 ans en cet été meurtrier 1992 et le plus âgé, Muharem Grozdanic, 68 ans.

Trois frères Besic ont péri. Hase et ses frères, Suad et Nihad, des jumeaux, ont été abattus sauvagement à Kozarac. Ils n’avaient que 21 ans et ont été retrouvés dans la fausse commune de Podgradci, près de Bosanska Gradiska, à la frontière croate.

Hava Tatarevic était présente au stade « Poljana ». Au cours de l’été 1992, son époux Muharem et ses six fils – Senad, Sead, Nihad, Zilhad, Zijad et Nishad – ont perdu la vie, matraqués à mort par les paramilitaires serbes. Elle a survécu et, depuis, cherchait sans relâche leurs dépouilles. Il aura fallu 21 ans à cette mère qui n`a jamais fait leur deuil. Les meurtriers, elle les connaît très bien, aucun d’entre eux n’a eu à répondre de ces actes sans nom.

Chaque famille a son histoire, une histoire particulière, souvent terrible et dont le seul récit est intolérable. Toutes attendent, en vain, des recherches et enquêtes officielles, de la part des autorités de la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Plus de deux décennies après, il n`y a jamais eu la moindre action dans ce sens. La justice ne fonctionne pas dans le  Confin bosnien.

La tentation révisionniste

L’actuel maire, Marko Povic, n’a pas assisté au dernier hommage  aux victimes. Lui, comme la plupart des habitants qui habitent la ville depuis le conflit, ne reconnaît ni les massacres, ni le génocide.

Lejla Cengic, la porte-parole de l’Institut des personnes disparues en Bosnie-Herzégovine explique sa démarche : « Toutes les victimes identifiés sont exhumés des fausses communes, très nombreuses dans le Confin à Jaharina Kosa, Stari Kevljani, Redak, Ljeskare, Koricanske Stijene, Hrastova Glavica, Lisac, Harbarine-Copici ou Tomasica, entre autres ».

Seulement 444 corps ont été retrouvés, dont 96 dans les fosses communes, autour de Prijedor et ailleurs, à Bosanska Krupa, Bosanska Gradiska, Bosanska Dubica, Bosanski Novi, Skeder Vakuf, Vukosavlje, Banja Luka ou encore Hrvatska Kostajnica.

Autour 2 082 victimes innocentes ont été retrouvées dans le Confin, en 21 ans. Pour 1 200 disparus bosniaques musulmans ou croates catholiques, il n’y a aucun indice.

Parmi les déportés, il y a eu 53 000 personnes et le nombre des victimes qui n’ont pas survécu des maltraitances dans des camps d’extermination, s’élève à 31 000. Pendant l’été 1992, dans cette seule région, 3550 civils bosniaques ont été tués, 186 Croates et un Serbe. 

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