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Les grands dossiers du nouveau président malien

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C’est un pays en grand travaux dont héritera le futur président malien. Après plusieurs mois de guerre, d’instabilité constitutionnelle et de délabrement économique, les Maliens attendent beaucoup de leur prochain chef d’Etat.

Un Mali économiquement délabré

La priorité du prochain président sera de redresser l’économie du Mali paralysée depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 qui avait renversé le président Amadou Amani Touré.

Depuis ces événements, le PIB national s’est contracté de 1,5%. Avant, le pays se situait à la 1175ème place sur 187 du classement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un classement qui a sans doute vu la position du Mali reculer durant cette dernière année.

« La reconstruction concerne surtout le Nord, où l’insurrection islamiste et l’intervention française ont détruit l’ensemble des infrastructures des trois grandes villes que sont Gao, Tombouctou et Kidal », indique le professeur Michel Galy, professeur de géopolitique à l’Institut des relations internationales, interrogé par France 24.

« Mais après la reconstruction viendra le temps du développement. Car depuis 30 ans, si ce n’est 50, rien n’a été fait pour le Nord, où les milliers de francs CFA investis se sont éparpillés dans les sables de la corruption. Dans cette région, et tout particulièrement dans les villages touareg, il n’y a pas d’écoles, pas de puits, pas de routes, pas de centres de santé. Tout est à faire », ajoute le professeur.

De leur prochain président, les Maliens attendent également une nouvelle politique d’exploitation des richesses du sous-sol malien. Ce sont les mines d’or du Sud du pays qui ont assuré, ces derniers mois, un minimum de revenus au Mali.

Réunir le nord et le sud du Mali

Ce rebondissement économique ne sera malheureusement pas envisageable si les problèmes du Nord-Mali ne sont pas réglés auparavant. Or les revendications autonomistes des touaregs sont encore fortes et l’administration de Bamako, qui a peiné à se réinstaller au nord avant les élections, n’est pas encore revenue sur tout le territoire, faisant de l’Azawad, territoire revendiqué par les touaregs, une zone de quasi non-droit.

Après les accords de Ouagadougou, le 18 juin 2013, les autorités de Bamako et les touaregs sont parvenus à un compromis. Cet « accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali » censé engager les termes de la réconciliation nationale se confronte aux revendications de certains nordistes, notamment dans la région de Kidal.

« Ils (les touaregs) sont restés neutres durant la campagne car ils attendent surtout ce qui sortira des nouvelles négociations que le futur président devra organiser, selon les termes des accords de paix préliminaires, dans les 60 jours suivant son élection afin de définir le statut de l’Azawad, la zone revendiquée par les rebelles », explique ainsi Michel Galy à France 24.

Engager un grand dialogue national

Durant sa campagne, le candidat Ibrahim Boubacar Keita a maintes fois affirmé que la réconciliation nationale serait une priorité après son élection.

Sur ce dossier, IBK a affirmé qu’il ne négocierait ni sur « l’intégrité territoriale, ni sur la souveraineté du Mali », mais qu’il ouvrirait un dialogue « inclusif » pour que les Maliens se réconcilient.

Lors de son premier discours de campagne, tenu le 7 juillet dernier dans le stade de Bamako, devant plus de 300 000 personnes, IBK avait également avancé ses propositions pour un Mali uni et souverain. Une fois président, Ibrahim Boubacar Keita convoquera des Assises nationales du Nord, et ce avant la fin de l’année.

« Cette plateforme réunira les composantes communautaires du Nord-Mali : les forces politiques, les chefs traditionnels, les représentants de l’administration locale et centrale, des experts et des représentants de la société civile », avait-il déclaré devant ses partisans.

Régler les déficits de l’armée

A l’origine de la crise qui bouleverse le Mali depuis plus d’un an, les problèmes que traverse l’armée malienne seront également une des priorités du prochain président malien.

« Le nouveau pouvoir devra s’interroger sur la manière de restaurer la conception d’une armée républicaine qui ne l’est pas encore complètement. Il s’agit d’un travail de réorganisation qui peut prendre du temps », analyse André Bourgeot, spécialiste du Mali au CNRS, pour France 24. « Le vrai défi consistera à rappeler à l’armée ses obligations et ses devoirs, à savoir protéger la souveraineté du Mali », explique pour sa part Emmanuel Dupuy spécialiste des relations internationales au sein de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).

Dans le contexte malien, le futur président devra également rendre au Mali son armée. Les forces françaises sont engagées depuis maintenant plusieurs mois et les casques bleus de la Misma prennent désormais le relais. En tout, ce sont encore 12 000 soldats étrangers qui sont encore sur le territoire malien à ce jour.

Autant de militaires qui remplissent actuellement la mission de l’armée malienne. « Le président devra montrer que son armée peut assurer les mêmes missions que les troupes étrangères et devra œuvrer pour une meilleure répartition des tâches entre les forces internationales et les soldats maliens », explique encore Emmanuel Dupuy.

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