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Libération de Paris en 1944: qu’en ont pensé les Parisiens?

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Du 28 août au 2 septembre 1944, dans la semaine qui a suivi la libération de Paris, plus de 1000 personnes ont été interrogées « conformément aux proportions caractéristiques de la méthode de l’Institut, parmi des personnes des deux sexes, de tout âge (au-dessus de 20 ans), appartenant aux différentes catégories professionnelles », comme le raconte Jean Stœtzel, fondateur de l’Ifop, dans le rapport de l’enquête.

« Nous avons calculé à la main en faisant des bâtons »

Hélène Riffault, fidèle collaboratrice de Jean Stœtzel, insistait quant à elle sur les difficultés concrètes de réalisation du sondage.

« Il est juste de dire que les conditions étaient difficiles. Une vingtaine de personnes dispersées dans Paris avaient accepté d’être enquêteurs. Nous avons ronéotypé [polycopié] les questionnaires (une page sur du très mauvais papier) et nous sommes allés les porter avec nos bicyclettes (il n’y avait pas encore de transports en commun) à chacune de ces personnes… Les réponses ont été rapportées par les enquêteurs et nous avons compté les résultats à la main en faisant des bâtons puis calculé les pourcentages à la règle à calcul », écrivait-elle.

Comme le rappelle Jean Stœtzel, les enquêteurs ont en effet dû faire face à  « la privation de relations postales et à l’absence de courant électrique pour exploiter les résultats ».

La résistance a joué « un rôle considérable » pour 66% des Parisiens

Malgré ces conditions précaires de fabrication, le sondage apporte plusieurs éléments précieux sur l’état de l’opinion des Parisiens, au lendemain de la libération de Paris, le 25 août 1944.

Ainsi, l’enquête révèle que 55,6% des Parisiens sont allés voir le défilé du Général de Gaulle sur les Champs-Élysées. « Parmi ceux qui n’y étaient pas, un bon nombre ont indiqué spontanément un motif à cette absence ; des raisons de famille ou des raisons de santé sont bien souvent évoquées », précisait l’Ifop après l’enquête.

61,9% des Parisiens interrogés considéraient également que le rôle des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur, un des principaux mouvements de résistance) a été d’une importance considérable dans la libération de la capitale.

Les Parisiens, optimistes sur la fin de la guerre

Le sondage montre aussi le sentiment d’euphorie et d’optimisme qu’a connu la population parisienne à la suite de la libération.

Concernant la date de la fin de la guerre, 72,4% des Parisiens estimaient par exemple que le conflit pourrait s’achever entre fin octobre et fin décembre 1944. Seuls 17% prévoyaient alors la fin de la guerre en 1945 ou plus tard.

Défaite allemande : la faute de l’URSS

À la question de savoir quel pays avait le plus contribué à la défaite allemande, une majorité (61%) des interviewés considérait l’URSS comme principale « fautive ». Les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs de la France, ne recueillent respectivement que 29,3% et 11,5%.

En 1994, à l’occasion du cinquantième anniversaire du débarquement allié du 6 juin 1944, l’Ifop réalise une nouvelle étude, internationale cette fois-ci – pour Le Monde, CNN et USA Today – et pose cette même question. 49% des Français interrogés ont cité les États-Unis comme pays ayant le plus contribué à la défaite allemande, contre 25% pour l’URSS et 16% pour la Grande-Bretagne.

Le regard vers l’avenir…

À la question de savoir quelle nation aidera le plus la France à se relever après la guerre, ce sont les États-Unis qui remportent la majorité des voix (69%). C’est aussi le premier pays étranger où les Parisiens, s’ils en avaient les moyens, iraient faire du tourisme après la guerre.

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