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Lorsque les drones sont détournés de leur usage militaire

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Longtemps réservés au domaine militaire, les drones ne se limitent plus aujourd’hui aux zones de conflit. Expérimentés par certaines rédactions ou dans le cadre de recherches archéologiques, ces avions sans pilote se sont largement démocratisés depuis quelques années.

Le drone au service de l’archéologie et de l’agriculture

Au Pérou, ces engins sont de plus en plus utilisés pour observer les exploitations agricoles : « Dans l’agriculture, les drones permettent d’observer une plus grande surface de cultures pour estimer la santé des plants et leur croissance. Les appareils photos dont les drones sont équipés fournissent 500 données (…) là où l’oeil humain n’en perçoit qu’à peine 10 », explique à l’AFP Hildo Loayza, un chercheur péruvien spécialisé dans l’utilisation de drones pour l’agriculture. Ces appareils qui peuvent voler jusqu’à une heure sans interruption,  permettent de « mesurer la lumière et de repérer les maux des cultures tels que le stress lié à la chaleur, à la sécheresse ou au manque de nutriments ».

Plus impressionnant encore, le drone est également exploité dans le cadre de recherches archéologiques au Pérou. Discret et léger, il est capable de prendre des photos et de réaliser des vidéos en haute définition. Leur grande précision aide ainsi les archéologues dans leurs travaux, leur permettant de cartographier des sites.

Le drone, le livreur de pizza du futur ?

Ce n’est pas la première fois que le drone est détourné de son utilisation militaire. Au mois de juin dernier, la chaîne de restaurant Domino’s Pizza au Royaume-Uni avait fait parler d’elle en remplaçant un livreur de pizza par un engin volant télécommandé baptisé « Domicopter ».  Plus rapide que le scooter, le drone avait pu éviter le trafic et les feux et livrer la pizza encore chaude au client.

Un « drone journalisme » ?

De plus en plus de rédactions se penchent sur cette nouvelle technologie. En France, le Lab de l’Express a expérimenté pendant trois mois le « drone journalisme ». Pour les médias, ces appareils ont l’avantage de réduire le coût, de filmer des évènements avec une plus grande étendue spatiale, mais surtout de couvrir des catastrophes, les incendies, les inondations, les tempêtes, inaccessibles en temps normal. Aux Etats-Unis, plusieurs universités américaines se tournent vers l’étude de ces engins au service du journalisme : en novembre 2011, le professeur Matt Waite a, par exemple, lancé le « Drone Journalism Lab » à l’université du Nebraska. De même pour l’université du Missouri qui a ouvert un programme spécifique en collaboration avec l’école de journalisme, et le Programme de technologie de l’information. 

Une vidéo a particulièrement marqué les esprits : en novembre 2011 à Varsovie, en Pologne, un drone a survolé des manifestations violemment réprimées par les autorités. Les images captées par l’engin avait ensuite été diffusées sur les chaînes de télévision du monde entier.  

Législation complexe

Surtout utilisés dans le cadre de la recherche, ou à des fins privées, les drones ne peuvent pas être exploités à des fins commerciales aux Etats-Unis, car ils posent la question de la violation de la vie privée . « Bien sûr, les drones peuvent poser des problèmes éthiques et avoir une incidence sur la vie privée, mais c’est aussi le cas des appareils photos sur les téléphones. Face au développement des caméras sur les téléphones, les gens se sont alarmés, pensant que les gens seraient photographiés à leur insu dans les vestiaires ou dans leur salle de bain. Comme les autres technologies, il peut y avoir un abus de l’utilisation des drones. Mais ces engins volants peuvent également être utilisés à bon escient, à des fins utiles » estime Matt Waite de l’université du Nebraska.

Un point de vue partagé par Matthew Dickinson, conseiller technique sur le projet des drones à l’Université du Missouri : « Les journalistes ayant recours aux drones  utilisent les mêmes normes éthiques qu’avec un appareil photo classique.  Aujourd’hui,  les drones commencent juste à évoluer. Si l’on se penche sur l’histoire de n’importe quelle nouvelle technologie, lorsqu’elle a été introduite, on se rend compte que les gens ont besoin de comprendre comment elle fonctionne et comment elle peut être utilisée ».

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