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Meurtre de Benazir Bhutto: l’ex-président Musharraf devant la justice

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Le 18 août 2008, l’ancien président pakistanais Pervez Musharraf présentait sa démission lors d’une allocution télévisée, annonçant qu’il quittait le pouvoir plutôt que d’être destitué par son gouvernement. « Je laisse mon avenir dans les mains du peuple », avait-il lâché à la fin de son discours, le visage sombre.

Cinq ans plus tard, l’ancien général doit comparaître devant un tribunal antiterroriste du Pakistan pour son inculpation dans le meurtre de l’ancienne Première ministre et leader de l’opposition, Benazir Bhutto, le 27 décembre 2007, deux semaines avant les élections législatives de 2008.

Une audience déjà reportée

Prévue pour le mardi 6 août, l’audience de Pervez Musharraf a finalement été reportée au mardi 20 août, l’ancien président pakistanais ayant refusé de se présenter devant le tribunal pour des raisons de sécurité.

« Ils ont reçu des lettres de menace », a déclaré le procureur général Mohammad Azhar à un tribunal antiterroriste de Rawalpindi – la ville où Benazir Bhutto a été tuée – ajoutant que l’avocat de Pervez Musharraf avait officiellement demandé au tribunal de retarder la procédure jusqu’à ce que la situation sécuritaire se soit améliorée.

La fin d’un tabou ?

L’affaire, suivie de près au Pakistan, a brisé un tabou dans le pays : celui de l’immunité des hautes autorités militaires. L’inculpation de l’ancien chef des armées est sans précédent dans un pays gouverné pendant plus de trente ans par l’armée.

Placé en résidence surveillée dans sa villa près de la capitale Islamabad, l’ancien président, rentré fin mars au Pakistan après quatre ans d’exil, est rattrapé par plusieurs affaires, dont celle du meurtre de l’ancienne chef d’opposition Benazir Bhutto.

Ex-dirigeante du Parti du Peuple pakistanais de 1984 à 2007, elle avait été deux fois Première ministre du Pakistan, devenant ainsi la première femme élue démocratiquement à la tête d’un pays à majorité musulmane. 

Un rapport mandaté par l’ONU sur l’affaire et rendu public en 2010 remet notamment en cause le rôle du gouvernement pakistanais, l’accusant de ne pas avoir garanti la sécurité de Benazir Bhutto qui aurait dû bénéficier d’une meilleure protection en tant qu’ancienne Première ministre.

Violation des droits humains

Selon Amnesty International, « des centaines, sinon des milliers de personnes, ont “disparu” quand Pervez Musharraf dirigeait le pays, notamment des militants des droits humains. Dans sa dernière année au pouvoir, en 2007, Pervez Musharraf a aussi réprimé l’appareil judiciaire et les médias indépendants », a déclaré Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique de l’ONG.

« Il est encourageant de voir que les tribunaux prennent la décision d’obliger un ancien chef de l’armée à rendre des comptes pour son implication présumée dans des crimes relevant du droit international. Pervez Musharraf doit cependant être tenu responsable de toutes les violations commises lorsqu’il était à la tête du pays », a-t-elle ajouté.

Pervez Musharraf doit également comparaître le 10 septembre prochain devant la Justice dans le cadre de l’assassinat, en 2006, de l’ex-leader nationaliste baloutche, Akbar Bugti.

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