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Mort d’Aboubakar Chekau: Qui sont les islamistes de Boko Haram?

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Depuis plusieurs mois, l’armée nigériane avait lancé une grande offensive pour chasser les islamistes de Boko Haram. Une offensive qui porte aujourd’hui ses fruits puisque selon un rapport des services de renseignements, le chef de la secte islamiste « serait mort », blessé par balles.

Une information qui doit désormais être recoupée dans la mesure où aucune source indépendante n’a confirmé ce décès.

La secte islamique Boko Haram a beaucoup fait parler d’elle ces derniers mois. Ce groupe est notamment à l’origine de l’enlèvement de la famille française Moulin-Fournier en février dernier. Moins connu pour ses enlèvements que pour la persécution des chrétiens du nord du Nigéria, les islamistes de Boko Haram sont devenus la cible du président nigérian Goodluck Jonathan qui a débloqué d’importants moyens pour venir à bout de ces terroristes.

L’éducation occidentale est un péché

Boko Haram, littéralement « l’éducation occidentale est un péché », a été créé à Maiduguri dans l’État de Borno, au nord, près de la frontière avec le Cameroun, le Niger et le Tchad. Le groupe s’est fait connaître en 2009, après une série de violences qui ont tué plus de 800 personnes, dont le chef du groupe Mohammed Yusuf, tué pendant sa garde à vue. Par la suite, le mouvement a énormément recruté, et l’exemple de Yusuf est devenu un motif de vengeance.

Boka Haram combat aujourd’hui pour faire appliquer la charia dans tout le pays. Ses membres sont accusés de centaines d’attaques dans Borno, qui visent la plupart du temps la police, les églises et les bars.

Al-Qaïda mène la danse

Le développement du pouvoir et des moyens d’actions de Boko Haram sont liés à plusieurs facteurs, notamment leurs liens avec les branches d’Al-Qaïda en Afrique comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQIM) et les Shebab en Somalie. Certains membres de Boko Haram auraient même été entraînés au Niger et en Somalie selon un officier des renseignements nigérians.

« Il y a évidemment des liens entre AQIM et Boko Haram, et il est clair qu’AQIM veut faire de Boko Haram un groupe plus fort », affirmait Peter Sharwood-Smith, directeur national pour le cabinet de consulting Drum Cussac.

Boko Haram, arme politique

Bien que Boko Haram ait été créé dans le sillage d’affrontements locaux, les autorités suspectent désormais plusieurs politiciens du nord du pays, grands perdants des dernières présidentielles remportées par un sudiste, d’avoir subventionné le groupe afin de déstabiliser le gouvernement de Goodluck Jonathan.

« Les forces principales derrière la nouvelle puissance de Boko Haram sont certainement nigérianes plutôt qu’étrangères », prophétise Peter Sharwood-Smith. Plusieurs milices privées, établies, financées, utilisées par des politiciens et plus tard abandonnées, ont été contraintes de rejoindre Boko Haram, ce qui a contribué à l’augmentation de la violence.

Fracture nord/sud

Goodluck Jonathan a, dans un premier temps, essayé de minimiser les différends religieux et locaux, ce qui a nourri la campagne de Boko Haram et creusé le fossé qui existe entre le nord et le sud du pays. Un comité présidentiel, mis en place pour analyser les dissenssions au nord du pays, a reconnu l’incapacité du gouvernement à résoudre les soulèvements sociaux qui ont engendré une augmentation des violences.

Le gouvernement devrait « prendre des mesures d’autonomisation économique pour les très nombreux jeunes chômeurs du nord », a conseillé Usman Galtimari, président du comité, lors de la remise du rapport.

Il existe un contraste économique flagrant entre le nord à majorité musulmane et le sud, principalement chrétien. L’échec du développement au nord a créé un climat de désespoir et a permis aux extrémistes d’attirer les démunis et marginaux.

Une secte difficile à cibler

La structure très floue de Boko Haram, le nombre indéfini de ses membres et ses moyens de financements inconnus sont autant de raisons qui rendent très difficile le démantèlement de ce groupe par le gouvernement.

Le rapport qu’il a reçu proposait le dialogue avec la secte. Récemment, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a tenté d’entamer des pourparlers avec la famille de l’ancien chef de Boko Haram, Yusuf Mohammed : la démarche s’est achevée dans un bain de sang. Le lendemain, le beau-frère de Yusuf était assassiné.

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