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Sergueï Bubka, le Tsar qui veut prendre de la hauteur

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L’équilibre du corps et de l’esprit. « Il ne faut pas se tromper, c’était un tueur en compétition, il est pareil dans le business. Il est dur avec les autres, comme il l’est avec lui-même. » Des paroles d’un observateur proche du Tsar –son surnom- qu’aucun ne saurait contredire. Bubka, ce n’est pas seulement quelqu’un qui a dominé sa discipline, établissant entre 1984 et 1994 trente-cinq records du monde de saut à la perche, mais un athlète à la tête bien faite qui veut accompagner le sport dans son évolution.

Alors même qu’il sautait encore au-dessus de barres situées à plus de six mètres du sol, la légende ukrainienne préparait sa reconversion. « C’est quelqu’un qui a toujours vu loin. Et pas uniquement pour ce qui le concernait, mais également pour le sport ou pour son pays », déclarait en 2004 dans Lequipe, Philippe Lamblin, un ancien président de la Fédération française d’athlétisme. Une ouverture d’esprit et un désir d’apprendre qu’il a cultivé dès ses premiers sauts, alors sous les couleurs de l’URSS.

Aussi performant dans le stade qu’en-dehors

Le Soviétique a grandi dans un environnement chaotique, au bord des mines de Donetsk. Un apprentissage de la vie qui l’a forgé et qui lui a tout de suite offert une vision plus élargie que la simple réussite sportive. « Nous savons effectivement davantage que les autres ce qu’est la réalité de l’existence et ses difficultés », avait ainsi concédé -à nouveau dans les lignes du quotidien sportif- l’ancien perchiste.

Lui, est conscient que l’après-carrière d’un sportif peut virer au véritable cauchemar. Alors pour éviter la mauvaise chute, ce qui n’est pas son genre, le Tsar a anticipé : « Le problème, c’est que, durant toute leur carrière, les sportifs vivent dans la virtualité. On leur déroule le tapis rouge, tout leur est dû, on les applaudit, on leur dit qu’ils sont formidables, ils signent des autographes toute la journée. Aussi, quand ils arrêtent, le retour à la vie est brutal. Ils sont alors confrontés à une réalité dont, souvent, ils ne connaissaient même pas l’existence. »

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Une expérience enviable

Alors, il va les accompagner. Son point de vue d’athlète lui permet d’être entendu. Son statut de champion lui offre une qualité d’écoute non négligeable, dans un milieu ébranlé par beaucoup trop d’intermédiaires. Arrivé dans les rangs du CIO dès 1999, soit une année avant d’arrêter une carrière sportive bien remplie, avec six titres de champion du monde, une médaille d’or olympique, un titre européen et des records en plein air (6,14m) et en salle (6,15m) qui sont toujours d’actualité ; Bubka a très vite pris la présidence de la commission des athlètes du CIO en 2002, représentant ses camarades durant six ans.

En parallèle, il est élu président du Comité ukrainien olympique en 2005, vice-président de la Fédération internationale d’athlétisme en 2007, tout en menant une vie de politique durant quatre années, lui qui a siégé au parlement ukrainien de2002 à 2006. Mais ce n’est pas tout, l’hyperactif a dirigé dans le même temps une des plus importantes banque d’affaires ukrainienne, la Rodovid Bank, ainsi que des sociétés d’import-export. Ou quand le champion incontesté se mue en businessman accompli. Son CV est impressionnant et les soutiens nombreux.

 

 

Election le 10 septembre prochain

Ça tombe bien, il est favori pour prendre la succession de Jacques Rogge à la tête du CIO en septembre. « Avant, j‘étais athlète, ensuite, je suis passé dans l’encadrement, j’ai monté ma propre entreprise et je considère que toutes ces expériences vont m’aider à diriger le CIO, mais ce qui est le plus important, c’est d’enclencher le mouvement », a estimé pour Euronews le Tsar. Deux priorités pour lui : la jeunesse et le dopage. La phase d’apprentissage de sa reconversion  semble accomplie, le voilà légitime dans ce monde feutré.

« Nous devons encourager les jeunes à être plus actifs, à s’entraîner physiquement, à faire du sport, pour améliorer leur santé. Parce qu’aujourd’hui, ils regardent la télé, ils s’assoient devant un ordinateur, et ils passent beaucoup de temps sur internet et les réseaux sociaux. On ne peut pas perdre cette génération », peste Bubka, qui sait que l’exemple des sportifs actuels est primordial pour l’évolution de ces jeunes. Ainsi, les affaires de dopage qui secouent le sport l’agacent, et il s’est d’ores et déjà positionné en faveur d’une réglementation plus dure. Et, lui président, il a promis de reverser son salaire à une œuvre de charité. Le voilà dans la dernière ligne droite, prêt à franchir cette ultime barre. La plus haute.

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