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Tuerie de Fort Hood: Nidal Malik Hassan se défendra seul

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C’est un procès inédit qui s’est ouvert ce mardi 6 août aux Etats-Unis. Nidal Malik Hassan, auteur de la fusillade de Fort Hood, au Texas qui avait fait 13 morts et 32 blessés le 14 novembre 2009, comparaît devant une cour martiale et risque la peine de mort.

Nidal Malik Hassan assurera lui-même sa défense

Il y a trois ans et demi, et alors qu’il allait partir servir en Afghanistan, ce psychiatre de l’armée américaine avait ouvert le feu sur des militaires, avec qui il travaillait, en criant de « Allah akbar » (« Dieu est grand » en arabe).

Né en Virginie et de parents palestiniens, cet officier de 42 ans n’a jamais nié les faits et a même souhaité plaider coupable lors de ce procès. Cependant, comme la loi militaire l’interdit, Nidal Malik Hassan a souhaité ne rien faire pour se défendre et assurera seul sa défense – une non-défense.

« Le 5 novembre 2009, 13 soldats américains ont été tués et de nombreux autres blessés. Les preuves vont clairement montrer que je suis le tireur », a-t-il affirmé à l’ouverture de ce procès devant la cour.

La culpabilité de l’auteur de cette fusillade ne fait pas de doutes et c’est en fauteuil roulant – il est paraplégique depuis les faits en raison d’un projectile reçu dans le dos – qu’il assurera sa défense pour éclairer les faits.

Les témoins interrogés par l’accusé

Lors de l’ouverture de son procès, le prévenu s’est exprimé durant environ deux minutes, indiquant que « les témoins qui seront appelés à la barre diront que la guerre est une chose laide ». « La mort, la destruction, la dévastation sont essentielles des deux côtés, ami comme ennemi », a-t-il ajouté.

Parmi ces personnes qui seront appelés à témoigner, ils sont nombreux à avoir été victimes de ce psychiatre de l’armée et le procès prendra une tournure surprenante dans la mesure où les victimes seront de fait interrogées par l’auteur des faits.

« Devoir affronter un gars qui a essayé de vous tuer, vous et vos amis, et devoir être cordial et sympathique en même temps, ça va être difficile », a ainsi confié Shawn Manning, également spécialiste de la santé mentale et qui a été victime des coups de feu de Nidal Malik Hassan.

« J’espère qu’il ne va pas me poser de questions, mais je m’y suis préparé », a-t-il ajouté.

« Je pense qu’il fait cela pour continuer à se moquer de nous et à nous persécuter », a pour sa part estimé Kimberley Munley, une blessée et ancien officier de police de la base militaire de Fort Hood.

Au total, plus de 250 personnes seront appelées à la barre pour témoigner durant ce procès qui devrait durer entre 1 et 4 mois, selon les estimations du juge. Le suspect a d’ores et déjà annoncé qu’il n’appellerait que deux témoins à la barre.

Une tribune politique pour l’accusé

Durant ces mois de procès, si Nidal Malik Hassan ne cherchera pas à nier les faits, il tentera néanmoins de les justifier. Avant les faits, le psychiatre de l’armée américaine se plaignait d’être victime de harcèlement sur la base, en raison de sa religion. Son départ prochain en Afghanistan suscitait chez lui une grande inquiétude.

Il pourrait également tenter de se servir de ce procès comme d’une tribune politique, comme l’a indiqué le juge lors de l’ouverture, invitant l’accusé à se concentrer sur l’essentiel, sur les faits et lui interdisant de tenter de prouver au jury qu’il pensait sauver la vie de musulmans en Afghanistan en empêchant son unité de partir au combat.

Nidal Malik Hassan est considéré par le FBI comme un proche d’Al-Qaïda bien qu’il n’ait jamais intégré un groupe en particulier. Il correspondait néanmoins avec un imam radical par courriel.

La peine capitale contre Nidal Malik Hassan

Tout l’enjeu de ce procès résidera dans la peine qui sera infligée au futur condamné. En effet, le procureur, le colonel Steve Henricks, tentera d’affirmer pendant le procès que l’accusé avait prémédité son acte.

« Les preuves montreront que Hasan ne voulait pas être envoyé en Afghanistan et qu’il était porteur d’un devoir de djihad pour tuer le plus de soldats possible », a-t-il annoncé dès l’ouverture du procès.

Cette préméditation pourrait notamment justifier la peine de mort à l’encontre du coupable. Néanmoins, si cette peine était requise, elle ne serait sûrement pas appliquée avant plusieurs décennies. L’armée américaine n’a pas appliqué de peine capitale sur l’un de ses membres depuis 1961.

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