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Algérie: un blogueur publie un manifeste pour l’homosexualité

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Jeune blogueur algérien et militant des droits de l’homme, Zak Ostmane a publié sur son compte Facebook, le 4 septembre dernier, un manifeste pour l’homosexualité. « Je suis un jeune homosexuel, qui paye au quotidien le prix fort de mon orientation sexuelle, que je n’ai cessé de revendiquer sans honte, car j’estime que c’est un droit élémentaire, indispensable au développement de ma personne, à mon épanouissement », écrit-il.

Soucieux de soulever des questions taboues dans la société algérienne, le jeune algérois accuse « les lois de la République algérienne »  de «  réprimer tout ce qui n’entre pas dans la norme et le conformisme religieux et constitutionnel. »

Un délit passible de deux mois à deux ans de prison

En Algérie, l’homosexualité est considérée comme un délit passible de deux mois à deux ans de prison et d’une amende allant de 500 à 2 000 dinars algériens, selon les articles 333 et 338 du code pénal.  

Les homosexuels sont également victimes d’arrestations et confrontés à l’homophobie ambiante dans les administrations algériennes : « Si l’on est victime d’une agression homophobe dans la rue et que l’on va au commissariat pour déposer plainte, automatiquement la plainte se retourne contre nous », confie Zak Ostman à JOL Press.

« J’accuse »

Le blogueur de 31 ans accuse aussi les hommes politiques, la presse algérienne, ainsi que les intellectuels et les artistes de n’avoir rien fait pour changer cette situation : « Depuis des décennies, personne n’en parle », déclare-t-il avant de poursuivre : « Pendant la décennie noire, la guerre civile algérienne [1991-2000], il y a eu une élimination de la communauté homosexuelle. Un nombre important d’homosexuels ont été assassinés. Tout le monde a passé cela sous silence. »

« Prendre le train de la modernité »

Celui qui s’était déjà mobilisé pour soutenir la Femen tunisienne Amina Sboui s’adresse dans son manifeste à tous « ceux qui veulent prendre le train de la modernité, d’un état de Droit, de l’émancipation de la société, et construire un véritable état démocratique respectueux des libertés individuelles et collectives ».

Repris par le site AlgérieFocus, le texte a reçu le soutien de plusieurs personnalités comme l’auteure algérienne Wassila Tamzali, la réalisatrice tunisienne Nadia Al Fanni, ou encore la blogueuse tunisienne Lina Ben Mhenni. Depuis la publication de ce court texte, Zak Ostmane doit faire face aux menaces de mort :  « Je risque d’être lynché ou assassiné par des islamistes. Je reste cloîtré chez moi. » Mais le militant n’affiche aucun regret : pour lui« la liberté se paye, et la vie est un éternel combat. »

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