Angela Merkel est quasiment assurée d’être réélue à l’issue des élections législatives allemandes de ce dimanche 22 septembre. Et si les français avaient à se prononcer, ils seraient 56 % à reconduire également la chancelière allemande, selon un sondage OpinionWay pour Le Figaro et LCI publié vendredi. Mais qu’a donc-t-elle fait pour mériter autant de soutien ? Si elle a indéniablement réussi sur les plans européen et économique, les analystes sont bien plus partagés sur sa politique interne et sociale.
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Plébiscitée par les Allemands, et y compris par les Français – enquête OpinionWay pour Le Figaro et LCI du 20 septembre -, la chancelière d’outre-Rhin Angela Merkel doit cependant défendre son bilan sans éclat devant les électeurs, à l’approche des élections législatives de ce dimanche.
La « Reine de la nuit » à Bruxelles critiquée
La chancelière allemande a eu un rôle majeur dans la gestion de la crise européenne du fait du rôle de locomotive économique que joue l’Allemagne au sein de l’Union Européenne. Elle lui a permis de ne pas éclater, choisissant l’option d’approfondissement des structures de pilotage et d’harmonisation européennes.
Surnommée la « Reine de la nuit » à Bruxelles, elle a néanmoins toujours fait passer l’intérêt du contribuable allemand avant celui des autres. Angela Merkel a ainsi sauvé certaines banques allemandes, créé un dispositif de chômage partiel enrayant le chômage outre-Rhin, et a favorisé sa politique d’exportation vers la Chine et la Russie.
Néanmoins son style, à la fois égoïste et brutal, ne lui a pas valu les faveurs des Etats de l’Europe du Sud. Les peuples grec et chypriote, en tête de fil, lui reprochent vivement son manque de solidarité en ses temps de crise.
Riche héritière de ses prédécesseurs
L’Allemagne connait une forte baisse du chômage et des grandes rentrées fiscales – 8,5 milliards d’euros pour le 1er semestre 2013 –, depuis quatre ans. En réalité, les analystes politiques et économiques s’accordent à dire que les mesures de flexibilité utilisées durant la crise, sont les fruits des années Schröder, et de la grande coalition de 2005-2009. Et Angela Merkel en récolte les retombées économiques et sociales.
Gerhard Schröder, ancien chancelier SPD allemand de 1998 à 2005, a en effet lancé un paquet de réformes libérales de l’Etat providence visant à lutter contre la hausse du chômage et les mauvaises perspectives économiques. Quant à la grande coalition alliant les sociaux-démocrates (SPD) et les chrétiens-démocrates (CDU), sous la direction de la chancelière Merkel, elle a introduit un bon nombre de réformes structurelles, tels que l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, l’indemnisation du chômage partielle et le fédéralisme renforcé.
En 2012, l’Allemagne a également retrouvé l’équilibre de ses comptes publics, malgré l’augmentation de près de 7% des dépenses fédérales ces quatre dernières années. Et cela s’explique davantage par la bonne gestion des comptes par les Länder – les Etats Fédérés – et par les assurances sociales chargées des impôts, que par l’action du gouvernement d’Angela Merkel, rapporte l’Expansion.
« Une Allemagne qui tombe en ruine » titrait l’hebdomadaire libéral Die Zeit cet été
Angela Merkel se voit reprocher de ne pas avoir assez investi dans le domaine public, notamment pour améliorer la qualité déclinante des routes et celle du réseau Internet.
Par ailleurs, elle a mis un terme à plusieurs promesses qui lui avaient value d’être élue en 2009. A commencer par « le contrat de coalition » qui visait principalement à réduire les impôts en moyenne de 24 milliards d’euros par an sur la législature. Or, rien n’a bougé depuis. La chancelière y a même mis fin officiellement le 10 mai 2010 en faisant de la consolidation budgétaire la priorité de son mandat. De plus son revirement sur le nucléaire en 2011 à la suite de l’accident de Fukushima, s’est traduit par une hausse du coût de l’énergie, soit des coûts de production de l’industrie allemande. Une augmentation qui se révèle problématique dans un pays qui mise essentiellement sur la compétitivité de ses exportations.
De plus, Peer Steinbrück lui reproche d’avoir instauré « une fracture sociale au sein de la société allemande » du fait du creusement des inégalités et de la forte augmentation du nombre de travailleurs pauvres. Ces critiques l’ont d’ailleurs obligée « à assouplir » sa position et à promettre la création d’un salaire minimum, par branche, en cas de réélection ce dimanche 22 septembre.
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