Site icon La Revue Internationale

Assiste-t-on au déclin des Femen?

[image:1,l]

Amina, «la première Femen tunisienne» quitte le mouvement

Les coups durs s’enchaînent pour les Femen depuis quelques semaines. Il y a d’abord cette nouvelle qui tombe le 20 août dernier : Amina Sboui, celle qu’on surnommait la « première Femen tunisienne », quitte le mouvement qu’elle considère comme « islamophobe ». Dans l’interview accordée au Al Huffington Post Maghreb, la jeune femme de 19 ans s’interroge aussi sur le financement « douteux » de l’organisation.

Nouveau coup de théâtre une semaine plus tard, lorsque la police ukrainienne annonce avoir retrouvé des armes dans un local des Femen à Kiev. Aussitôt, les activistes dénoncent « une provocation » des autorités. « Les armes ont été déposées par les services spéciaux ukrainiens et russes lors d’une opération spéciale » lancent-elles sur les réseaux sociaux. 

«Ukraine is Not a Brothel»: le docu qui révèle la face cachée des Femen 

La sortie du documentaire « Ukraine is Not a Brothel » – « L’Ukraine n’est pas un bordel » en français intervient comme un nouveau coup de massue pour le groupe féministe ukrainien. Présenté hors compétition au festival international du film de Venise, le film pointe certains paradoxes du mouvement. Notamment l’influence d’un homme, Victor Svyatsky – l’un des idéologues du mouvement – sur les activistes. Dans le film il confie : «Ces filles sont faibles. Elles n’ont pas un caractère fort. Elles n’ont même pas le désir d’être fortes. Elles se montrent soumises, molles, pas ponctuelles, et plein d’autres facteurs qui les empêchent de devenir des activistes politiques. Ce sont des qualités qu’il est essentiel de leur apprendre » rapporte Slate.fr.

«Un angle subjectif»

Les Femen ont réagi sur Facebook mettant en avant la dimension subjective de l’angle choisi par la réalisatrice australienne Kitty Green, qui aurait vécu avec cinq militantes Femen pendant un an à Kiev.  

« Dans la plus pure tradition patriarcale, Victor Svyatsky a tenté de dominer Femen et s’est auto-proclamé leader du mouvement, avant d’en être écarté au terme de mois de conflits ». Les féministes assurent que Victor Svyatsky n’a jamais été impliqué au sein du nouveau QG des Femen ; le Lavoir Moderne Parisien, situé dans le quartier de la Goutte d’or à Paris : « son influence s’est arrêtée à l’heure de l’internationalisation du mouvement » précisent-elles.

 « Le mouvement FEMEN est né dans la société au combien patriarcale de l’Ukraine, et c’est en faisant l’expérience de cette pression masculine que FEMEN a pu devenir un des mouvements féministes les plus puissants au monde (…) » tentent-elles de se justifier avant de conclure les militantes : « assument cette époque révolue de leur Histoire, qui leur a appris à identifier l’oppression patriarcale dans toutes ses formes, de la plus insidieuse à la plus manifeste, et qui leur a appris à la vaincre ».

Des questions sans réponses autour des Femen

« Il y a d’énormes contradictions dans le mouvement Femen » déplore Iseul Turan, une étudiante de 21 ans qui s’est infiltrée pendant sept semaines chez les activistes féministes afin de comprendre leur démarche. « La façon dont elles forment leurs militantes est incomplète. C’est une espèce d’énorme agence de communication, qui tourne comme un business. Tout ce qu’elles revendiquent n’est pas fondé, pas travaillé. C’est donc assez logique qu’elles arrivent dans cette impasse » estime l’étudiante en droit contactée par téléphone. 

Pour elle, des questions sans réponses demeurent autour de ce groupe contestataire : « Comment sont financées les actions ? Qui sont ceux qui gagnent cet argent et dans quel but ils le font-ils ? Des questions auquel malheureusement personne n’a de réponses » déplore-t-elle.  Son infiltration au QG des sextrémistes  lui a permis de voir la face cachée du mouvement : un « gros manque de formation », « aucun travail de fond », « opacité totale », la jeune femme ne mâche pas ses mots. « On a l’impression d’être des soldats lorsqu’on est là-bas » lance-t-elle.  Comme Amina Sboui, Iseul Turan estime qu’il s’agit d’un mouvement islamophobe : « pour les activistes, la religion asservit la femme et doit être éradiquée » explique-t-elle.

Les Femen, un mouvement islamophobe ?

En avril dernier, le mouvement Muslimah pride avait dénoncé via Internet l’islamophobie du mouvement. Révoltées par les actions coup de poing des Femen devant la Mosquée de Paris et lors du « Topless Jihad Day », un groupe de musulmanes avait donné naissance à une page Facebook baptisée « Muslim Women Against Femen » dans le but de dénoncer « le racisme et l’islamophobie dont font preuve les Femen ».  « En voulant à tout prix ‘libérer’ les femmes musulmanes, elles s’inscrivent dans l’idée que  les femmes blanches ont besoin de sauver les femmes de couleur des hommes de couleur . En agissant de la sorte, les Femen font plus de mal que de bien, et nient la capacité des femmes musulmanes à pouvoir changer les choses elles-mêmes » expliquait à JOL Press, April, l’une des membres du mouvement.

En juillet dernier, la leader des Femen, Inna Shevchenko, avait ravivé la polémique en postant sur Twiter un message anti-islam dans lequel elle qualifiait le ramadan de « stupide » et la religion musulmane d’une des plus « moches », avant de supprimer le tweet. 

Quitter la version mobile