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Cameroun: l’opposition tente de se faire une place à l’Assemblée

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Les électeurs camerounais sont invités à se rendre aux urnes, lundi 30 septembre, à l’occasion des élections législatives qui devront renouveler les 180 sièges de l’Assemblée nationale ainsi que des élections municipales qui permettront l’élection de 10 000 conseillers municipaux.

Eternelle victoire du camp présidentiel

22 559 bureaux de vote seront ouverts à cette occasion. Il y a cependant peu à attendre de ce scrutin qui paraît déjà acquis à la cause du président en place, Paul Biya.

En effet, depuis son entrée en fonction, en 1982, à la suite de la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo et du retour au multipartisme, autorisé en 1990, c’est le camp présidentiel qui a toujours remporté les scrutins. Et c’est pourtant la cinquième fois depuis cette dernière réforme que les Camerounais renouvellent la chambre basse de leur parlement.

Cette année encore 29 partis politiques pour les élections législatives et 32 pour les élections municipales tenteront de remporter une part de ce scrutin, mais l’affaire semble déjà conclue.

En effet, lors des trois précédents scrutins législatifs, l’histoire a eu tendance à se répéter. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a remporté 116 sièges en 1997, 149 en 2002 et 153 en 2007.

Il n’y a qu’en 1992, année durant laquelle le parti de Paul Biya ne remportait que 88 sièges, que le président a été obligé de conclure une coalition avec l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) pour gouverner.

Les Camerounais se désintéressent de la chose publique

C’est donc un raz-de-marée qui est attendu lundi 30 septembre, comme les Camerounais en ont désormais l’habitude.

Et pourtant, l’opposition tente bien de renaître de ses cendres, comme en témoigne la naissance du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) qui veut se positionner en véritable force d’opposition face au président Paul Biya.

Mais pour compliquer la tâche de ces nouveaux partis qui tentent d’émerger, les Camerounais, sans doute lassés par le peu de suspens des scrutins, semblent se désintéresser totalement des élections.

« Les Camerounais globalement sont atteints par une désaffection vis-à-vis de la chose politique », explique le sociologue politique Claude Abé, interrogé par l’agence de presse Xinhua.

Un désintérêt qui, selon lui, s’explique par « le discrédit qu’on accorde à la chose électorale et aux institutions en charge de la gouvernance des questions électorales.»

L’opposition joue sa survie

Le Social Democratic Front (SDF), actuelle principale force d’opposition, peinera sans doute, encore cette fois, à se faire une place dans l’hémicycle. Et pourtant, ce scrutin sera sans doute déterminant pour montrer que le Cameroun reste une démocratie multipartite.

En 1997, le SDF avait remporté 43 sièges à l’Assemblée nationale, cinq ans plus tard, en 2002, cette formation politique n’en obtenait que 22. Pour ce scrutin, le SDF présente 35 listes aux élections législatives contre 85 pour le RDPC. L’occasion est bonne pour reprendre la main, et pourtant le SDF est sur une pente descendante, comme en témoigne la défaite de son leader aux dernières sénatoriales.

Cette opposition pourrait-elle « véritablement disparaître pour qu’on rentre dans une sorte de parti unique de fait ? Ou alors va-t-on assister à une sorte de résistance par rapport à ce qui se donne à voir à l’heure actuelle, c’est-à-dire sa périphérisation constante ? », s’interroge le spécialiste Claude Abé pour l’agence Xihnua.

Vers l’apparition d’une nouvelle classe de dirigeants ?

Cependant, l’âge du président Paul Biya est également à prendre en compte. Ce dernier a déjà longtemps gouverné et à 80 ans, on peut estimer qu’il a fait son temps.

« Il y a une classe politique qui joue son devenir à l’occasion de cette consultation électorale. Ceux qui ont 65 ou 70 ans et plus, il n’est pas sûr que s’ils ne passent pas, ils puissent revenir, eu égard à leur âge avancé », explique Claude Abé.

De nouvelles personnalités politiques pourraient alors avoir le champ libre pour se faire une place au soleil « tout au moins à l’échelle locale », précise-t-il.

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