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Campagne de Sarkozy financée par Kadhafi: quelles preuves?

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Selon l’Express, Nicolas Sarkozy, par l’intermédiaire de son avocat, Me Thierry Herzog, se serait constitué en juillet, partie civile dans la plainte pour « faux » qu’il avait déposée en avril 2012 contre Médiapart. Le site d’Edwy Plenel avait publié document l’accusant d’avoir bénéficié de l’aide financière du leader libyen Mouammar Kadhafi, à hauteur de « 50 millions d’euros », pour la campagne présidentielle de 2007.

Une thèse soutenue par Catherine Graciet

Aujourd’hui c’est au tour de la journaliste Catherine Graciet de soutenir que l’ancien dirigeant libyen a bien versé de l’argent à Nicolas Sarkozy, dans son livre Sarkozy-Kadhafi : histoire secrète d’une trahison, paru le 31 août.

« Beaucoup d’informations vont dans le sens d’un financement occulte », explique-t-elle au quotidien Sud-Ouest. « J’ai par exemple recueilli le témoignage de Tahar, un ancien haut responsable des comités révolutionnaires. Il a été présent à deux moments clés de ce financement. Notamment lors de négociations entre Français et Libyens à l’hôtel Corinthia à Tripoli. Il était également à Syrte en décembre 2006 lorsque, dit-il, Kadhafi a donné l’ordre d’acheminer l’argent. »

Dans une interview diffusée fin juin dans le magazine « Complément d’enquête » sur France 2, l’ex-interprète de Mouammar Kadhafi affirmait, lui aussi, que le dirigeant libyen avait bien versé « une vingtaine de millions de dollars » à Nicolas Sarkozy pour sa campagne en 2007.

Des preuves…

Pour appuyer ses propos, Moftah Missouri montrait aux caméras un document officiel libyen dévoilé par Mediapart le 28 avril 2012 selon lequel le régime de Kadhafi aurait décidé de débloquer une somme de 50 millions d’euros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. « Ça, c’est le document de projet, d’appui ou de soutien financier à la campagne présidentielle du président Sarkozy », expliquait Moftah Missouri. « C’est un vrai document. »

De son côté Catherine Graciet  a recoupé de nouveaux éléments : « La clé des preuves réside dans une vidéo de la réunion de l’hôtel Corinthia où l’on voit trois Français (dont un homme politique qui a changé de discours fin 2006) en train de discuter de l’acheminement de l’argent. J’ai également pu recouper des informations concernant un vol en décembre 2006 de Syrte au Bourget dans lequel Bachir Saleh, l’argentier du régime, convoyait 30 millions d’euros », explique toujours pour Sud-Ouest. Une vidéo qu’elle affirme ne pas avoir vu et qui aurait été dupliquée en trois exemplaires.

Et si Saïf al-Islam Kadhafi avait dit vrai ?

Mais où sont donc ces vidéos ? Selon la journaliste, c’est le fils de Kadhafi, Seif al-Islam, qui les a confiées à un ami d’enfance avant de prendre la fuite. Ce même fils qui déclarait en mars 2011 détenir les preuves du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par son pays.

 « Il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale », expliquait-il sur Euronews. «  C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. la première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu’il œuvre pour le peuple libyen, mais il nous a déçus. Rendez-nous notre argent. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement. »

Une trahison en somme

Pour Catherine Graciet – et c’est là la thèse de son livre – après cette interview, « il y a eu une violente dispute avec son père », explique-t-elle. « Kadhafi était dans un état second, il s’est rendu compte très tard de ce qui se passait. Il a longtemps cru que Sarkozy n’irait pas jusqu’au bout et qu’il pourrait installer son fils au pouvoir. » Kadhafi trompé par Sarkozy… La voilà la triste affaire.

« Aujourd’hui, beaucoup d’anciens kadhafistes veulent témoigner sur ce qu’ils ont vu et entendu, d’autant qu’ils ont le sentiment d’avoir été trahis », a-t-elle lancé au Point. « Pour moi, quand on prend de l’argent et qu’on renverse ensuite celui qui l’a donné, cela s’appelle une trahison ».

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