Site icon La Revue Internationale

Ces propos sur les Roms que certains élus s’autorisent sans complexe

camp-roms.jpgcamp-roms.jpg

[image:1,l]

Ce mercredi 18 septembre, Nathalie Kosciusko-Morizet déclarait sur le plateau d’iTélé qu’elle souhaitait restaurer les arrêtés anti-mendicité « agressive » dans la capitale. Répondant à Christophe Barbier qui lui faisait remarquer que ces arrêtés « harcèlent les Roms », elle s’est exclamé : « Attendez, on va harceler les Roms ? Pour le moment qui harcèle qui ? Vous avez l’impression qu’on harcèle beaucoup les Roms ? Parce que moi j’ai l’impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens ! Il faut remettre les arrêtés anti-mendicité agressive tout simplement pour que la police puisse avoir des bases légales pour les contrôles d’identité et pour pouvoir travailler. »

Une banalisation des attaques

Le 22 août dernier, l’hebdomadaire Valeurs actuelles titrait : « Roms, l’overdose ». Si cette une a créé la polémique sur les réseaux sociaux, la rédaction s’est défendue en affirmant que cette prise de position n’était pas la sienne mais celle des Français : « La couverture reflète le sondage réalisé par l’institut Harris-Interactive. Le directeur de cet institut, Jean-Daniel Levy, a lui-même été extrêmement surpris du rejet par les Français de cette communauté, tant à gauche qu’à droite. Nous n’avons fait que retranscrire en couverture les résultats éloquents de cette enquête », a expliqué la rédaction à L’Express.

« La une de Valeurs actuelles est indigne, anti-républicaine et incite à la violence xénophobe contre une catégorie de la population. Les valeurs nauséabondes qui y sont véhiculées n’ont rien d’actuel, elles sont anti-républicaines », a écrit le PS immédiatement dans un communiqué. « Cette une est la manifestation d’une campagne politique intolérante et intolérable. Nous mettons en garde contre la banalisation de ce type de campagne et d’idées contre lesquelles le PS a décidé de lancer l’offensive. Halte à l’overdose xénophobe ! »

Reflet d’une exaspération

Tout ceci n’a pas suffi à calmer les ardeurs de certains élus qui sont allés encore plus loin. « Si un Croisien commet l’irréparable » à l’encontre d’un Rom, « je le soutiendrai », a déclaré le maire de Croix (Nord), Régis Cauche, samedi, selon La Voix du Nord. Ce lundi, l’élu a cependant tenu à nuancer ses propos : « Je sens une population qui est aux aguets et qui, je crains, peut commettre des choses très graves en légitime défense. Moi, je ne défendrai que des gens en légitime défense. »

Lui aussi a préféré se cacher derrière l’exaspération des habitants de Croix : « Ils ont vu arriver ces populations qui sont en train de piller tout ce qu’il y a autour d’elles et je suis obligé de mobiliser ma police municipale pour empêcher l’accès de nouvelles caravanes. Il faut arrêter. » Et de lancer un appel : « La situation est telle dans la ville aujourd’hui qu’il y a un rejet de tous les Croisiens par rapport à cette population. Si demain il y a une action, on cherchera la responsabilité. Ces gens qui se voient violer leur terrain, qu’est-ce qu’ils vont faire ? Je n’en sais rien. Mais j’alerte, il y a un risque. »

A cela s’ajoutent les « délicieux » propos de Jean-Marie Le Pen qui qualifiait, en juillet, la présence de Roms à Nice d’ « urticante » et « odorante »…

Quelles limites ?

Comment un élu en arrive-t-il à tenir de tels propos ? N’y a-t-il pas de solution politique pour calmer cette exaspération ? Pour prendre en compte la colère des gens mais avant tout stopper ces attaques verbales qui pourraient, un jour, être prises au pied de la lettre ?

« Il est temps de mettre fin aux appels à la haine et aux discriminations, agressions et violences qu’ils entraînent contre les gens du voyage et les Roms étrangers, victimes des mêmes représentations stigmatisantes et des mêmes stéréotypes éculés », s’est inquiété l’Union française des associations tziganes (UFAT), qui annonçait, le 9 septembre dernier, des poursuites en justice contre le maire de Nice, Christian Estrosi, qu’elle accuse de « provocation à la haine raciale » pour ses propos tenus contre les Roms et les gens du voyage.

En mai dernier, la Commission européenne demandait aux États membres de respecter leur engagement de garantir l’égalité et de redoubler d’efforts en vue d’une meilleure intégration économique et sociale des 10 à 12 millions de Roms que compte l’Europe. « Les États membres, surtout ceux qui ont une importante communauté rom présente sur leur territoire, doivent promouvoir avec vigueur et célérité l’égalité d’accès des Roms à l’éducation et au marché du travail », déclarait Viviane Reding, vice‑présidente et commissaire chargée de la Justice. Reste à savoir si les Roms se sentent prêts à s’intégrer dans la société…

Quitter la version mobile