La Cour Suprême chinoise vient de porter un nouveau coup aux internautes ce lundi 9 septembre. Elle a annoncé des mesures visant à lutter contre la diffusion des « rumeurs » sur Internet. Une personne à l’origine de la diffusion d’une « fausse nouvelle » forwardée plus de 500 fois ou ayant été lue au moins 5 000 fois sera désormais passible de trois ans de prison et de sanctions politiques. De nouveau, la liberté d’expression au sein de la deuxième économie mondiale se trouve entravée.
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Les autorités chinoises ont décidé de tordre le cou aux rumeurs et fausses informations qui circulent sur Internet. Leurs auteurs sont maintenant passibles de trois ans de prison et de privation de ses droits politiques si la rumeur est diffusée plus de 500 fois ou lue au moins 5 000 fois. Inutile de préciser que dans ce pays qui comptait 564 millions d’internautes fin 2012, ces chiffres sont très vite atteints sur Internet…
De plus, la diffusion de fausse nouvelle pourra être qualifiée de « cas grave » si elle nuit à la santé mentale ou si elle pousse au suicide ou à l’automutilation de la personne visée par cette rumeur.
Une blogosphère rebelle et moqueuse
Ces nouvelles directives ont suscité moult sarcasmes dans la blogosphère chinoise. Cette dernière n’a d’ailleurs pas hésité à piéger les autorités chinoises en utilisant leurs propres erreurs.
Un internaute a notamment diffusé sur le réseau social chinois Weibo, la capture d’écran d’un quotidien local qui avait repris la bévue de l’agence de presse officielle chinoise Xinhua commise dimanche dernier. Elle avait en effet annoncé par erreur qu’Istanbul serait la prochaine ville d’accueil des JO de 2020, au lieu de Tokyo qui a été finalement désignée.
Le juriste chinois He Weifang, l’un des tribuns les plus actifs du Web sur les sujets relatifs au système judiciaire, a également fait semblant de supplier les internautes de ne pas reprendre son message « Laissez-moi une chance de rester envie ! »
La Grande Muraille pare-feu de Chine
Fidèle à la tradition politique chinoise – où Twitter, Facebook et YouTube sont déjà interdits -, cette nouvelle mesure renforce l’arsenal répressif contre la liberté d’expression sur Internet, et bâillonne un peu plus les réseaux sociaux. En mars dernier, plus de 1 000 internautes avaient déjà été arrêtés et des centaines de milliers de messages ont été supprimés sur Internet par les autorités chinoises.
Les moteurs de recherche internationaux et nationaux ne sont pas non plus épargnés par la censure. D’après Reporters sans frontières, Pékin bloquerait l’accès de 500 mots tabous, comme « Tibet ». Tout ce qui traite de la révolution culturelle ou de la pornographie est également concerné.
Des sanctions qui ne se sont pas fait attendre
Dès août dernier, en prévision des nouvelles directives, de nombreuses perquisitions et interpellations ont eu lieu en Chine – à commencer par celle du millionnaire très apprécié Charles Xue, pour « rapports avec des prostituées ». Suivi par 12 millions de personnes sur Weibo, le réseau social chinois, il est très apprécié par les internautes pour ses messages réformistes sur des sujets dits sensibles. Il avait notamment alerté sur les trafics d’enfants en Chine.
Tous les grands comptes de Weibo suivis par des centaines de milliers de personnes, dits « VIP », ont d’ailleurs été invités par les autorités chinoises à montrer l’exemple en respectant la loi en ligne.
La Cour Suprême est allée encore plus loin avec cette mesure répressive, en y englobant toutes les publications – y compris véridiques – qui conduiraient à des manifestations massives, des émeutes politiques ou religieuses, ou qui nuiraient à l’image de la Chine à l’étranger…