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Comité national d’éthique: de nouvelles nominations politiques

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Ces nouvelles nominations au Comité consultatif national d’éthique ne sont certainement pas dues au hasard. A l’heure où le CCNE doit se prononcer sur des sujets de société aussi sensibles que l’euthanasie ou l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, Le Monde révélait ce samedi l’identité des principales nominations qui vont intervenir au sein de ce conseil. En tout, ce sont vingt-deux personnalités qui ont été nommées au Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), selon un arrêté publié, dimanche 22 septembre, au Journal officiel.

« L’institution, renouvelée par moitié tous les deux ans, va accueillir des personnalités comme l’avocat et ami du président Hollande Jean-Pierre Mignard, Jean-Marie Delarue, proche de la gauche, qui, en tant que contrôleur général des lieux de privation de liberté, a notamment alerté sur le délabrement de la prison des Baumettes. Ou encore la sénatrice PS Michelle Meunier, qui a fait des propositions en faveur des droits des transsexuels », indique le quotidien du soir. Michelle Meunier était, par ailleurs, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales du Sénat pour la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels et s’est  déclarée favorable à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes.

Plus aucun religieux ne va y siéger

Comme le remarque Le Monde, « plus aucun religieux ne fera partie du comité » : un pasteur est remplacé par l’historienne Marianne Carbonnier-Burkard et un rabbin par le neurologue Lionel Naccache. Cependant, le théologien Xavier Lacroix continuera à représenter le « courant de pensée » catholique, et le philosophe Ali Benmakhlouf le courant islamique.

« Prendre des personnalités civiles et non des personnes inscrites dans la hiérarchie religieuse est une bonne chose, car ces dernières finissent toujours par engager leur religion dans le débat », a estimé Didier Sicard, qui a présidé le CCNE de mars 1999 à février 2008, dans Le Monde.

Un avis que tous ne partagent pas : « On veut faire payer aux représentants religieux leurs positions plutôt hostiles au mariage pour tous. En les écartant de la réflexion sur des questions de société, le gouvernement impose une vision de la laïcité fermée au risque d’appauvrir le débat », dénonce, dans le Figaro, le pasteur Louis Schweitzer, par ailleurs professeur d’éthique et de spiritualité à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine.

Des personnalités proches de la majorité

Ces nominations sont les premières depuis l’élection de François Hollande. Le CCNE est renouvelé par moitié tous les deux ans, le mandat de chaque membre dure quatre ans et peut être renouvelé un fois. Si le nombre de nouveaux membres excède largement celui des renouvellements obligatoires, on peut s’interroger sur la volonté politique de ces nominations. « Je n’y vais pas en tant que socialiste ou en tant que chrétien », explique Jean-Pierre Mignard. « Je ne suis pas facilement classable et je revendique une liberté totale. » Et d’ajouter : « Toutes les personnes qui me connaissent savent que la docilité n’est pas la première de mes qualités. J’ai effectivement des opinions. Mais il faut accepter de voir évoluer ses propres positions une fois confrontées à celles des autres. C’est tout l’intérêt de ce travail en collégialité ».

« Le président nomme traditionnellement quelqu’un de sa majorité », explique-t-on dans l’entourage du président du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui a nommé la sénatrice Michelle Meunier. « On n’allait pas choisir un élu qui n’est pas sur notre ligne ! Il est normal qu’une politique ait des convictions. » De son côté, le député UMP, Jean-Jacques Guillet, a dénoncé « le sectarisme de la gauche » sur son compte Twitter : « Nouvelle composition du Comité national d’éthique: le sectarisme de la gauche à l’œuvre. » Les lignes vont-elles désormais bouger ?

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