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Crise au Portugal, où en est-on réellement?

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Le Portugal, qui vit sous l’assistance de la troïka depuis 2011, voit enfin sa situation économique s’améliorer. Si tout n’est rose, le bout du tunnel se rapproche cependant pour le pays.

Des signes encourageants

Les efforts entrepris par le pays depuis deux ans semblent enfin porter leurs fruits. Le Portugal a réussi, le 23 septembre, à  rembourser 5,6 milliards d’euros d’obligations. Le porte-parole du parti conservateur au pouvoir, Marco Antonio Costa, a indiqué à ce sujet que ce règlement avait permis « de baisser de plus de 3 points le ratio d’endettement du pays. » Il n’a d’ailleurs pas hésité à parler de « jour historique. » La dette représentait 130,9 % du PIB en juin.

Après deux années de récession, le pays a renoué au deuxième trimestre avec la croissance. Celle-ci atteint même 1,1 % du PIB sur la période. Le gouvernement a par ailleurs annoncé que sur les six premiers mois de l’année, ses recettes fiscales ont augmenté de 6,3 %.

Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, il n’y a pas de dérapage du déficit. Il a été ramené à 4,79 milliards d’euros fin août, contre 5,21 milliards fin juillet. Le plan d’aide avait fixé une limite de 7,3 milliards d’euros pour septembre.

Un plein retour sur les marchés financiers encore difficile

Si le porte-parole parole du PSD, n’a pas hésité à parler de « jour historique » en évoquant le 23 septembre, pour l’opposition, le son de cloche est tout autre. On parlait davantage d’une « journée noire », puisque le pays n’a pu faire son plein retour sur les marchés financiers. Pour rappel, l’ancien ministre des Finances, Vitor Gaspar, avait indiqué que le retour du Portugal sur la dette de long terme était fixé au 23 septembre. Il était ensuite revenu sur cette date, le fixant pour juin 2014.

Le retour du pays sur les marchés financiers est donc prévu pour au début de l’été 2014, date à laquelle le plan d’aide du pays prend fin. Ce dernier avait été accordé en mai 2011, et portait sur un prêt de 78 milliards d’euros conditionné à l’application d’un plan de rigueur.

Les perspectives économiques du pays demeurent incertaines, ce qui jette évidemment le trouble sur l’éventuel plein retour sur les marchés financiers de Lisbonne. Ces dernières semaines, le Portugal a subi une remontée importante de ses taux d’emprunt à court terme. En début de semaine, le premier ministre concédait « qu’avec des taux d’intérêt au-dessus des 7 %, la perspective d’un retour sur les marchés est plus difficile. »

Le même jour que l’audit des compte par la troïka, le 18 septembre, l’agence de notation Standard&Poor’s indiquait avoir abaissé la perspective du pays à « négative », soulignant « l’incertitude quant à la trajectoire de la dette publique. » L’accès plein au marché dans des conditions acceptables ne semble pas encore d’actualité pour le Portugal. 

Les tensions politiques inquiètent

En juillet, le pays a été touché par une crise politique marquante, avec les démissions du ministre des Finances et du ministre des Affaires étrangères. Cette crise est bien sûr encore dans tous les esprits, et particulièrement ceux des investisseurs. L’impact sur les taux d’emprunt est évident. Les taux à 10 ans se sont envolés en juillet pour approcher des 8 %.

Les craintes des investisseurs ont été renforcées fin août, lorsque la Cour constitutionnelle a rejeté une nouvelle mesure d’austérité visant à alléger les entraves au licenciement des fonctionnaires. Autre preuve que le pays est encore loin de pouvoir se financer uniquement sur les marchés financiers sans compromettre sa relative stabilité financière et les efforts qui ont été faits depuis l’accord du plan de sauvetage.

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