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De Chirac à Sarkozy: le parcours politique sans faute de NKM

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Des bancs de Polytechnique à la table du Conseil des ministres, de la Chiraquie à la Sarkozie, de la mairie de Longjumeau à l’Hôtel de Ville de Paris, Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye retracent le parcours et tentent de mettre à jour la personnalité de cette jeune quarantenaire aux ambitions assumées, qui, d’ores et déjà, a su troquer son nom à rallonge contre un acronyme reconnu.

Pour comprendre NKM, les jeunes journalistes ont interrogé ceux qui connaissent – ou prétendent connaître -, de plus ou moins longue date, Nathalie Kosciusko-Morizet, camarades de promo et amis, collègues ou collaborateurs, alliés et adversaires politiques. L’intéressée, nous dit-on, avait accepté de les rencontrer avant de se rétracter, agacée par les premières questions qui lui auraient été adressées. Une pratique de « bonne guerre » qui ne saurait suffire à invalider la tentative des auteurs.

Extrait de NKM, La femme du premier rang de Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye

Elle a beau savoir ce qu’elle doit à Jacques Chirac, la jeune ambitieuse ne souhaite pas non plus insulter l’avenir à l’aube de sa carrière. Très tôt au cours du quinquennat, elle a prêté allégeance à Nicolas Sarkozy. La députée se reconnaît en ce ministre si énergique et volontaire, dont elle partage l’ambition décomplexée et une certaine forme de franc-parler. Les styles diffèrent pourtant. C’est l’opposition entre la bourgeoisie traditionnelle et les nouveaux riches bling-bling, ces deux faces d’un même département, les Hauts-de-Seine, dont ils sont tous deux originaires. Son père, François Kosciusko-Morizet, connaît Sarkozy pour avoir siégé avec lui au Conseil général. Mais c’est un autre de ses proches, Jérôme Peyrat, qui va jouer un rôle décisif dans leur rapprochement.

L’ancien collaborateur de Jacques Chirac à la mairie de Paris, puis à l’Élysée, a été placé au poste de secrétaire national aux fédérations de l’UMP. À ce titre, il engloutit la carte des sous-préfectures du pays et se promène d’hôtels du cheval blanc en places de l’église. Cet énarque affable, élu du Périgord, affectionne le contact avec le terrain et le travail de l’ombre. Très tôt, il sent que Nicolas Sarkozy emporterait sans peine un scrutin interne à l’UMP. Peyrat glisse alors ses observations à son amie Nathalie Kosciusko-Morizet, avec laquelle il est resté proche depuis la campagne présidentielle de 2002. Alors que toute la droite ne s’est pas encore ralliée, Kosciusko fait le choix de soutenir dès 2004 Nicolas Sarkozy. Mais sa préférence s’exprime plus discrètement : il convient de ne pas trop se fâcher avec la chiraquie et, après tout, l’opinion d’une jeune députée de 31 ans n’intéresse pas grand monde. Au creux de l’été, elle s’enthousiasme sur France 2 :

— Nicolas Sarkozy est l’homme du moment pour l’UMP. Il a une grande légitimité, sa candidature est presque naturelle, il en a les qualités, la capacité à emporter l’adhésion. À l’époque ministre des finances, Sarkozy n’est pas encore candidat à la présidence du parti et la bataille fait rage avec les chiraquiens. Jean-Pierre Raffarin puis Michèle Alliot-Marie hésitent à se présenter au nom de la chiraquie. NKM, elle, a choisi son camp. Chantre en 2013 des primaires, elle ne se déclare alors pas très favorable à cette campagne interne, estimant qu’il faut « fédérer » les forces du parti autour de Sarkozy. En clair, se ranger sans broncher derrière le chef.

C’est chose faite le 28 novembre 2004, quand plus de 85 % des adhérents de l’UMP portent à la tête du parti de la majorité l’ancien rebut du RPR. Le président de la République l’a contraint à quitter Bercy, au nom d’une application très personnelle de la règle du non cumul des mandats, mais Sarkozy savoure sa revanche. Aujourd’hui, la machine est sienne et il peut composer autour de lui une équipe fidèle. Jérôme Peyrat est promu directeur général du mouvement. Ce dernier souffle le nom de Nathalie Kosciusko-Morizet au nouveau président pour la faire apparaître dans l’organigramme comme secrétaire nationale à l’Écologie.

— C’est une fille sûre, le conforte Peyrat.

Pour le nouveau président de l’UMP, c’est le moment de faire monter cette spécialiste de l’écologie. Les sondages l’indiquent : la prochaine présidentielle se jouera en grande partie sur ce thème. En la matière, sa probable adversaire socialiste, Ségolène Royal, ancienne ministre de l’Environnement, semble posséder quelques longueurs d’avance. Sous la houlette d’Emmanuelle Mignon, chargée des conventions thématiques du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet a donc pour mission de muscler le discours écolo du futur candidat. Fin 2005, elle organise une grande convention sur l’écologie, pendant laquelle un Sarkozy ambitieux estime possible de résoudre « tous les problèmes » d’environnement en France « d’ici à une génération ».

[image:2,s]Gaspard Dhellemmes est journaliste politique. Frais émoulu du CFJ (promotion 65), il pige pour le site du Journal du dimanche, ainsi que pour le Point.fr, l’Expansion, Rue89 et Hétéroclite. Depuis 2009, il a également écrit comme stagiaire ou pigiste pour Mediapart, les Inrockuptibles, le Soir, La Croix, la Provence

Il a créé en 2012 avec Guillaume Daudin le webdocumentaire Geekus politicus, qui analysait la campagne web de la présidentielle, et a également lancé en 2011, le blog de suivi de l’actualité politique parisienne Paritico.

Olivier Faye est journaliste politique, il travaille notamment pour l’hebdomadaire La Vie, le site Slate.fr et la revue Charles. Il a couvert les élections en 2012 pour le journal La Croix.

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