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Des violences préélectorales en Guinée

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En pleine campagne des législatives prévues dans cinq jours, des violences ont éclaté entre des militants du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) – parti du président Alpha Condé -, et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dirigé par Cellou Dalein Diallo – son principal opposant -, ce lundi 23 septembre dans la capitale guinéenne Conakry. Au bilan : une personne tuée et 51 autres blessées, dont deux par balle, auxquelles il faut ajouter 23 autres légèrement blessées dimanche dernier.

Des centaines de jeunes militants de l’UFDG ont ainsi brûlé des véhicules, commis des vols et pris pour cibles des gendarmes qui tentaient de dégager des barricades de fortune. Les protestataires accusent les partisans du pouvoir d’avoir attaqué la veille le cortège de l’épouse de leur leader, rapporte RFI.

Les élections législatives reportées

Ces violences surviennent à quelques jours des élections législatives qui ont été reportées au 28 septembre, le samedi 21 septembre suite à un accord négocié entre l’opposition et le pouvoir sous la supervision de la communauté internationale, dont l’ONU.

Les élections législatives ont été ainsi décalées de quatre jours, afin de lever le blocage qui persistait sur l’organisation du scrutin. Les doutes de l’opposition se portaient sur la transparence du fichier électoral – doublons, distribution insatisfaisante des cartes d’électeurs, bureaux de vote trop chargés – ainsi que sur les carences de la Commission électorale nationale indépendante (la Céni), jugée trop proche du pouvoir.

Aujourd’hui la Guinée ne peut se passer de ces élections. Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme, explique au journal Le Monde que « Le pays a besoin de ces élections : pour asseoir la légitimité politique du régime, mais également pour des raisons économiques ». L’Union Européenne attend en effet que des élections soient organisées pour débloquer plus de 300 millions d’euros d’aide au développement.

Alpha Condé, un président qui a dû mal à tenir ses promesses

Les législatives auraient dû avoir lieu dans les six mois suivant l’élection du président Alpha Condé en décembre 2010. Il s’y était lui-même engagé le jour de son investiture, se proclamant le « Mandela de la Guinée » et promettant des « élections justes, transparentes et inclusives »Sa position marquait une profonde rupture avec les régimes autoritaires le précédant.

Alpha Condé, docteur d’Etat en droit public à la Faculté de droit de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, a été maintenu en prison pendant vingt mois après le scrutin de 1998. Plusieurs voix de la communauté internationale des droits de l’Homme, dont Amnesty International, s’étaient élevées contre son incarcération. Sa libération, le 18 mai 2001, a marqué un tournant politique important en République de Guinée.

Néanmoins, les élections législatives ont été reportées à de nombreuses reprises, faute de consensus sur leur organisation. Et depuis décembre 2008 – date du coup d’Etat de la junte de Moussa Dadis Camara – les députés n’ont pas été renouvelés.

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