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Dictature de Pinochet: Dalida et Iglesias, «bande-son» de la torture

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Les dix-sept ans de Pinochet à la tête du Chili ont laissé des traces indélébiles dans la conscience des Chiliens. Mais aussi dans l’oreille des dizaines de milliers de personnes torturées pendant la dictature sanglante du général qui organisa un coup d’État il y a quarante ans.

« Les prisonniers du dictateur chilien Augusto Pinochet ont été soumis à une « torture musicale » ininterrompue », rappelle le Daily Mail, qui cite certains des chanteurs pop des années 70 comme Julio Iglesias ou George Harrison dont les chansons étaient utilisées dans les maisons de torture, les camps de concentration et les prisons chiliennes.

En boucle

Selon une récente étude britannique menée à l’Université de Manchester par la chercheuse Katia Chornik, jouer de la musique à un volume élevé pendant les séances de torture aurait augmenté les souffrances psychologiques endurées par les opposants politiques emprisonnés après la prise de pouvoir en 1973.

Selon les témoignages d’anciens prisonniers, la chanson My Sweet Lord de l’ex-Beatles George Harrison, la bande originale du film Orange Mécanique de Stanley Kubrick, Gigi l’Amoroso de la chanteuse italienne Dalida ou encore les chansons du crooner espagnol Julio Iglesias tournaient parfois en boucle pendant des jours dans les salles de torture.

Dommages psychologiques

« Le régime de Pinochet utilisait également la musique pour endoctriner les détenus, comme une forme de punition et de « bande-son » à la torture », explique Katia Chornik au Daily Mail.

Jouées à des volumes extrêmement élevés pendant des jours, les chansons populaires entraînaient des dommages psychologiques et physiques sur les personnes.

La musique comme moyen de résistance

Mais la musique était également utilisée par les prisonniers eux-mêmes comme moyen de résistance. Certains anciens détenus ont expliqué qu’ils utilisaient parfois des radios de poche pour écouter Harry Nilsson ou Cat Stevens, trouvant dans leurs chansons une forme d’encouragement qui les faisait tenir en prison. Dans certains camps moins violents, des prisonniers ont même pu jouer des instruments de musique et organiser des spectacles.

« La musique rassemblait les prisonniers ; c’était une façon de supporter leurs terribles souffrances », explique le Dr Chornik. « Mais la musique était aussi une forme de témoignage. De nombreux prisonniers n’existaient pas officiellement, beaucoup disparaissaient sans laisser de traces et les chansons étaient une façon de se souvenir qui ils étaient et ce en quoi ils croyaient. »

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