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Élections australiennes: les enjeux du duel entre Rudd et Abbott

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Dernier jour de campagne électorale en Australie. Le pays renouvelle samedi l’ensemble de ses députés et la moitié de ses sénateurs, chargés d’élire le nouveau chef du gouvernement. Kevin Rudd, l’actuel Premier ministre et chef du Labour Party, et Tony Abbott, leader conservateur de l’opposition à la tête du parti libéral, ont jeté leurs derniers dés.

Les deux hommes, âgés de 55 ans, doivent également compter sur la présence des Verts australiens de Christine Milne et d’une multitude de petits partis, dont le Parti Wikileaks de Julian Assange, actuellement réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres, et celui du milliardaire australien Clive Power, connu pour avoir dévoilé les plans d’une réplique du Titanic, dont la première croisière est prévue en 2016.

Kevin Rudd fait valoir sa bonne gestion de l’économie

Kevin Rudd surgit sur la scène électorale australienne fin 2006 lorsqu’il prend la tête du parti travailliste. Victorieux aux élections fédérales, le nouveau Premier ministre parvient à maintenir le cap en pleine crise économique mondiale, mais échoue à trouver au sein de son gouvernement une stabilité suffisante. Écarté par la vice-première ministre Julia Gillard en 2010, il finit par prendre sa revanche en juin 2013. Désavouée par son propre parti, l’impopulaire Première ministre australienne démissionne et lui laisse sa place.

Ce revirement lance immédiatement Kevin Rudd dans la course à l’élection. Pendant sa campagne, le travailliste a misé sur une des clés de sa réussite à la tête de son premier gouvernement : l’économie. Grâce aux matières premières dont regorgent les sous-sols australiens et à la forte demande des pays émergents comme l’Inde et la Chine, le Premier ministre a fait valoir la bonne gestion économique de son parti pendant la crise de 2008. L’Australie était alors le seul pays occidental à ne pas sombrer dans la récession.

Mais ces derniers mois ont marqué la fin du « boom » minier et la baisse – relative – de la croissance australienne, estimée au deuxième trimestre 2013 à 2,6% sur un an – contre 3% ces dernières années. Le chômage (5,5%) doit également être revu à la hausse dans les mois qui arrivent. Des défis auxquels le futur Premier ministre devra s’atteler s’il souhaite éviter la chute de l’économie australienne, qui jouit encore d’une bonne santé.

Tony Abbott et la taxe carbone

Face à lui, Tony Abbott, chef du parti libéral, est largement soutenu par le groupe de presse australien de Rupert Murdoch. Connu pour ses dérapages verbaux – « personne n’est le suppositoire de la sagesse » a-t-il déclaré lors d’un discours, au lieu de « dépositaire de la sagesse » – et misogynes – lors d’un dîner de levée de fonds, le menu comparaît l’ancienne Première ministre à « une caille farcie à la petite poitrine et aux cuisses énormes » – le candidat de l’opposition reste favori pour les élections législatives. Les derniers sondages le donnent même vainqueur, créditant son parti de 87 sièges au parlement contre 60 pour le parti de son rival.

Mais c’est peut-être sur la taxe carbone que le vote devra se départager. « Les élections australiennes sont en réalité un référendum sur la taxe carbone », a même déclaré Tony Abbott en début de semaine. Entrée en vigueur en juillet 2012 malgré la promesse du parti travailliste, la taxe, fixée à 16 euros la tonne, était alors le « prix à payer » pour gagner le soutien des Verts il y a un an.

Prêt à supprimer cette taxe impopulaire et à dissoudre le Parlement si les travaillistes s’y opposent, le candidat libéral marque ici un point face à son rival qui, selon les derniers sondages, n’est crédité qu’à 46% d’intentions de vote contre 54% pour Tony Abbott.

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